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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
5 septembre 2020

Rive droite du Rhône : l’arrivée des premiers TER d’Occitanie avancée de 2026 à 2022

 La réouverture au trafic voyageurs régional de 83 km de ligne de la rive droite du Rhône sur le territoire de l’Occitanie, entre Nîmes et Pont-Saint-Esprit (90 km via Avignon-Centre), pourrait voir le jour quatre ans avant 2026, à une fréquence allégée par rapport au projet définitif. La région dénonçait un parcours procédural interminable pour une ligne à double voie électrifiée (réservée au fret), et les excès d’un devis compris entre 84 et 109 millions d’euros pour la seule adaptation de l’infrastructure, dont 38 à 50 millions d’euros pour la reprise des systèmes d’annonce aux passages à niveau.

 Finalement, un accord a été trouvé pour permettre la circulation des premiers TER au service annuel 2022. Ca ne permettra pas à l’exécutif occitan de présenter aux électeurs une première réalisation avant les élections régionales de mars 2021, mais l’annonce pourra jouer pour une majorité qui a opté pour une politique pro-ferroviaire.

Extrait de la carte du réseau ferré national incluant le futur parcours des TER occitans "rive droite du Rhône".

 Cet accord entre SNCF Réseau et la région Occitanie permet d’anticiper la réouverture aux TER de quatre années en accélérant les mises aux normes des gares de Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze. De plus, l’accord prévoit une première adaptation de la gare de Remoulins pour organiser des trains exceptionnels (événements liés au Pont du Gard, situé à 2 km), comme ce fut le cas lors du passage du Tour de France en 2019 au Pont du Gard avec affrètement d’une rame voyageurs et création d’un quai provisoire.

Les quais rehaussés à Pont-Saint-Esprit et Bagnols-sur-Cèze, avec traversées provisoires des voies

  A Pont-Saint-Esprit, terminus du futur service TER, comme à Bagnols-sur-Cèze, les quais seront rehaussés sur 150 mètres permettant la desserte par des rames TER doubles à un seul niveau (AGC), le téléaffichage dynamique installé ainsi que les autres équipements permettant la mise aux normes voyageurs. A Pont-Saint-Esprit, en attendant l’installation d’une passerelle, la traversée des voies se fera par le passage souterrain déjà existant à l’extrémité nord des quais, parallèle à un passage à niveau. A Bagnols-sur-Cèze, la construction de la passerelle est elle aussi reportée pour gagner du temps. La traversée des voies sera provisoirement aménagée par le passage souterrain routier situé à l’extrémité sud des quais, avec aménagement d’un cheminement piétons dénivelé.

  A Remoulins, enfin, la solution pour palier à l’absence provisoire de passerelle consistera à poser un platelage sur les voies principales, accompagné d’une limitation de vitesse pour les trains en transit et d’une obligation de surveillance par le personnel de la gare. Le quai provisoire créé l’année dernière sera démoli, un nouveau quai de 170 m sera créé avant un second pour la configuration définitive. D’ici là, la gare ne servira que pour les trains événementiels.

RemoulinsLa gare de Remoulins au temps de sa splendeur. Quatre voies à quai pour recevoir les trains de l'axe Givors-Grézan (rive droite du Rhône Lyon-Nîmes) et de la ligne à voie unique à vocation initialement minière Le Martinet-Saint-Julien-les-Fumades-Celas-Uzès-Remoulins-Beaucaire.

 Remoulins offre une configuration singulière : le bâtiment voyageurs est séparé des voies principales par deux voies dites de service, peu utilisées. Elles seront  tronçonnées sur quelques mètres pour établir un cheminement piéton plan. Notons que ce faisceau généreux (quatre voies à quai et un vaste faisceau marchandises) avait été créé pour gérer, outre les flux de la rive droite du Rhône, ceux de la ligne du Martinet à Beaucaire via Celas et Uzès, mise en service par étapes de 1875 à 1883, qui cisaillait les voies de la rive droite du Rhône à Remoulins.

 Remoulins sera rebaptisée Remoulins-Pont-du-Gard. De quoi rendre un peu plus comique l’appellation, voulue par les élus locaux, de la nouvelle gare TGV de Nîmes située à Manduel : elle a été dénommée « Nîmes-Pont-du-Gard » alors qu’elle est située à 26 km du monument romain.

Ces premières adaptations de gares ne permettront pas d’offrir le service définitif dès 2022

 Ces seules trois adaptations de gares ne permettront pas d’offrir dès 2022 le service définitif prévu par la région Occitanie, soit une desserte Pont-Saint-Esprit-Nîmes-Centre via Villeneuve-lès-Avignon et Avignon-Centre, avec rebroussement dans cette dernière gare pour repartir vers Nîmes-Centre, et retour. Si l’on s’en tient au projet initial, il restera à adapter, du nord vers le sud, les stations de Laudun-L’Ardoise, Roquemaure, Villeneuve-lès-Avignon, Aramon et Marguerittes. Le site bien informé actuteroccitanie.com estime toutefois qu’avant 2026 « d’autres gares pourraient rouvrir avec la même stratégie (d’adaptation provisoire, NDLR), comme Roquemaure (en utilisant l’avenue de la Gare) ou encore Marguerittes (en utilisant un petit pont-rail doublant le passage à niveau) ».

 Le projet ne sera définitivement bouclé, que lorsque les passerelles et adaptations de toutes les gares auront été réalisées mais surtout que lorsqu’une voie de rebroussement à quai aura été construite à Pont-Saint-Esprit, côté voie impaire au sud du bâtiment voyageurs, avec la signalisation afférente. Cette voie permettra de dégager les voies principales du TER arrivé à son terminus. Alors la région Occitanie et Voyages SNCF auront la possibilité de porter la fréquence au taux prévu de 7 allers-retours quotidiens Pont-Saint-Esprit-Nîmes-Centre via    Avignon-Centre, un aller-retour direct sans rebroussement à Avignon-Centre, et un aller simple Nîmes-Centre-Avignon-Centre. En attendant, on ne connaît pas la fréquence lors de l’amorce du nouveau service fin 2021.

Le temps de parcours Nîmes-Centre-Pont-Saint-Esprit via Avignon-Centre s’établirait à 1 h 20 mn seulement

 Ce service  est attendu depuis  2007, lors du lancement des premières études. On mesure ainsi la lenteur des procédures et les freins mis à ce type de rétablissement. La distance Pont-Saint-Esprit-Nîmes-Centre est d’un peu moins de 84 km auxquels il faudra ajouter environ deux fois 3,2 km parcourus pour la plupart des futures circulations TER, qui desserviront Avignon-Centre. Le temps de parcours de bout en bout via Avignon-Centre s’établirait à 1 h 20mn. Il serait de 35 mn entre Avignon-Centre et Pont-Saint-Esprit alors que le temps de parcours par la ligne 122 des autocars du réseau LiO-Gard affiche environ 1 h 25mn pour la même distance.

DSCN2199Gare de Villeneuve-lès-Avignon. Dans un premier temps, cet établissement ne serait pas desservi, aucun franchissement des voies et adaptation des quais n'étant prévu. Il est vrai que le rétablissement de la desserte voyageurs exigerait en outre un remaniement complet des accès de la gare depuis la voirie principale située en contre-bas, à proximité d'un pont franchissant le Rhône, et l'établissement d'un service de transport urbain et d'arrêts dignes de ce nom. © RDS

 Cette liaison nouvelle concerne un bassin de 683.000 habitants et 281.850 emplois. La croissance de la population gardoise entre 2009 et 2014 s’est établie à 5 % par an et celle du nombre d’emploi à 4 % par an. L’est du département du Gard constitue le deuxième pôle industriel de la région Occitanie après le bassin toulousain. Bagnols-sur-Cèze est la troisième aire urbaine, avec 23.000 habitants, du département du Gard après Nîmes (270.000 habitants) et Alès (115.500 habitants). L’aire urbaine d’Avignon compte 527.000 habitants.

 Rappelons pour terminer que la région voisine Auvergne-Rhône-Alpes envisage de rétablir un service TER voyageurs sur une section centrale de la ligne de la rive droite du Rhône, entre Le Teil et Romans-Bourg-de-Péage via Livron et Valence. Entre Pont-Saint-Esprit et le Teil la distance n'est que de 36,8 km. Un report du terminus du service occitan jusqu'au Teil, dont les emprises de la gare sont très vastes (ancienne bifurcation vers Alès), aurait permis d'économiser les travaux du terminus de Pont-Saint-Esprit et de créer une continuité de service.

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Commentaires
D
C'est d'autant plus dommage de ne pas aller jusqu'au Teil car accessoirement cette localité fait face à la ville de Montélimar et que cela pourrait aider au remplissage des trains (moyennant la mise en place d'une ligne urbaine adaptée). En plus la gare du Teil accueille régulièrement des TER, à savoir les mouvements Lyon Marseille détournés en journée par la RD en cas de travaux sur la rive gauche. Cette démarche de la région Occitanie qui cherche à s'affranchir quand c'est possible de l'utra orthodoxie normative qui fait exploser les devis de réouverture est intéressante. Toutefois il est à craindre que si la fréquence des trains n'est pas au rendez vous (et 7 trains par jour c'est encore assez basique), le taux de remplissage ne soit assez faible.
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J
Quand on connait les difficultés de circulation à Avignon et aux abord de la gare d'Avignon-Centre, ne pas desservir la Gare de Villeneuve-lès-Avignon est une aberration.
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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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