Auch, préfecture du département du Gers, rassemble 25.500 habitants dans sa zone agglomérée et sa communauté d’agglomération (34 communes) en rassemble 39.000.  Jadis au centre d’une étoile ferroviaire à quatre branches au cœur du réseau de la compagnie du Midi, elle n’est plus reliée par rail qu’avec Toulouse, à 88,43 km de la gare Matabiau avec embranchement sur la ligne Toulouse-Bayonne à Toulouse Saint-Agne.

 Cette seule ligne subsistante, d’orientation est-ouest, est exploitée à relativement haute fréquence de Toulouse à Colomiers, à 16,45 km de Matabiau mais principalement à partir de la gare intermédiaire de Toulouse Saint-Cyprien-Arènes, soit sur 6,9 km. Auch devrait prochainement voir réactiver sa liaison ferrée vers le nord et  Agen, si l’on en croit les projets des régions Occitanie et  Nouvelle Aquitaine, soutenues par le gouvernement qui a confirmé par la voie du Premier ministre une participation de l’Etat. Mais seul le fret serait concerné malgré la nécessité d’un remaillage voyageurs lié à l’arrivée de la LGV du Grand projet Sud-Ouest.

Un rôle important pour la périphérie toulousaine

 Assurant un trafic fret de céréales depuis L’Isle-Jourdain, à 41,10 km de Toulouse Matabiau, la ligne Toulouse-Auch affiche des déclivités jusqu’à 25 ‰, assez marquées pour une ligne de région assez plate. Mais l’axe est tracé perpendiculairement à la plupart des cours d’eau nord-sud issus du plateau de Lannemezan au pied de Pyrénées et fut construit à l’économie avec un minimum d’ouvrages d’art.

DSC04628Extrait de la carte du réseau ferré national 2021. L'offre voyageurs ne subsiste qu'autour de la métropole toulousaine, traduisant une extrême centralisation régionale. (Doc. SNCF Réseau)

 La ligne Toulouse-Auch joue un rôle important dans la desserte de la périphérie ouest de Toulouse jusqu’à Colomiers, avec un service baptisé assez pompeusement Métro C alors qu’il est assuré en automotrices thermiques à la fréquence d’un TER péri-urbain. Mais son heureuse intégration tarifaire dans le réseau de transports urbains toulousain peut justifier cette dénomination. Notons par comparaison que pour les gares TER situées sur le territoire métropolitain, Grand Lyon et région Auvergne-Rhône-Alpes par exemple n’ont toujours pas instauré cette communauté tarifaire systématique (Train-tram de l’Ouest lyonnais, diamétrale TER Vienne-Villefranche ou Saint-Etienne-Ambérieu…) allant jusqu’au ticket à l’unité commun.

 A l’horaire 2022, la desserte voyageurs se répartit comme suit en semaine. On compte 11 allers Auch-Toulouse Matabiau sans arrêt intermédiaire entre Colomiers et Toulouse Saint-Cyprien-Arènes. S’y ajoutent 8 allers entre L’Isle-Jourdain et Toulouse Matabiau avec un seul arrêt entre Colomiers et Toulouse Saint-Cyprien-Arènes, à Lardenne. S’y ajoutent encore 23 allers Colomiers-Toulouse Saint-Cyprien-Arènes avec desserte des  quatre stations intermédiaires. La fréquence entre Colomiers et Toulouse Saint-Cyprien-Arènes s’élève donc à 42 allers-retours quotidiens.

Un modeste doublement de la voie, à l’économie

 Cet axe est à voie unique mais a subi deux doublements à l’économie : une section de 1,5 km entre Toulouse Saint-Cyprien-Arènes et la halte du TOEC, mise en service en 2003 dans le quartier de la Cépière sur la commune de Toulouse ; et une section de 3 km entre Saint-Martin-du-Touch et Colomiers. Un hiatus de 1,8 km à voie unique subsiste dont centre la halte du TOEC et Saint-Martin-du-Touch, section dotée de deux ponts-rails, sur l’autoroute A620 et sur le Touch. Le projet de création de la troisième ligne de métro, qui desservira Colomiers, semble avoir bloqué l’avancement du projet de doubler cette courte section et ses ponts.

