Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
14 janvier 2020

Occitanie : une fois la grève terminée, l’offre TER va bondir sur les axes structurants

 La grève qui perturbe le réseau français depuis le 5 décembre masque la grande avancée que va connaître la région Occitanie en matière de desserte ferroviaire voyageurs TER.  Au total, l’augmentation du nombre de circulations TER atteindra 11% par rapport au service 2019, soit 72 trains supplémentaires par jour. En cela, l’Occitanie se pose en héritière de l’ex-Midi-Pyrénées dont les politiques ferroviaires furent parmi les plus offensives  des régions, bien plus que celle de l’ex-région Languedoc-Roussillon. On se souvient des investissements massifs d’un milliard d’euros opérés sur les voies elles-mêmes, en particulier sur le quart nord-est toulousain (Toulouse-Mazamet/Albi, Rodez…) refait à neuf et partiellement porté à double voie (Toulouse-Montrabé et Montastruc-Saint-Sulpice). La nouvelle région Occitanie quant à elle, a aussi commencé à investir ces dernières années dans l’infrastructure de notre zone d’étude, sur le versant sud de la ligne des Cévennes Nîmes-Clermont-Ferrand et sur la ligne des Causses Béziers-Neussargues, deux lignes en grand danger.

 Côté matériel roulant, 18 rames Régiolis Alstom seront reçues à partir du mois de mars, totalisant 37.000 places supplémentaires par jour, selon les calculs du service Transport de la région Occitanie.

 Cette année, les usagers d’Occitanie découvriront, une fois le trafic redevenu normal, une série d’avancées. Toutes concernent les grands axes structurants.

-          Toulouse-Perpignan est privilégiée avec 9 trains supplémentaires deux sens confondus. La section Toulouse-Carcassonne se voit garantir 2 trains de desserte fine par heure en pointe avec 7 arrêts intermédiaires et une fréquence horaire le reste de la journée. Toulouse-Carcassonne est garanti au maximum en 1h05mn et Toulouse-Narbonne en 1h35mn.   Narbonne affichera un train par heure en semaine de et vers Perpignan, fréquence passant à la demi-heure en pointes. Toulouse-Perpignan affichera une fréquence d’un train par heure (direct ou avec correspondance à Narbonne),  dont 7 directs quotidiens par sens au lieu de 2,5 par jour au service 2019.

 La Côte Vermeille voit sa fréquence passer les dimanches après-midi  à un train par heure pour désengorger les routes des plages. Plus généralement, les correspondances inter-régionales jadis catastrophiques à Port-Bou/Cerbère  entre SNCF et Renfe sont multipliées et optimisées avec 6 allers-retours par jour origine-destination Port-Bou, soit 12 trains (au lieu de 7 jusqu’à présent), plus une paire supplémentaires à partir de juillet.

DSCN1368 (1)Montpellier-Saint-Roch, tête ouest du faisceau voyageurs, en pleine activité TER. Cette dernière va encore augmenter une fois la grève terminée, mais elle pâtira de la diminution drastique des correspondances avec les TGV, reportés pour près de la moitié sur la gare nouvelle de Sud-de-France. © RDS

-          Sur l’axe Narbonne-Montpellier-Nîmes, l’une des grandes nouveautés est la création de circulations périurbaines centrées sur Montpellier entre Sète et Lunel (51,6km), grâce à la création voici quelques années d’une quatrième voie à quai à Lunel côté bâtiment voyageurs jusqu’ici peu utilisée, à l’installation de voies de garage côté opposé et à la création d’un vaste parc de dissuasion à destination des automobilistes.

 On relève ainsi la création de 3AR Sète-Lunel, mais aussi celle de 2 Sète-Montpellier et d’un Sète-Avignon, l’autorité organisatrice mettant à profit le vaste plateau de voies de la gare de Sète (4 voies à quai traversantes plus une cinquième en impasse). Au total, on relève un train supplémentaire par heure Lunel-Montpellier entre 8h00 et 9h00 du matin, la fréquence étant ainsi portée à 4 trains par heure, situation symétrique l’après-midi dans l’autre sens entre 17h00 et 18h00, soit un total de 11 trains supplémentaires par jour deux sens confondus. Côté Sète la fréquence passe elle aussi à 4 trains par heure sur les mêmes plages horaires, soit la création de 14 circulations supplémentaires par jour deux sens confondus.

FAGC ex-Languedoc-Roussillon à Castelnau-le-Lez. Le bond du nombre de circulations TER transforme cet axe en ligne suburbaine. Un projet de station dans la tranchée passant sous l'arrêt Notre-Dame-de-Sablassou de la ligne 2 du tramway de Montpellier semble abandonné. Un projet de station plus à l'ouest, aux Mazes-Le Crès avait aussi été évoqué, moins complexe mais sans suite. © RDS

 La station nouvelle de Baillargues, qui connaît déjà un franc succès et qui est la porte d’entrée est de Montpellier, se voit accorder 21 arrêts supplémentaires par jour, portant le total à 61, deux sens confondus.  A l’ouest de l’agglomération, les stations de Villeneuve-les-Maguelone, promise à un avenir de pôle multimodal, passe de 6 à 11/12 arrêts par sens en semaine, comme Vic-Mireval sa voisine.

