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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
31 mai 2020

L’Etat français arrose l’aviation et l’automobile mais ignore les transports publics urbains et ferroviaires : le GART se fâche

 Il flotte dans l’air comme un goût d’ingratitude après la crise du coronavirus. Alors que tous les réseaux de transports publics urbains ont continué de fonctionner pendant l’épisode de confinement obligatoire de mars à mai, et ce malgré une fréquentation homéopathique, le gouvernement français n’avait toujours annoncé aucune mesure de soutien à la fin mai. Pas plus d’ailleurs qu'il ne l'a fait pour le transport ferroviaire, qui a pourtant joué un rôle clé dans l’approvisionnement industriel et marchand ou dans le maintien des TER et TGV. Les autorités responsables des transports publics, réunies dans le GART, ont adressé le 20 mai une lettre indignée au président de la République pour exiger des mesures d’urgence alors que le gouvernement s’est précipité au chevet de l'aviation et de l'automobile *.

 Rappelons que le gouvernement français a accordé 7 milliards d’euros à Air France et 8 milliards d’euros au secteur automobile, comprenant pour ce dernier des aides publiques à l’achat de voitures individuelles.

DSCN1711Rame TFS Alsthom rénovée sur la ligne A du réseau TAG de Grenoble, à Fontaine. Le service fut maintenu pendant tout le confinement pour les quelques personnes qui avaient l'impérieuse nécessité de se déplacer. Depuis la fin du confinement, les règles d'espacement et la phobie sanitaire en limitent l'usage. Surtout, la dépression économique va amputer le Versement mobiité dû par les entreprises aux autorités organisatrices du transport, amputant gravement leur capacité d'investissement, en particulier dans les grandes villes hors Ile-de-France. ©RDS

 Le Groupement des autorités responsables des transports (GART) souligne dans sa missive que « les réseaux de transport public ont largement participé au maintien des services publics pendant la période de confinement ». Ils permettaient ainsi aux salariés des activités maintenues (hôpitaux, agro-alimentaire, pharmacies…) de conserver leur mobilité, malgré la quasi-absence de recettes commerciales. Dans certaines villes, la réseau avait même été rendu gratuit. La lettre du GART relève que « les conditions du déconfinement laissent penser que, si l’offre de mobilité va rapidement retrouver son niveau d’avant la crise, la fréquentation mettra, quant à elle, de très nombreux mois avant de retrouver son niveau antérieur. »

La déficit de ressources totaliserait quatre milliards d’euros, selon le GART

 Ainsi, les collectivités locales « vont donc faire face, très rapidement, à un déficit de ressources qui va se chiffrer, à la fin de l’année en cours, à près de deux milliards d’euros en termes de versement mobilité et à plus deux milliards d’euros pour ce qui est de la baisse des recettes tarifaires », soit  un total de 4 milliards d’euros. Le Versement mobilité, taxe versée par les employeurs, représentait avant la crise « le tiers des ressources pour financer le transport du quotidien en Île-de-France et près de la moitié en province ». Sa forte réduction liée, après la paralysie de l’économie, à l’explosion du chômage et des cessations d’activités, va donc frapper en premier lieu les réseaux des villes hors Ile-de-France, déjà les moins bien dotées en aides d’investissement de la part de l’Etat.

 Le GART  estime que « cette ressource est vitale pour les autorités organisatrices et « qu’il n’y a pas d’autre issue que d’en compenser intégralement la baisse qui est directement la conséquence de la crise sanitaire ». Il rappelle qu'il n'y aura de reprise économique sans transports publics performants, pas plus que de « tournant écologique ». Or à ce jour, ni les réseaux de transport urbain ni les réseaux ferroviaires régionaux (TER, Francilien), ni l’exploitant dominant qu’est la SNCF n’ont eu droit à la moindre promesse, ni à la moindre reconnaissance verbale.

L’obligation d’espacement dans les trains a handicapé l’usage et imposé des compositions maximales

DSCN2993

Quelques jours après le déconfinement sur l'axe magistral languedocien Avignon-Perpignan - ici à Montpellier-Saint-Roch -, composition maximale de trois AGC ex-Languedoc-Roussillon. SNCF et région Occitanie ont dû proposer des capacités supplémentaires pour compenser l'obligation de distanciation physique dans les trains... qui ne s'appliquait pas dans les avions. ©RDS

 De même que les réseaux urbains, les réseaux ferroviaires régionaux ont maintenu une activité minimale de service public de première nécessité, telles les principales lignes de TER. Les TGV ont circulé en mode ultra-déficitaire bien que réduit. A la suite du déconfinement, l’obligation de distanciation physique dans tous les trains (comme dans les tramways ou bus urbains) pendant près de quatre semaines a handicapé l’usage tout en imposant à l’exploitant de faire circuler des compositions maximales, soit les rames les plus longues possibles. Fait troublant, cette obligation de distanciation (un siège sur deux condamné), n'a pas été imposé au transport aérien.

  Créé en 1980, GART compte 285 adhérents, autorités publiques organisatrices de transport sur leur territoire : 195 autorités organisatrices de transport urbain (AOTU, intercommunalités, syndicats intercommunaux tels le Sytral lyonnais ou le SMMAG grenoblois), 66 départements, 23 régions en charge des transports publics hors agglomérations, et le Syndicat des transports d’Île-de-France (Stif). Le président du GART est Louis Nègre, sénateur (LR) des Alpes-Maritimes et maire de Cagnes-sur-Mer.

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(*) Lien vers la lettre ouverte du GART à la présidence de la République.

Covid-19 : le GART alerte le président de la République face aux difficultés financières des AOM

Alors même que les réseaux de transport public ont largement participé au maintien des services publics pendant la période de confinement, les conditions du déconfinement laissent penser que, si l'offre de mobilité va rapidement retrouver son niveau d'avant la crise, la fréquentation mettra, quant à elle, de très nombreux mois avant de retrouver son niveau antérieur.

https://www.gart.org

 

 

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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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