 De Toulouse Saint-Agne à Colomiers, la ligne est équipée du Block automatique lumineux (BAL). Au-delà de Colomiers vers Auch, la ligne est équipée du block automatique à permissivité restreinte de voie unique depuis 2009, avec trois gares de croisements (Brax-Léguevin, L’Isle-Jourdain et Gimont), signalisation installée simultanément avec une rénovation de la voie unique.

Auch-Toulouse Saint-Cyprien-Arènes en train : 1 h 16 mn pour 79 km ; Auch-Agen en car : 1 h 40 mn pour 68 km

  Auch est reliée à Toulouse Matabiau par un peu plus d’une dizaine d’allers-retours TER en 1 h 33 mn pour 88,4 km et dix arrêts intermédiaires et en 1 h 16 mn avec Toulouse Saint-Cyprien-Arènes pour 79 km. En revanche, la préfecture du Gers est reliée à Agen, préfecture du département voisin du Lot-et-Garonne inclus dans la région de Nouvelle-Aquitaine, par un service routier de voyageurs, celui de la ligne LiO 932. Cette ligne routière affiche 9 rotations quotidiennes Auch-Agen, soit un peu moins que pour Auch-Toulouse par rail, mais en 1 h 40 mn pour 68 km et 14 arrêts intermédiaires.

Layrac-1900Carte postale ancienne représentant les bâtiments de la gare de Layrac, sur la ligne Bon-Encontre-Vic-en-Bigorre. (Doc. Wikipedia) 

 Pourtant une ligne ferrée a relié Auch à Agen. Il s’agissait d’une section de 64,21 km entre la bifurcation de Bon-Encontre, sur la ligne Bordeaux-Toulouse à 5 km à l’est de la gare d’Agen, et Auch. Cette section était partie de la ligne origine Midi Bon-Encontre-Vic-en-Bigorre longue de 129,8 km, qui permettait de relier Agen à Tarbes. Vic-en-Bigorre était  la gare de jonction avec la longue ligne Morcenx-Mont-de-Marsan-Tarbes-Bagnères-de-Bigorre (159 km), neutralisée entre Mont-de-Marsan et Tarbes et entre Tarbes et Bagnères-de-Bigorre. Cette dernière section pourrait être réactivée à l’horizon 2023 à la demande du constructeur de matériel ferroviaire CAF, installé à Bagnères-de-Bigorre.

 Au sud d’Auch, la voie est déferrée. En revanche, la perspective d’une rénovation au nord de la préfecture du Gers est désormais actée mais pour rétablissement du seul trafic fret, supprimé en 2015. Courant mars, le Premier ministre Jean Castex a adressé un courrier aux élus du Tarn-et-Garonne, son département d’origine, pour les assurer que l’Etat s’engageait à cofinancer la rénovation de cette section à hauteur de 5,8 millions d’euros, soit le tiers des 17,5 M€ du devis actualisé. Ce devis avait été évalué dans un premier temps à 7,4 M€. La participation de l’Etat serait incluse dans la Contrat de plan Etat-Région2023-2027.

Pour éventuellement rouvrir Auch-Agen aux voyageurs, l’Etat accompagnera les études

 Mais Matignon ne s’en est pas seulement tenu à la perspective d’une réouverture au seul fret. « J’ai également décidé de faire évoluer la position de l’Etat, afin qu’il accompagne les études en vue d’une éventuelle réouverture au trafic voyageur de la ligne », a-t-il écrit, dans la perspective de l’arrivée de la LGV Sud-Ouest avec raccordement vers la gare d’Agen. On espère que cette « virgule » sera conçue pour permettre l’amorce de TER à Agen-TGV, future gare ex-urbanisée sur la ligne à grande vitesse. Elle permettrait ainsi de reporter l’origine des TER Toulouse-Agen à Agen TGV avec desserte d’Agen Ville, voire de créer des TER Agen TGV-Agen Ville-Bon-Encontre-Auch.