 L'ombre au tableau est la diminution drastique des possibilités de correspondances TER-TGV à Montpellier-Saint-Roch en raison du report sur Sud-de-France et le Contournement de Nîmes et Montpellier de près de la moitié des circulations TGV, malgré un gain de temps de parcours ferroviaire marginal. Pour ces TGV, seule la correspondance à Nîmes-Pont-du-Gard est possible, moyennant un allongement du temps de parcours considérable (sans compter les correspondances interminables). Le gain en capacité permis par cette brutale opération de basculement facilite certes la multiplication des circulations TER, mais un résultat assez proche aurait été obtenu par basculement de la quasi-totalité des circulations fret de la ligne classique vers le CNM, ce qui est encore loin d'être le cas.

-          Pour les relations Occitanie-Marseille, la région annonce qu’elles doivent enfin être quelque peu améliorées, alors qu’un véritable mur ferroviaire sépare les deux régions après la limitation à Marseille-Saint-Charles du dernier train Bordeaux-Nice voici deux ans. Il n’est pourtant pas encore possible de disposer de la fiche horaire complète à ce jour (6 janvier 2020). La région annonce une meilleure coordination entre Intercités et TER (voire AVE), permettant de proposer un train par heure de Montpellier et Nîmes vers Marseille le matin permettant des arrivées entre  7h00 et 11h00 à Saint-Charles, et un rythme aux deux heures le reste du temps.

DSCN1575Intercité Marseille-Bordeaux doté de voitures Corail à la maintenance désastreuse, à Marseille-Saint-Charles. La fréquence Marseille-Occitanie est ajustée, mais son impact commercial est péjoré par l'hétérogénéïté des tarifications et conditions d'emprunts entre TER, Intercités et AVE, et par une amplitude horaire insuffisante, le service finissant encore trop tôt le soir malgré l'annonce d'une amélioration dans le sens Marseille-Montpellier. © RDS

 Des retours sont proposés toutes les heures entre 15h00 et 21h00. Ce dernier point est particulièrement notable, l’amplitude horaire étant historiquement très limitée le soir dans le sens Marseille-Languedoc depuis la disparition du train de nuit Nice-Bordeaux (et la suppression dans un premier temps de ses arrêts intermédiaires) voici deux décennies : il était impossible de partir de Marseille après 19h30 environ, sauf correspondances ubuesques entre les deux gares d’Avignon, voire à Valence TGV ! Il est regrettable que l’amplitude horaire ne soit pas étendue jusqu’en fin de soirée, en suivant le principe d’une dernière arrivée aux alentours de minuit.

 Reste aussi que l’hétérogénéité des tarifications et des conditions d’emprunt entre TER et Intercités - voire AVE quotidien Marseille-Madrid - handicapent la fluidité des usages et limitent l’impact commercial de la (relative) fréquence.

 

-          Dans la région de Nîmes notons la valorisation de la station de Beaucaire qui sera desservie par 31 arrêts quotidiens  en semaine, soit un triplement, et 16 arrêts le dimanche alors qu’aucun train ne la desservait ce jour-là jusqu’ici. Située à seulement  839m de la gare-jonction de Tarascon, cette station de Beaucaire, proche du centre-ville, a le mérite d’éviter aux usagers de la commune (16.000 habitants, en nette croissance) de traverser le pont qui franchit les deux bras du Rhône, long de 470 mètres, très circulé.

 

-          La création de la gare de Nîmes-Pont-du-Gard (TGV-TER) et le report sur le Contournement de Nîmes et Montpellier de près de la moitié des circulations TGV induit en revanche une dégradation très nette des relations extra-régionales pour les Nîmois n’habitant pas à proximité du nouvel établissement (soit l’immense majorité), bien qu’il soit desservi par 43 TER par jour deux sens confondus. C’est encore plus vrai pour les voyageurs provenant ou à destination de la ligne des Cévennes, soit Alès (42.000 habitants et 130.000 habitants dans l’agglomération) et au-delà, contraint à une deuxième correspondance, extrêmement dissuasive. Pour Lyon, les temps de parcours sont ainsi généralement plus que doublés.

NîmesNîmes-Centre, panneau vantant l'ouverture de la gare ex-urbanisée de Nîmes-Pont-du-Gard. Pour les Nîmois de la zone dense et plus encore pour les voyageurs provenant d'Alès et au-delà, une correspondance supplémentaire et une forte dégradation des temps de transport lors de l'emprunt des TGV passant par le CNM. © RDS

 -          Les lignes « des montagnes » de notre zone d’étude, soit Béziers-Neussargues, Nîmes-Clermont-Ferrand, Villefranche-Latour de Carol, Carcassonne-Limoux (Quillan), le quart nord-est toulousain ne voient pas de changement dans leurs dessertes TER, hormis l’apparition de rames modernes Coradia sur la ligne des Cévennes qui va être interrompue pendant plusieurs périodes dans sa partie centrale pour travaux de régénération (notre article du 25 décembre 2019, rubrique « inter-régional »).

-           Pour la partie ouest de la région Occitanie, la ligne Toulouse-Tarbes reçoit un train supplémentaire par heure de pointe jusqu'à Muret, la fréquence passant de 3 à 4 trains par heure en pointe, soit 63 circulations par jour deux sens confondus. Sept circulations sont ajoutées au flux Toulouse-Saint-Gaudens-Montréjeau et cinq les fins de semaine. L'achèvements, prévu en mars 2020, de travaux sur la ligne conditionne les améliorations au-delà de Muret. L'axe Toulouse-Montauban voit quant à lui l'ajout de 17 circulations, portant le total à 55 trains régionaux par jour, 8 circulations nouvelles deux sens confondus touchant Agen (total porté à 20 trains), 9 autres touchant Cahors (total porté à 22 trains), ce qui sur ces deux origines-destinations correspond à un doublement de l'offre antérieure.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité