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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
26 septembre 2021

Nouveau plan fret gouvernemental : l’aide d’urgence de 170 M€/an prorogée de trois ans, mais les aides au réseau sont à préciser

 Une nouvelle fois, le gouvernement français promet « un doublement » de la part du rail dans le transport de marchandises tout en annonçant le 13 septembre par la voix de son ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, un prolongement de l’aide annuelle de 170 millions d’euros pour le fret ferroviaire jusqu’en 2024, distribués en « 72 mesures ». Le doublement de la part de marché du rail d’ici 2030 permettrait à la France d’atteindre en 2030 celle de l’Allemagne aujourd’hui.

 La part de marché du rail dans les transports terrestres de fret s’élève en France à 9 %. Elle a atteint dans la traversée des Alpes Suisses… 74,7 % au premier trimestre 2021 alors qu’elle n’était que de 9 % à travers les Alpes françaises. Pour le taux global, la France est loin derrière l’Allemagne (19 %) et même derrière l’Italie (14 %).

LötschbergPortails Est des tubes du tunnel de base du Lötschberg à Rarogne (Valais). Les nouvelle liaison transalpines (Lötschberg, Saint-Gothard, Ceneri) percées par la Suisse en doublement des tunnels de faîte permettent à la confédération d'afficher une part de marché du ferroviaire sur les liaisons transalpines approchant les trois-quart, un record sur un quart de siècle. La transalpine Lyon-Turin, si le tunnel principal est accompagné de toutes ses voies d'accès, constituera un atout important pour le trafic franco-italien. (Doc. Wikipedia/Cooper.ch)

 Sans répondre à toutes les demandes de l’alliance 4F qui regroupe les grands acteurs du fret ferroviaire français, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé ce nouveau plan de soutien au fret ferroviaire destiné à passer à 18 % de parts de marché en 2030 à l’occasion de la Semaine de l’innovation, du transport et de la logistique (SITL), qui réunissait l'ensemble des professionnels du transport. Cette annonce survient sept mois avant l’élection présidentielle. C'est la deuxième fois qu'un ministre des Transports fixe un tel objectif. La première, par Jean-Claude Gayssot, avait été suivie d’un fiasco total avec une perte de 50 % de parts de marchés au profit de la route.

Ces 170 millions d’euros annuels permettront la prise en charge de 50 % péages, d’aider le wagon isolé…

Inscrits dans le projet de loi de finances 2021, ces 170 millions d’euros d’aide à l’exploitation se rapportent à la prise en charge à hauteur de 50 % des péages dus par les opérateurs de fret à SNCF Réseau ; 70 M€ pour les wagons isolés ; 47 M€ pour l’exploitation des services de transport combiné ; 15 M€ pour les autoroutes ferroviaires. M. Djebbari a plaidé : « Ce soutien à l'exploitation sera pérennisé sur les trois prochaines années (...), rien que pour soutenir les opérateurs. C'est un engagement fort et inédit ». Il a relevé qu’il lui avait « fallu convaincre Bruxelles ». Ce mode de transport « fait moins de bruit, entraîne moins d'accident, moins de pollution, moins de congestion et moins d'émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ajouté.

 Le site du ministère de l’Ecologie, auquel est rattaché le ministère délégué aux transports, recense dans son document public « 72 mesures » dans sa stratégie nationale de doublement de la part modale du fret ferroviaire en France sur les huit années à venir, soit 2030.

DSCN4188Rame de wagons porte-automobiles tractée par ECR, fililale de la DBAG allemande, sur le raccordement de Lyon Perrache vers la rive droite du Rhône. La libéralisation du secteur du fret ferroviaire n'a pas entraîné, en France, de hausse de sa part de marché. A-t-elle freiné son déclin ?  ©RDS 

Dans ce même document, le ministère adjoint deux autres trains de mesures en faveur du ferroviaire. Loin du fret, il met en valeur l’engagement de l’Etat en faveur du renouvellement du matériel roulant des trains d’équilibre du territoire depuis 2015, soit 3,5 milliards d’euros, « pour assurer un service de grandes lignes rapides entre les principales villes françaises non reliées par la grande vitesse - par exemple Paris-Clermont-Ferrand ». Ce programme devrait s’achever à l’horizon 2027. Cela n’empêche pas l’Etat d’avoir tout fait pour transférer aux régions plusieurs relations interrégionales (Normandie avec Paris-Cherbourg/Le Havre, Occitanie-Auvergne-Rhône-Alpes avec Nîmes-Clermont-Ferrand…).

 Moins éloigné du fret, l’autre point mis en valeur par le ministère concerne la qualité globale du réseau ferroviaire, soit 4,7 milliards d’euros destinés à « régénérer et moderniser le réseau national le plus utilisé ; réinvestir, avec les régions, dans les lignes de desserte fine du territoire ; redévelopper des offres de trains de nuit (mesure éloignée de la question des infrastructures…) ; investir dans les infrastructures permettant le développement du fret ferroviaire.

