Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
2 septembre 2020

Allier, Loire : « Chemins à Fer » au chevet du magnifique patrimoine de l’ancien réseau métrique de la Montagne Bourbonnaise

 L’important réseau à voie métrique de la Montagne Bourbonnaise, à cheval sur les départements de l’Allier et de la Loire, a disparu entre 1938 et 1950. L’association « Chemins à Fer », spécialisée dans le recensement et la valorisation des restes des réseaux ferroviaires d’intérêt local, généralement à voie métrique, s’y intéresse particulièrement.  Cette année, la sortie annuelle de « Chemins à Fer » se déroulera du jeudi 24 au dimanche 27 septembre dans cette région (1).

 La Montagne Bourbonnaise était irriguée en son centre par la ligne nord-ouest-sud-est Vichy-Saint-Germain-Laval et au-delà vers Bussières (100 km) puis Regny (mis en service en de 1910 à 1923, fermée en 1939 depuis Saint-Just-en-Chevalet); côté ouest par l’antenne sud-nord Le Mayet-de-Montagne-Trézelle et au-delà vers La Palisse (23 km); côté est par l’axe nord-sud Ambierle/Roanne-Saint-Germain-Laval et au-delà vers Boën (54 km de Roanne à Boën, fermée dès 1938).

 La Montagne Bourbonnaise est composée de splendides massifs de grandes forêts situés entre le bassin de la Loire à l'est et le bassin de l’Allier à l’ouest. Ils se partagent entre : au nord, les Monts de la Madeleine culminant à 1.164 m d’altitude aux Pierres du Jour ; au sud, la pointe nord des Monts du Forez, avec la montagne des Bois Noirs qui culmine à 1.287 m d’altitude. Ces deux sommets ne sont séparés que de 11 km à vol d’oiseau. Entre eux, la longue vallée du Sichon, difficile d’accès, vers l’Allier, et celles de la Besbre et du Boën, vers la Loire. Le chemin de fer à voie métrique suivait la première depuis l’ouest avant de rejoindre les secondes par un col situé à environ 830 m d’altitude.

Carte datée de 1922 des réseaux de chemins de fer d'intérêt local de la Loire et, partiellement, de l'Allier. L'année suivante, le réseau sera augmenté d'une section reliant Bussières à Régny, à l'est (la section Balbigny-Bussières avait été mise en service en 1915). La totalité de ces lignes a été liquidée, de 1938 à 1949 au plus tard, soit une durée de vie comprise en trente-neuf et... quinze années.

Le réseau desservait la Montagne Bourbonnaise « à grands renforts de courbes et de contre-courbes, rampes démentielles, haltes perdues »…

 Les participants arpenteront les vestiges de ces anciens chemins de fer départementaux qui, explique « Chemins à Fer », « desservaient la Montagne Bourbonnaise à grand renfort de courbes et contre-courbes, rampes démentielles, haltes perdues, gares restaurées avec amour, viaducs en béton ou en maçonnerie, tous grandioses ». Parmi les lieux proposés à la visite, figurent Saint-Just en Chevalet, Saint-Polgues, Juré, Ambierle, Le Mayet-de-Montagne. La participation est gratuite, et accessible sur tout ou partie du séjour.

Romain David, un des responsables de l'association explique : « Le point central du séjour est fixé au Mayet de Montagne, qui fut accessoirement une étoile à 3 branches (vers Vichy, Lapalisse et Saint-Just-en-Chevalet). Ce réseau a parcouru la montagne de 1910 aux années 1940, période où il a été délaissé au profit des autocars. Des années de gestation et de travaux importants pour à peine plus de 30 ans d'exploitation, un gâchis économique et patrimonial. Ce chemin de fer a pourtant rapproché Loire et Allier et sa campagne du milieu, pour des échanges mutuels. »

  « Chemins à Fer » est basée à Clermont-Ferrand. L'association organise chaque année à l’Ascension une visite de plusieurs jours sur une ligne ou un réseau proposé par des adhérents. « Le combat est plutôt de sauvegarder les vestiges existants, de conserver des sections accessibles à pied et éviter que la friche gagne du terrain », explique-t-elle.

Quatre journées, chacune consacrée à une section de cet important réseau

 Cette année, la visite a été reportée en septembre en raison du confinement sanitaire du printemps, explique Romain David. Prévu sur quatre jours, son programme comprend principalement les étapes suivantes, chacune consacrée à une section de cet important réseau, maillé autour de la Montagne de la Madeleine et du nord du Massif du Forez.

 Le jeudi 24, visite de la section Vichy - Le Mayet-de-Montagne, dans l’Allier, avec parcours de trois kilomètres d’un sentier de randonnée aménagé sur l’ancienne plate-forme et doté d’explications historiques, une valorisation bienvenue de ce patrimoine ferroviaire sur le territoire de la communauté d’agglomération Vichy Communauté.

 Le vendredi 25, la visite s’intéressera à la section Le Mayet-de-Montagne - Saint-Just-en-Chevalet, section la plus haute du parcours de la ligne. L’important viaduc du Moulin-Neuf, en béton, en sera une étape importante, témoin d’une technique de construction nouvelle pour l’époque - la ligne ne fut mise en service qu’en 1910.