 Le rétablissement d’une offre ferroviaire voyageurs entre Agen et Auch impliquera des travaux plus lourds que pour le seul trafic fret, tant pour la pose d’une voie permettant des vitesses élevées que pour la rénovation de gares, la signalisation et l’adaptation des 49 passages à niveau à des vitesses de trains et des fréquences plus élevées, la création de croisements.

TDS71835Extrait de la carte des réseaux ferroviaires français datée des années 1930. Le maillage, très serré, du grand quadrilatère du Sud-Ouest au sud de la Garonne restait inachevé à l'ouest d'Eauze vers Gabarre, malgré un début de travaux d'infrastructure. (Doc. RDS)

 La section Bon-Encontre-Auch comptait à l’origine 9 stations intermédiaires. Depuis le nord, Layrac (3.700 habitants) et Astraffort (2.100 habitants) sont située dans l’intercommunalité du Pays d’Agen, avec des populations en augmentation. Plus au sud, Fleurance, considérée comme l’une des villes les plus dynamiques du Gers,  affiche près de 6.000 habitants. Elle incluse dans l’intercommunalité de la Lomagne Gersoise qui en compte un peu moins de 20.000, avec une forte activité agricole et agro-alimentaire (silos agricoles, conserverie…) et une industrie de construction mécanique et métallique.

Les deux autres lignes de l’étoile d’Auch sont sorties du patrimoine ferroviaire

 Dans les deux autres directions de l’ancienne étoile d’Auch, à l’ouest vers Eauze (56,8km) et au sud vers Vic-en-Bigorre (65,5km), les lignes ont été retirées du patrimoine du réseau ferré national. Rappelons qu’à Eauze, une section projetée mais jamais achevée jusqu’à Gabarre aurait permis de réaliser une transversale Langon-Auch-Toulouse par l’intérieur de la Gascogne. Il n’en reste pas moins que le maillage de cette vaste région, entre transversale structurante Bordeaux-Toulouse le long de la Garonne et transversale structurante Toulouse-Bayonne du Pied des Pyrénées, fut remarquablement dense, avant d’être dévasté par la politique du tout-routier imposée à partir des années 1930.

2021-02A Toulouse Matabiau, faisceau de voies à quai réservé aux TER du quart Nord-Est toulousain, à l'opposé du bâtiment voyageurs. Une exploitation diamétrale vers Auch impliquerait le franchissement de toutes les voies de la gare Matabiau, qui compte onze voies traversantes. ©RDS 

 Sur la carte officielle du réseau ferré national ne restent plus en activité dans ce secteur: pour les voyageurs et le fret, Toulouse-Auch et Morcenx-Mont-de-Marsan; pour le fret, Castelsarrasin-Beaumont-de-Lomagne, ligne qui de tout temps fut une simple antenne. Les sections Bon-Encontre-Saint-Christie (à 12,8 km au nord d’Auch) et Mont-de-Marsan-Aire-sur-Adour, neutralisées, figurent au titre de projets de renouvellement fret. Les sections Mont-de-Marsan-Roquefort, Aire-sur-Adour-Tarbes et l’embranchement de cette dernière à Riscle jusqu’à Eauze (jadis rejoignant Port-Sainte-Marie sur la transversale Bordeaux-Toulouse) figurent au titre de lignes non exploitées, sans projet de réouverture.

 Nous terminerons en relevant que Toulouse-Auch, isolat thermique dans une étoile toulousaine largement électrifiée, mériterait une électrification en bonne et due forme. Cette remarque est d’autant plus valable que l’établissement de services diamétraux entre la ligne d’Auch et le quart nord-est toulousain, non électrifié (Saint-Sulpice, Mazamet, Rodez, Figeac…), s’il peut paraître séduisant n’en est pas moins utopique. Il impliquerait un cisaillement de toutes les voies à Matabiau, gare déjà riche en cette matière. Un saut-de-mouton semble difficile à insérer dans un plan de voies très contraint. Un service diamétral Castelnau-d’Estrétefonds-Auch (ou Colomiers) impliquerait un cisaillement moins acrobatique mais commercialement concurrent d’une diamétralisation avec la ligne du pied des Pyrénées ou du Languedoc.