Un milliard d’euros dans les infrastructures, mais seulement la moitié apportés par l’Etat

Un milliard d’euros seront investis dans les infrastructures, dont 500 millions apportés directement par l’Etat mais le reste par les collectivités locales dans le cadre de contrats passés avec l’Etat. Le GNTC (Groupement national des Transports Combinés) a souligné la nécessité de créer 12 plateformes de transfert combinés à créer est plus que d’actualités, estimant « qu’il sera sûrement nécessaire d’aller un petit peu plus loin tant il y a de choses à faire ».

IMG_20210825_132631544Plateforme de conteneurs de Vénissieux, sur la ligne Lyon-Grenoble/Chambéry. Le GNTC demande la création d'une douzaine de nouvelles plateformes pour mieux mailler le territoire.  ©RDS

 Le ministre des Transports a souligné que cet engagement de l’Etat pour le fret ferroviaire est le plus important depuis plusieurs décennies : « L’Etat consacre désormais plus de 300 M€ par an à ce soutien opérationnel. Ce niveau d’aide, six fois plus élevé qu’en 2015, est totalement inédit dans l’histoire du pays. Il traduit, en actes, l’immense ambition de ce gouvernement pour le fret ferroviaire, au service de la transition écologique ». 

Les engagements en faveur du fret dans le plan de relance restent à préciser

 Les voix critiques se sont développées par ailleurs, soulignant que la seule annonce tangible est la reconduction des aides d’urgence jusqu’en 2024 et un rappel des engagements en faveur du fret contenus dans le plan de relance dont les détails restent à préciser, relève l’influent magazine l’Usine Nouvelle.  « On ne peut pas parler d’investissements. Plutôt de rustines pour soutenir à bout de bras un secteur fragile » bien que « parallèlement SNCF Réseau bénéficie de crédits pour rajeunir le réseau, ce qui bénéficie au fret », commente-t-il.

IMG_20210826_135104234Rame SNCF Réseau de ballast ferroviaire en chargement aux carrières de la Loire Delage à Bellegarde-en-Forez (Loire) après réactivation d'un section de quelques kilomètres. A une vingtaine de kilomètres à l'est, côté Rhône, les carrières  de La Patte à Courzieu-Brussieu, qui extraient aussi du ballast ferroviaire, viennent en revanche d'être privées de toute desserte ferroviaire directe depuis deux ans en raison du refus de rénovation de la section de la ligne de la Brévenne (ex-Lyon Saint-Paul-Montbrison).  ©RDS 

 C’est le Conseil d’orientation des infrastructures qui recommandera à l’Etat les sections de lignes et installations destinées au fret qui bénéficieront du milliard annoncé. On saura alors quelles lignes « capillaires », quelles installations terminales embranchés, quelles plateformes de transport combiné ou chantiers multimodaux en bénéficieront.

 Frédéric Delorme, président de Rail Logistics Europe, holding des activités fret de la SNCF, commente, dans l’Usine Nouvelle : « Nous avions demandé la création de 15 plates-formes de transport combiné, mais visiblement les investissements serviront à moderniser et étendre celles qui existent ». Il souligne néanmoins que désormais « la visibilité que nous avons jusqu’en 2024 est exceptionnelle dans notre secteur ».

Deux-tiers des utilisateurs de transport de fret se déclarent satisfaits

Parallèlement, l’activité paraît connaître de meilleurs jours, en témoignent en particulier les taux de chargement des trains de conteneurs relevés dans l’axe rhodanien ces dernières semaines.

IMG_20210806_145233275A Orange, deux illustrations du fret ferroviaire en cette année 2021. A g., entrepôts de chargement abandonnés depuis des années, illustration de l'effondrement des parts de marché du chemin de fer, sciemment organisé au bénéfice de la route par les gouvernements successifs. A d., rame de conteneurs pleinement chargée, filant à belle vitesse vers Avignon et au-delà. Au fond, s'amorçait la ligne de contournement d'Avignon par Carpentras vers l'Isle-Fontaine de Vaucluse et Cavaillon, malheureusement déferrée. ©RDS  

Le baromètre de perception des chargeurs, réalisé en partenariat avec l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret) montre que du point de vue des chargeurs, les efforts des acteurs du ferroviaire sur la période sont globalement salués en matière de qualité de service puisque 65 % sont très satisfaits ou satisfaits. Les chargeurs « notent également une proactivité plus forte des transporteurs pour répondre à leur besoin », relève Thierry Marty, cadre supérieur honoraire de la SNCF.

 Dans ce baromètre, les chargeurs expriment de fortes attentes en matière d’innovation, notamment la mise à disposition des données et la traçabilité des marchandises. 62 % des personnes interrogées estiment que l’environnement est un critère qui favorise le report modal pour le transport ferroviaire à moyen terme.

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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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