IMG_20200308_134454Le viaduc de Saint-Polgues, ouvrage d'art en rampe et en courbe, long de 273 mètres, grandiose et atypique pour un réseau métrique d'intérêt local. © Romain David

 Le samedi 26 sera consacré à la ligne nord-sud entièrement située dans le département de la Loire et courant sur les contreforts orientaux de la Montagne de la Madeleine, entre Ambierle et Roanne au nord, et Saint-Germain-Laval au sud. La visite s’intéressera particulièrement au magnifique viaduc de Saint-Polgues, en courbe et en déclivité, ouvrage digne du réseau national, qui contraste avec le tracé « à l’économie » de ce réseau d’intérêt local exploité par les Chemins de fer du Centre jusqu’en 1928, avant d’être divisé entre les départements de l’Allier à l’ouest et de la Loire à l’est.

 Le dimanche 27, enfin, sera consacré à la ligne Le Mayet-de-Montagne-Lapalisse, qui court sur le côté ouest de la Montagne de la Madeleine, qui fut exploité par la Société générale des Chemins de fer économiques.

 A Saint-Germain-Laval, les participants s’intéresseront aux restes du dépôt principal du réseau. La localité est en effet située au croisement de deux axes : Ambierle/Roanne-Boën (nord-sud) et Vichy-Bussières-Régny (ouest-est). Notons qu’une liaison passe-Saint-Germain-Laval, au nord de ce nœud ferroviaire, reliait ces deux lignes principales, entre Saint-Polgues et Juré via Crémeau et Lure-Lucé.

L’archéologie ferroviaire, un travail de mémoire qui interpelle les décisions politiques du passé

 Romain David explique : « Ce réseau a bénéficié du recours au béton, innovant à pour l'époque (c'est le cas au viaduc du Moulin-Neuf et d'autres pont-route plus banals), ce qui laisse des traces originales dans le paysage. Le linéaire a perdu sa continuité. Les gares ont été revendues à des particuliers, beaucoup de kilomètres de lignes ont été englobés dans les champs à l'occasion de remembrement, la route a parfois récupéré la ligne, tout cela rend les repérages très difficiles. A certains endroits, comme entre Le Mayet et Barnichon, la plateforme est restée une piste carrossable reconvertie en chemin de randonnée commentée par des panneaux explicatifs de l'histoire du chemin de fer, une initiative locale heureuse ».

LoireL'impressionnant viaduc de Pont-Marteau, 320 mètres de long, 50 mètres de hauteur maximale, à Sainte-Colombe-sur-Gand sur la section Balbigny-Régny de la ligne Vichy-Saint-Just-en-Chevalet-Régny. Cette section Balbigny-Régny, tardivement mise en service entre 1915 et 1923, a été fermée dès 1938. Aujourd'hui l'autoroute A89 passe sous l'ouvrage, qui a été restauré, sécurisé et peut être parcouru à pied. (Doc. Wikipedia)

 Les amateurs d’archéologie ferroviaire ne sont pas seulement des nostalgiques d’une technique abandonnée au bénéfice de la route.  En faisant revivre la mémoire d’un patrimoine enfoui dans la nature ou aliéné au bénéfice de routes et de bâtiments récents, ils permettent de mesurer les conséquences de décisions politiques passées qui ont handicapé des territoires entiers – jugés « périphériques » - en les privant d’un accès direct au chemin de fer, transport de masse par nature économe en espace et en énergie.

 Ces recherches soulignent combien le bilan de la liquidation d’un tel patrimoine après seulement quinze à quarante années d’exploitation a pu être lourd pour la collectivité. Ce coût reste à évaluer, et il risque de surprendre.

- - - - -

(1)    Pour tous contacts :

Courriel : Cheminsafer@gmail.com

Téléphone : 06.45.40.01.51

Publicité
Publicité
Commentaires
H
Alala, le Nord de la Loire , il y en avait des lignes ...<br /> <br /> <br /> <br /> Originaire de Roanne, on peut regretter la halte marchandise et les embranchements vers l'Arsenal mais aussi une liaison Roanne - Riorges - Renaison qui trouveraient bien d'intérêt pour les lycées de la Côte Roannaise et tous les pendulaires de la Côte
Répondre
D
Il faut se souvenir qu'il fallait tout de même 5h pour aller de Vichy à Roanne. Même à vélo, sur les routes d'aujourd'hui on peut faire mieux. Le temps indiqué correspond à des trains mixtes ce qui est loin d'être l'optimum. En version autorail les temps de parcours auraient été moins dissuasifs mais ces braves tortillards quand même eu du mal à survivre au delà des années 50-60 tant les zones traversées sont peu peuplées. Une ou deux sections auraient pu avoir une vocation touristique (vallée du Sichon par exemple), peut-être une justification en périurbain aux environs de Roanne ou Vichy Cusset Le Mayet de Montagne...
Répondre
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité