Longue de 35,6 km, l’antenne pyrénéenne reliant Montréjeau à Luchon va être rénovée sous les auspices de la région Occitanie. L’enquête publique a été ouverte le 5 août. Le coût de cette régénération et mise aux normes, mais sans réélectrification, a été évalué dans un premier temps à 67 millions d’euros et SNCF Réseau a fait appel au bureau d'études TTK, basé à Karlsruhe pour optimiser le devis. Le 13 juillet dernier, la Commission permanente du conseil régional d’Occitanie a validé les conventions du transfert à la région de la gestion de la ligne, permis par la loi LOM adoptée en 2019. Cette possibilité de transfert avait été poussée par l’Occitanie lors de la discussion de ce texte décentralisateur.

La région prendra la gestion de la ligne au 31 décembre prochain

Le transfert de gestion de SNCF Réseau vers la Région sera effectif au 31 décembre prochain.  Il permettra à la région Occitanie d’assurer la maitrise d’ouvrage des travaux. Montréjeau-Luchon a été fermée au trafic voyageurs en 2014 à la suite d’importantes intempéries qui ont fortement endommagé la ligne. Ligne secondaire considérée comme stratégique en raison de sa desserte d’une région touristique, thermale, et à fort potentiel, elle devrait rouvrir en juin 2024, ainsi que l’a confirmé le 18 juillet, au seuil du lancement de l’enquête publique, la Présidente du Conseil régional d’Occitanie Carole Delga.

Luchon vueLuchon, ou Bagnères-de-Luchon, est une ville de 2.300 habitants environ, une population en baisse depuis 1970. Cette ville d'eaux chaudes et souffrées était desservie jusqu'en 2014 par des voitures directes depuis Paris. Après la réouverture prévue en 2024, des liaisons directes au moins depuis Toulouse paraissent indispensables au regard de la valeur touristique et thermale de premier ordre de cette "Reine des Pyrénées", entourée des treize plus importants sommets du massif, parmi lesquels le Pic d'Aneto (3.404m). (Doc. thermes-luchon.fr)

 Cette réouverture ne comportera pas de réélectrification. Trois ans après la suspension des circulations la caténaire, mise sous tension le 2 janvier 1927 par la compagnie du Midi, réseau précurseur en matière d’électrification, a été démontée en raison de la corrosion de ses poteaux nonagénaires. La région Occitanie a choisi expérimenter de futures rames mixtes hydrogène (sur l’antenne non-réélectrifiée)/caténaires (sur Toulouse-Montréjeau).

 L’Occitanie et SNCF Réseau ont engagé des études de modernisation qui ont abouti à un avant-projet et une première évaluation des coûts. Devant l’ampleur des investissements projetés, SNCF Réseau a sollicité en 2019 la société TTK (TransportTechnologie-Consult Karlsruhe GmbH), afin d’apporter un avis argumenté d’experts indépendants, « conforter et compléter les aménagements proposés pour avancer de manière plus consensuelle » vers la phase d’avant-projet.

TTK, spécialisée dans l'infrastructure, l'exploitation, l'organisation de lignes ferrées

Entreprise franco-allemande de conseil spécialisée dans la planification des transports fondée en 1996, TTK apporte son expertise sur des questions techniques, d’infrastructure, d’exploitation, d’organisation ainsi que des analyses économiques et financières en Allemagne et en France. Elle est spécialisée dans les tramways, tram-trains, lignes suburbaines et de banlieue, les études de faisabilité, la conception d’infrastructures, le matériel roulant, les conseils stratégiques...

Luchon Carte postaleCette carte postale ancienne montre l'importance de la gare de Luchon au début du XXe siècle, importance qu'elle conserva avec un Paris-Luchon de nuit jusqu'en 2014, et des TER Toulouse-Luchon. De 1912 à 1965, une ligne de tramway électrique à voie métrique et crémaillère sur 5,65 km avec des déclivités vertigineuses de 250 pour mille, lancé par une filiale de la compagnie du Midi, permettait d'atteindre le plateau de Superbagnères avec cinq haltes. Un télécabines l'a remplacé.

 TTK a repris point par point les aménagements proposés pour remettre à niveau la ligne, ainsi que les coûts induits. Si pour la plupart des points TTK n’a pas remis en cause l’étude préliminaire menée par SNCF Réseau, le cabinet a mis en lumière des pistes d’optimisation. Il a suggéré la valorisation des matériaux déposés et par le renouvellement voie-ballast, l’adaptation des voies de service aux besoins réels, l’optimisation du programme de réouverture des passages à niveaux, l’optimisation technique de certains ouvrages d’art.

 La ligne Montréjeau-Luchon comporte huit ponts ou viaducs sur des cours d’eau (dont trois sur la Garonne), et un seul court tunnel dit de Cap del Mail, long de 69 m. Elle comptait à sa mise en service  neuf gares ou haltes intermédiaires.

Au final l’expertise indépendante effectuée par TTK a permis de réduire l’enveloppe budgétaire d’environ 8 millions d’euros, soit une optimisation de 11,5 % des coûts de l’étude préliminaire, fait savoir le bureau d’études. (1)

Des déclivités de 17 pour mille

 Avec des déclivités de 17 pour mille et dans un contexte de chasse au diesel, Montréjeau-Luchon pourrait devenir une ligne-test pour la technique de propulsion par moteurs électriques alimentés par pile à combustible. Le principe de cette dernière consiste à obtenir une réaction chimique de combustion du dihydrogène et du dioxygène, génératrice d’énergie électrique et d’eau.

 Reste que cette ligne de 35,6 km sera privée de caténaire dans un environnement ferroviaire totalement électrifié. La ligne du pied des Pyrénées Toulouse-Bayonne, sur laquelle elle est branchée, a vu son électrification bouclée dès 1924. Or la réouverture de Montréjeau-Luchon sera d’autant plus fondée qu’elle pourra accueillir des circulations voyageurs directes depuis Toulouse.

Profil de la ligne Montréjeau-Luchon. Avec des déclivités atteignant 17 pour mille, le moteur électrique est recommandé. Son alimentation par pile à combustible (hydrogène) pose les questions de la création d'une station d'alimentation et de stockage et celle du faible rapport entre l'énergie nécessaire pour produire l'hydrogène et le puissance restituée par les moteurs.  

 Sans électrification classique de l’antenne, ce type de train devra être exploité en matériel à hydrogène sur la totalité du parcours Toulouse-Luchon, soit 139,3 km, alimenté par caténaires entre Toulouse et Montréjeau sur 103,9 km, soit les trois-quarts du parcours. D’éventuelles rames tractées à grand parcours, comme celles qui desservaient la station de Luchon depuis Paris jusqu'au milieu des années 2010, devront avoir recours au diesel.

 L’enquête publique est ouverte depuis le 5 août pour s’achever le 9 septembre. Organisée par l’Etat, elle permettra aux habitants, aux futurs usagers, aux collectivités et aux acteurs du territoire de s’exprimer et de formuler un avis sur le projet de réouverture. Elle rendra ses conclusions pour la fin d’année 2022. (2)

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(1) Lien vers le site du bureau d'études TTK:

TTK TransportTechnologie-Consult GmbH - Planungs- und Beratungsunternehmen im öffentlichen Nahverkehr

Entreprise franco-allemande de conseil spécialisée dans la planification des transports, TTK apporte son expertise et son savoir-faire sur des questions techniques, d'infrastructure, d'exploitation, d'organisation ainsi que des analyses économiques et financières.

https://www.ttk.de

(2) L’ensemble des informations pratiques et des modalités de participation seront à retrouver en ligne sur le site internet :