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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
26 juin 2022

Ardèche sans trains de voyageurs depuis 40 ans : 1 - d’un dense réseau ferré à la réduction du département au tout-routier

Le département de l’Ardèche, peuplé de 328.000 habitants, est réputé pour être depuis 1973 le seul département privé de toute desserte voyageurs par voie ferrée.  Cette année-là, les quelques autorails qui reliaient Lyon à Nîmes par la ligne de la rive droite du Rhône cessaient de fonctionner, soulevant un concert de protestations de la part des populations concernées et des cheminots. Mais cette suppression de services était le dernier acte d’une longue liste de fermetures qui firent de l’Ardèche, département aux dessertes ferroviaires relativement denses, un département exclusivement desservi par la route.

 Car l’ancienne province languedocienne du Vivarais avait été équipée de trois réseaux ferrés distincts mais remarquablement maillés, qui ne laissaient que de rares territoires hors de leur portée. Même le célèbre col de l’Escrinet, entre deux des principales villes de l’intérieur du département, Privas et  Aubenas, qui culmine à 789 m et sépare les bassins méridionaux et centraux, fut franchi par une voie ferrée, celle des Tramways de l’Ardèche.

Premier groupe de lignes, le réseau PLM puis SNCF : Le Teil-Alès, Privas, Peyraud-Firminy

 Le premier de ces réseaux ferroviaires était celui du PLM, puis de la SNCF, soit des lignes à voie standard de 1,435 m et au gabarit du réseau ferré national.

Le Teil-Alès.-Au sud, il était constitué, de l’axe Le Teil-Alès, long de 99,48 km et à voie unique. Sa partie proprement ardéchoise courait du Teil, jonction avec la ligne de la rive droite du Rhône, aux environs de Saint-Paul-le-Jeune, soit 62,4 km. En son centre, à Voguë, se détachait une antenne de 18,85 km rejoignant Lalevade. Elle desservait Aubenas, dont l’aire urbaine affiche aujourd’hui la plus forte population du département avec 59.000 habitants, devant Annonay au nord (45.300 habitants), Tournon (32.100 habitants) et Privas la préfecture (20.600 habitants). Cette antenne devait devenir un élément d’une future ligne rejoignant Le Puy, dont la construction fut entamée mais jamais achevée.

DSCN1128Vue générale de la gare d'Alès en 2021. L'importance du faisceau de voies et des bâtiments trahit celle de l'activité passée: un  trafic charbonnier intense mais aussi une offre voyageurs en étoile, en particulier vers la ligne du Teil  (Bessèges, Voguë) et le sud de l'Ardèche.  ©RDS 

 Une sous-antenne  de la ligne Voguë-Lalevade se détachait à Saint-Sernin pour rejoindre Largentière. Longue de 12,9 km, elle permettait d’écouler les produits miniers de cette dernière localité, du plomb argentifère.

 Ce réseau méridional totalisait 17 gares ou stations sur le territoire de l’Ardèche. Il permettait entre autres de relier par le chemin de plus court la moyenne vallée du Rhône (Valence) au bassin minier du Gard (Alès) via la jonction rive droite-rive gauche du Rhône reliant La Voulte (Ardèche) à Livron (Drôme). Les services voyageurs étaient exploités après-guerre en deux sections: Le Teil-Voguë-Aubenas-Lalevade et Voguë-Alès. Un voyage Aubenas-Alès imposait un changement à Voguë. Ces services ont été supprimés en 1969. Ceux de la sous-antenne Saint-Sernin-Largentière avaient été supprimés dès 1938. Le fret a progressivement disparu jusqu’en 1988 avec la fin des trains de produits miniers au départ de Largentière.

 Rive droite du Rhône.- A l’est, sur la rive droite du Rhône court la ligne à double voie électrifiée Givors-Grézan, toujours en service mais exclusivement consacrée au fret depuis 1973. Longue au total de 254,46 km, sa partie proprement ardéchoise affiche 135 km, des environs de Saint-Pierre-de-Bœuf (Loire) au nord, à ceux de Saint-Just-Saint-Marcel (Ardèche) au sud. Sur le territoire de l’Ardèche, elle a desservi jusqu’à 24 gares ou stations ouvertes aux voyageurs. A l’époque de sa pleine exploitation, elle servait non seulement d’axe nord-sud mais aussi d’amorce ou de transit vers des lignes affluentes.

 Il convient de relever que cette ligne de la rive droite du Rhône est parallèle et souvent proche de celle de la rive gauche, au trafic TER actuel nourri. Parfois les localités jadis desservies par la ligne de la rive droite font partie de la même grande aire urbaine que la commune desservie par les TER de la rive gauche : Villeneuve-lès-Avignon-Avignon, Pont-Saint-Esprit-Bollène, Bourg-Saint-Andéol-Pierrelatte, Le Teil-Montélimar,  Saint-Peray-Valence, Tain-Tournon et, plus au nord, Sainte-Colombe et Saint-Romain en Gal-Vienne… Il n’en reste pas moins que l’absence d’offre voyageurs sur la rive droite impose des parcours d’approche qui peuvent être dissuasifs alors que les gares de la rive droite sont situées au cœur des communes desservies.

TDS71835Carte de 1930 figurant les réseaux ferroviaires de l'Ardèche cette année-là. On remarque que le réseau des Tramways de l'Ardèche est déjà réduit à sa seule ligne Valence-Saint-Péray-Vernoux, en voie de liquidation. En gras les lignes PLM, en traits fins les lignes des réseaux secondaires. (Extrait par RDS)

 Outre l’axe Le Teil-Alès, s’embranchaient sur la ligne de la rive droite du Rhône deux autres lignes du réseau ferré national.

Le Pouzin-Privas.- Au Pouzin, à 25 km au nord du Teil, s’embranchait vers l’ouest une antenne rejoignant Privas, la préfecture du département. Longue de 21,21 km à voie unique et affichant des déclivités de 15 ‰, elle a été transformée en voie verte pour déplacements réputés « doux », tandis que tous les déplacements scolaires ou professionnels sont concentrés sur la route parallèle, elle aussi en forte déclivité. Son service voyageurs a été supprimé dans la première vague démantèlement opérée par la toute jeune SNCF, en décembre 1938. Les marchandises ont subsisté avant de disparaître fin 1989. La ligne desservait 4 gares (hors Le Pouzin).

 Saint-Rambert d’Albon-Firminy.- A Peyraud, à 66 km au nord du Pouzin, transitait la ligne reliant Saint-Rambert d’Albon (Isère), sur la rive gauche du Rhône à Firminy, à l’ouest de Saint-Etienne, via Annonay, Bourg-Argental et Dunières. Longue de 84,26 km, cette ligne dont il ne demeure plus que le franchissement du Rhône (2 km) entre les deux axes à double voie nord-sud demeurés en service, était un prodige de conception. Avec des déclivités atteignant 30 ‰, elle passait de 141 m d’altitude à Peyraud à 917 m à son point culminant, en 48 km.

ArdècheCarte postale ancienne de la gare d'Annonay. Cet établissement disparu avait vu arriver, le 4 août 1944, un train venu de Marseille emportant 70 prisonniers que l'occupant allemand comptait envoyer en Allemagne. Le convoi avait été détourné par la Résistance en gare de Peyraud depuis la ligne de la rive droite du Rhône vers celle grimpant vers Firminy. Des combats autour du convoi eurent lieu en gare entre soldats américains et résistants ardéchois d'une part, soldats allemands de l'autre. Trois prisonniers furent tués, les 67 autres libérés. Aujourd'hui Annonay ne dispose plus que d'une gare routière. 

 A proximité de Bourg-Argental (Loire), elle affichait un tracé hélicoïdal sur environ 4 km. La boucle de la voie unique passait au-dessus du tunnel ferroviaire de l’Homme, long de 973 m, avant de franchir cinq autres tunnels d’environ 300 m de longueur chacun pour atteindre  Saint-Sauveur-en-Rue puis son point culminant par son plus long tunnel (2.392 m), sous le col du Tracol séparant Loire et Haute-Loire.

 La partie proprement ardéchoise de cette ligne courait du franchissement du Rhône et Peyraud jusqu’à Saint-Marcel-lès-Annonay, soit 26 km. Elle desservait 5 gares ou stations sur le territoire du département. Son service voyageurs a progressivement disparu en Ardèche de 1940 (Dunières-Annonay) à 1958 (Annonay-Peyraud) avec suppression de l’autorail quotidien Annonay-Saint-Rambert d'Albon. La courte section de franchissement du Rhône Peyraud-Saint-Rambert-d’Albon a vu circuler quelques autorails jusqu’en 1973, année de fermeture aux voyageurs de la ligne de la rive droite du Rhône. La section ligérienne Dunières-Firminy fut fermée aux voyageurs en 1991.

 Le service marchandises a progressivement disparu de la ligne Saint-Rambert-d’Albon-Firminy de 1953 (Riotord-Bourg-Argental) à 2003 (Firminy-Dunières). La section proprement ardéchoise Bourg-Argental-Peyraud perdit ses trains de fret  en novembre 1987, privant Annonay de toute desserte marchandises par voie ferrée malgré la présence de plusieurs sites industriels. La section Bourg-Argental-Peyraud a été officiellement fermée (déclassée) en 1989.

275 km de voies ferrées et 50 gares du RFN en Ardèche, sans la Transcévenole inachevée

 Au total donc, le réseau ferré national offrit à l’Ardèche, à son plus grand développement, 275 km de voies ferrées qui desservaient le département en quatre groupes : la ligne de la rive droite du Rhône à l’est, l’étoile de Voguë (Le Teil-Alès…) au sud, Le Pouzin-Privas au centre, Peyraud-Firminy au nord. Les services de ces lignes étaient accessibles au moyen de 50 gares et stations ouvertes aux voyageurs. Ces chiffres eussent été augmentés de 58 km et 10 gares ou stations si la ligne Le Puy-Lalevade, dite « Trancévenole », avait été mise en service. Cela eût porté le réseau principal en Ardèche à 333 km et 60 gares, ce qui eût été considérable pour un seul département essentiellement rural.

 La ligne « Transcévenole », dont les travaux furent entamés en 1911, interrompus par la Première Guerre mondiale puis lentement repris, furent stoppés par la SNCF en 1938. Elle eût été longue au total de 93 km, se détachant à Brive-Charensac de la ligne Le Puy-Langogne (fermée depuis) après 3 km de double voie unique.

AubenasGare d'Aubenas. Cet établissement situé sur l'antenne Voguë-Lalevade d'Ardèche aurait pu voir passer des trains en provenance du Puy et au-delà, probablement depuis Paris par Vichy, si la ligne "transcévenole" Le Puy-Lalevade avait été achevée. Mais la SNCF naissante en décida autrement.

 Son profil était exceptionnel avec trois boucles hélicoïdales en son centre sur environ 17 km entre La Gravenne et Thueys, la gare de Montpezat étant à mi-chemin.  Dotée de déclivités maximales de 25 ‰ cette ligne, qui courait sur les hautes terres aux limites de la Haute-Loire et de l’Ardèche à plus de 1.000 m d’altitude, eût permis de passer de l’altitude 262 m à Lalevade à l’altitude 1.044 m à Saint-Cirgue-en-Montagne soit 782 m de dénivelé en moins de 42,5 km.

 Le point haut était atteint un peu plus au nord à 1.078 m dans le long tunnel de Présailles, d’une longueur de 2.626 m. Le souterrain le plus long eût été celui de Saint-Cirgues, qui affichait 3.336 m et était d'un gabarit pour double voie. Il est devenu tunnel routier.

 Deuxième groupe de lignes : le réseau métrique des CFD au nord, entre Rhône et Haute-Loire

 Desservant tout le nord de l’Ardèche et l’est de la Haute-Loire, le réseau à voie métrique du Vivarais de la compagnie des Chemins de fer départementaux se déployait sur 201,3 km, une longueur considérable. Il offrait des correspondances en deux points de la ligne SNCF de la rive droite du Rhône, à La Voulte au sud et Tournon au nord avec, chaque fois, un court parcours à trois files de rails. Depuis chacune de ces deux gares une ligne se développait vers l’ouest montagneux : par la vallée et les gorges de l’Eyrieux au départ de La Voulte jusqu’au Cheylard (47,5 km) ; par la vallée et les gorges du Doux au départ de Tournon jusqu’au Cheylard (52,2 km). Toutes deux se rejoignaient à proximité du Cheylard, gare à partir de laquelle une ligne poursuivait vers le nord-ouest jusqu’à Raucoules et Dunières (61 km). Dans cette dernière gare, le réseau donnait correspondance à la ligne SNCF Saint-Rambert-d’Albon-Firminy.

 A Raucoules s’embranchait une quatrième section du réseau CFD du Vivarais venue de Lavoûte-sur-Loire, longue de 39,4 km. A Lavoûte-sur-Loire, elle offrait une correspondance avec la ligne Saint-Etienne-Le Puy, complétant de remarquable maillage des hautes terres vivaroise.

Ardèche-TRAIN-2017Carte illustrée du parcours exploité par trains touristiques du Chemin de fer du Vivarais entre la proximité de Tournon et Lamastre. (Doc. CFV)

 La section Lavoûte-sur-Loire-Raucoules fut fermée dès avril 1952. Le reste du réseau fut fermé en octobre 1968, au grand dam des populations locales. Une exploitation touristique partielle fut lancée entre à Saint-Jean-de-Muzol à proximité de Tournon (donc désormais sans section commune avec le réseau à voie standard pour laquelle SNCF Réseau demandait un droit de passage exorbitant) et Lamastre, sur la section Tournon-Le Cheylard par les gorges du Doux, soit 33 km. L’exploitant est actuellement l’entreprise Chemins de fer du Vivarais.

 Une autre section, en Haute-Loire, connaît elle aussi une offe touristique, entre Raucoules-Brossette et Saint-Agrève, soit 27 km de l’ancienne section Le Cheylard-Dunières. Elle est exploitée par l’association Voies ferrées du Velay.

 Sur le seul territoire de l’Ardèche, la limite avec la Haute-Loire se situant à proximité de Saint-Agrève, l’ancien réseau des CFD du Vivarais comptait  124 km et 22 gares ou haltes, y compris celles communes avec le réseau SNCF.

Troisième groupe de lignes : celui des tramways de l’Ardèche

Pour terminer ce tour d’horizon ferroviaire d’un département réputé pauvre mais jadis remarquablement maillé, il convient d’évoquer le réseau des tramways de l’Ardèche, à voie métrique, dont la durée de vie fut brève mais l’ambition remarquable. Il avait été conçu et lancé par l’industriel François Gilbert Planche qui avait fondé une société pour sa construction et son exploitation, basée à Lyon.

 La ligne principale reliait Le Pouzin, gare d’embranchement de la ligne PLM-SNCF de Privas, à Saint-Paul-le-Jeune, à la limite du Gard. Cet axe transversal d’orientation nord-est-sud-ouest transitait par Privas, qu’il reliait depuis Le Pouzin en 15,5 km par la vallée de l’Ouvèze, contre 21,21 km par la ligne à voie standard qui effectuait un coude plus au sud par Chomérac pour atténuer les déclivités.  Il desservait ensuite Aubenas par le col de l’Escrinet franchi par un tunnel long de 324 m. Puis l’axe poursuivait vers Uzer et La Croisette d’Uzer, où s’embranchait une antenne vers Largentière, puis rejoignait par un long tracé en « U » Les Vans, à la sortie des gorges du Chassezac, pour finir à Saint-Paul-le-Jeune.

Schéma des lignes de la compagnie des Tramways de l'Ardèche. La partie septentrionale Le Pouzin-Privas-Aubenas ne fut exploitée que pendant quatre années (1910-1914)...

 Cette ligne et son antenne de Largentière offraient une correspondance avec le réseau PLM-SNCF au Pouzin, à Privas, Aubenas, L’Argentière (mais pas à Uzer, où elle franchissait la ligne Saint-Sernin-L’Argentière par un viaduc) et à Saint-Paul-le-Jeune.

 Deux autres sections indépendantes de cet axe principal avaient été construites : de Valence à Vernoux par Saint-Péray (23,3 km), par un tracé audacieux et tourmenté en raison d’une topographie difficile ; de la gare PLM-SNCF de Ruoms, sur la ligne Le Teil-Alès, à Vallon-Pont d’Arc (9,5 km), ligne permettant un accès à ce site déjà touristique lors de la mise en service de la totalité du réseau des Tramways de l’Ardèche, en 1910.

 Mais ce réseau fut rapidement démembré. Son axe principal Le Pouzin-Saint-Paul-le-Jeune fut interrompu entre Le Pouzin et Aubenas par le col de l’Escrinet dès 1914, de même qu'Uzer-Largentière et Ruoms-Vallon-Pont d'Arc. Subsistèrent des sections indépendantes qui périclitèrent progressivement: Aubenas-Uzer fut fermée en 1925, Uzer-Saint-Paul-le-Jeune en 1929, Vernoux-Saint-Péray en 1930. (1)

 Au total, ce réseau exclusivement ardéchois (hors le court accès à Valence), cumulait quelque 137 km et 23 gares et stations recensées, y compris celles en correspondance. Il convient d'y ajouter l'existence d'un tramway électrique d'Aubenas à Vals-les-Bains (6 km) de 1898 à 1932.

Au plus fort de son maillage ferroviaire, l’Ardèche cumulait 542 km de lignes et 96 gares

 A l’acmé de son maillage ferroviaire, le département de l’Ardèche totalisait donc, sur son territoire propre et selon nos calculs, 542 km de lignes et 96 gares ou stations (y compris le tramway Aubenas-Vals; nous comptons deux fois les gares de correspondance entre deux réseaux distincts et omettons d'éventuelles haltes mineures).

 Si la liaison avec Le Puy avait été achevée, ces statistiques se fussent élevées à 600 km de lignes ouvertes au service commercial voyageurs et fret et quelque 106 gares. Dans une région au relief particulièrement difficile, aux plateaux élevés, aux sommets culminant rapidement à 1.300 m d’altitude à seulement 30 km à vol d’oiseau du fleuve Rhône (Suc du Pradou) et à 1.754 m au mont Mézenc, ce maillage était remarquable.

ArdècheCélèbre carte postale de l'inauguration, en 1910 du passage du vertigineux col de l'Escrinet par la nouvelle ligne des Tramways de l'Ardèche. Notons que la compagnie privée qui construisit le réseau, les TA, transmit en 1922 l'exploitation de son reliquat de lignes aux CFD (Chemins de fer départementaux, qui exploitaient le réseau métrique du Vivarais), lesquels la transmirent en 1929 à la SGTD (Société générale des transports départementaux) qui assura sa liquidation et l'exploitation routière. La SGTD est une des sociétés ancêtres de l'actuelle Keolis.

 Sa faiblesse était d’avoir été conçu, pour une bonne partie, à l’économie avec de faibles rayons de courbure pour épouser les courbes de niveau (en particulier le réseau des Tramways de l’Ardèche) et donc d’afficher des performances médiocres.

 Sa malchance est d’avoir été géré par un Etat et des collectivités locales qui à partir des années 1930 ont préféré miser sur la route plutôt que de rénover des lignes dont la superstructure originelle exigeait les premières restaurations de fond, privilégiant sans s’en cacher une industrie automobile en plein développement.

 De 542 km de lignes et 96 gares ouvertes aux voyageurs, le département de l’Ardèche n’en compte aujourd’hui plus aucune malgré l’essor considérable de son tourisme (plus de 16 millions de nuitées annuelles), une agriculture et un élevage modestes mais solides, des industries agro-alimentaires, plasturgiques, mécaniques, cimentières notables.

 La seule perspective de réouverture aux voyageurs consiste en une introduction de circulations TER du Teil à Romans par Meysse, Cruas, Le Pouzin, Livron, Valence Ville et Valence TGV avec réutilisation d’une section de la ligne de la rive droite du Rhône et le franchissement du fleuve à hauteur de Livron. La région Auvergne-Rhône-Alpes a évoqué ce projet, dont Raildusud s’était fait l’écho (2). Il reste à le concrétiser.

 A ce jour, tout transport collectif de voyageurs en Ardèche s’effectue par la route.

- Prochain article : Ardèche sans trains de voyageurs depuis 40 ans : 2 - forces et faiblesse du réseau d'autocars

- - - - -

(1) Ces références sont extraites des données de la FACS accessibles par ce lien :

Liste des chemins de fer secondaires

Longueur 203 km. Réseau concédé en Intérêt Général (IG) La-Voulte-sur-Rhône - Le-Cheylard : 47 kmTournon - Le-Cheylard : 53 km Le-Cheylard - Dunières : 62 kmRaucoule-Brossete - La-Voute-sur-Loire : 41 km

https://www.facs-patrimoine-ferroviaire.fr

(2) Lien vers notre article traitant du projet de réouverture aux voyageurs d'une section de la ligne de la rive droite du Rhône en Ardèche:

Auvergne-Rhône-Alpes relance son projet de TER sur la rive droite du Rhône, mais limité à la liaison Le Teil-Valence-Romans - Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est

Une convention entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et SNCF Réseau a été signée le 10 janvier 2020 pour réaliser une étude sur le rétablissement d'un service voyageurs sur la ligne de la rive droite du Rhône (Givors-Canal-Grézan), qui irriguerait les territoires de l'Ardèche et de la Drôme voisine.

http://raildusud.canalblog.com


 

 

 

 

 

 

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Commentaires
D
Merci pour le dossier. Même au niveau des touristiques l'Ardèche est relativement sinistrée car le célèbre Mastrou a été déconnecté de sa correspondance avec le RFN. Quant au défunt train touristique de l'Ardèche (Vogüé St Jean le Centenier), il n'a pas pu se faire attribuer le tronçon de ligne le plus spectaculaire en partant du Teil. D'ailleurs c'est bien connu il n'y a aucun potentiel à desservir Ruoms et Vallon Pont d'Arc qui sont des destinations touristiques parfaitement mineures, d'où l'intérêt de démanteler l'infrastructure ferroviaire y conduisant...<br /> <br /> La difficulté de la ligne Le Teil Alès est qu'il fallait choisir entre la desserte directe d'Aubenas et Valence Alès (à moins de jouer avec des coupes accroches des autorails). Et fidèle à sa doctrine, la SNCF avait choisi de ne pas choisir et proposait les 2, mais à une fréquence si indigente qu'elle ne pouvait guère attirer les candidats au voyage.
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J
Merci pour cet excellent "reportage" sur les chemins de fer de l'Ardèche.<br /> <br /> Magnifique département malheureusement envahi par le transit de nombreux camions à travers le Massif Central, chemin le plus court et surtout "gratuit" pour joindre la vallée du Rhône à Clermont-Fd et au delà.
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8
Je me souviens qu'à l'époque, le Pdt de ce qu'on appelait alors le Conseil Général, s'était vanté d'être le premier département français à ne plus voir circuler de trains de voyageurs ! Bel exemple de l'intelligence d'une partie de nos élus .
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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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