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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
16 avril 2020

Relocalisations, déconcentration, environnement: la relance doit s’appuyer sur un réseau ferroviaire multipolaire (éditorial)

 La paralysie causée par la tentative d’endiguement du coronavirus par confinement généralisé alors que masques et tests manquent cruellement, met en cause le modèle économique, politique et social qui prévaut, particulièrement en France.

 Dès l’annonce du confinement des populations,  200.000 Parisiens ont fui leur métropole, qui affiche une densité de population parmi les plus élevées au monde. A ce jour, un million de Franciliens ont quitté leur région, qui concentre 18,5% de la population de France métropolitaine sur 2% du territoire. Ils se sont précipités en « province », dans ces espaces où ils disposent d’une résidence secondaire ou d’un accueil familial. Venant des départements les plus touchés par l’épidémie de coronavirus, ils furent logiquement fort mal accueillis, d’autant que jusqu’ici l’élite métropolitaine n’avait pas brillé pour son empathie pour ces « marges » relevant du « monde d’avant ». Bien au contraire.

DSCN2730Gare abandonnée de Noirétable (Loire), sur une ligne emblématique du démantèlement massif du réseau ferroviaire national aux dépens des territoires, des villes moyennes et des liaisons inter-régionales : la voie reliant Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, deux des principales villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes, interrompue depuis trois ans. On note à gauche les vastes emprises fret jadis destinées à l'activité de petite industrie de cette localté (bois, métallurgie...) et à l'élevage. Le bâtiment voyageurs est situé à deux minutes à pied du centre du bourg réputé pour son casino, et pour son lieu de pélerinage dans la montagne voisine. ©RDS

 Simultanément, on enregistrait une chute brutale de la pollution atmosphérique dans les grandes agglomérations françaises. L’effondrement de la circulation automobile principalement, outre la réduction de l’activité industrielle quand il en reste une, démontrait l’impact des motorisations individuelles sur la qualité de l’air.

 On notait enfin, au bout de quelques semaines, les divergences des taux d’hospitalisations, de placements en réanimation et de mortalité relatifs à la population, entre les départements les plus impactés et les autres. Etaient ainsi frappés de plein fouet Paris et la Seine-Saint-Denis, départements à la densité de population record, ainsi que l’Est, dans ce dernier cas en raison d’importants rassemblements qui s’y étaient tenus. En revanche les départements à faible densité de population et à flux internationaux et inter-régionaux réduits étaient largement épargnés. Marseille les a rejoints, probablement en raison de l'existence d'un Institut aux méthodes éprouvées.

 Les conséquences récessives du confinement sur l’économie française, la mise en évidence de sa désindustrialisation et de sa dépendance dramatique vis-à-vis de producteurs situés à l’autre bout du globe, placent les dirigeants du pays devant un impératif de recentrage et de révision. Recentrage sur une production nationale à circuits courts. Révision de la distribution des activités et de la population sur le territoire, et des réseaux qui l’irriguent.

 Si l'on doit financer un redémarrage de l’économie par un « New Deal » à la française, celui-ci devra appliquer les leçons de cette crise du coronavirus.

 Il conviendra d’abord de passer des paroles aux actes en favorisant la relocalisation sur le territoire national des grandes activités industrielles de base et leurs compléments manufacturiers : chimie, textile, équipements de santé, métaux…. Mais ces activités ne participeront à  une renaissance que si elles sont allouées prioritairement aux territoires étranglés, dévitalisés, appauvris par la « division internationale du travail » mondialiste qui a engendré de véritables zones de sous-développement, ou plutôt de dé-développement.

 Tant pour favoriser le retour d’activités économiques que des populations aspirant à y participer tout en vivant dans des villes à taille humaine – et à risques sanitaires réduits -, les réseaux de transport devront être entièrement repensés. Et particulièrement le réseau à la productivité la plus élevée et à l’impact environnemental et énergétique le plus réduit, celui du chemin de fer. Il reviendra alors à l’autorité politique en place d’opérer une véritable révolution mentale en sortant du schéma parisianocentrique et en établissant – ou rétablissant – une mise en réseau des villes moyennes et grandes de ce pays.

 Le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a affirmé le 10 avril devant les sénateurs que cette crise devait servir de « catalyseur de la décarbonation du secteur des transports », appelant à une action européenne pour investir dans des solutions de transports peu polluants, en particulier dans le fret ferroviaire. Il a toutefois prévenu que la trajectoire d'investissement de SNCF Réseau devrait être revue, tout en affirmant qu'il conviendrait de sanctuariser les travaux de sécurité et en faveur des petites lignes. La Fnaut redoute un plan d'austérité ferroviaire. On attend désormais des actes.

 Fuite des habitants d’Ile-de-France devant la pandémie ; impact massif du virus sur la métropole mondialisée ; nécessité vitale d’un retour des activités industrielles et manufacturières sur le territoire national : face au démembrement des réseaux ferroviaires opéré depuis les années 1930 aux dépens des régions et des villes moyennes – leur longueur a globalement été divisée par trois -, s'impose la reconstruction de lignes capables de nourrir l’activité économique sans recours à la route et de sortir les habitants de « province » de l’enfermement automobile dans lequel on les a confinés. Il faudra sortir du système en étoile que la conception française de la grande vitesse a poussé jusqu’à la caricature, pour accéder enfin à la notion de réseau. Pour des raisons de santé, de sécurité, d’équité, la relance devra d’abord être multipolaire.

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 On consultera avec intérêt la position de la rédaction du site d'information ferroviaire transportrail sur le sujet de l'après-coronavirus  par le lien suivant :

Après la crise : la relance par l'investissement ferroviaire ? - transportrail - Le webmagazine ferroviaire

Un plan d'austérité ferroviare : c'est ce que craint la FNAUT après les déclarations du Secrétaire d'Etat aux Transports. Alors qu'on a le tournis devant les milliards d'euros annoncés par l'Etat pour soutenir une remise en marche de l'économie et accompagner les populations les plus frappées par la récession provoquée par les mesures de confinement, M.

http://transportrail.canalblog.com

 

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Commentaires
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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