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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
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19 juin 2025

Evolution des réseaux de tramway dans le Sud : 1 - Dynamisme à Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux

Tandis que l’idée de RER métropolitains, rebaptisés Services express régionaux métropolitains pour englober jusqu’au covoiturage, a été lancée en novembre 2022 par Emmanuel Macron, soit déjà  deux ans et demi et que leur concrétisation s'éloigne toujours plus, les villes ayant des projets de lignes de tramway se raréfient. Mode de transport hautement productif, d’une emprise au sol modeste (système monotrace) et ne consommant que de l’électricité, dans la plupart des cas non embarquée, il est complémentaire, voire substitutif aux services sur le réseau ferré national.

 Raildusud fait un point à moins d'un an des élections municipales et intercommunales sur les réseaux ferrés urbains des principales villes de la moitié sud du pays, de leur dynamisme… ou de leur blocage. Si Lyon, Marseille, Nice et Bordeaux continuent d’étendre leur réseau de tramway ou de l'optimiser, Grenoble semble à l’arrêt malgré de vains projets successifs et une récente timide optimisation, Montpellier paraît financièrement étranglée par son concept de gratuité, Toulouse préfère investir dans le métro lourd et Avignon attend les prochaines élections. Quant à Nîmes, Clermont-Ferrand et surtout Toulon, la route tient toute la place : le tramway (proprement dit, sur rails) est pour l’instant relégué aux oubliettes.

 Dans ce premier chapitre, nous synthétisons les initiatives des trois réseaux de tramway les plus dynamiques de cette France méridionale : Lyon, Marseille et Bordeaux. Nous viendrons ensuite sur les réseaux en stagnation et les villes qui rejettent des projets de tramway ferroviaire.

- Lyon : priorité à l’Est et aux rocades.- Les élus EELV au pouvoir à Lyon et sur sa métropole ont, contrairement à d’autres, résolument opté pour le tramway alors que les quatre lignes de métro n’ont reçu cette dernière décennie que deux nouvelles stations, au sud de la ligne B.

 A ce jour, le réseau de tramways compte huit lignes sur 61,8 km de lignes physiques et 106 stations : T1 à T7 et RhônExpress (RX) desservant l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry en long tronc commun avec la T3.  Une ligne T8 est à l’état de projet. Elle serpentera au nord-est, de Vaulx-en-Velin à Gare de Vénissieux (8,1 km, 12 stations) pour mise en service en 2030. Une ligne T9 radiale de banlieue courant de Vaulx-en-Velin La Soie à Charpennes-Charles Hernu (11,5 km, 19 stations) est en cours de construction. Une ligne T10 de semi-rocade courant de Gare de Vénissieux à Halle Tony Garnier (7,8 km, 14 stations) est en cours de construction. Enfin, la ligne T6 de rocade Est est en cours d’extension pour bouclage.

Extensions et créations de lignes : la métropole de Lyon paraît la plus dynamique en terme de volontarisme ferroviaire urbain. A l'exception notable - et très regrettable - de l'ouest vers le Ve arrondissement et Tassin, un partie qui abrite plusieurs grands ensembles résidentiels sociaux.

 En revanche, la ligne de tramway largement souterrain reliant la presqu’île au plateau du Ve arrondissement et à Alaï (Tassin) reste pour l’instant  à l’état de projet malgré des études relativement avancées. L’Ouest lyonnais, jadis desservi par l’importante ligne du FOL (Fourvière Ouest-Lyonnais) entièrement démembrée, reste le parent pauvre du transport public ferré malgré le service – inachevé - du train-tram amorcé à la gare  Saint-Paul et réalisé (rénovation, électrification, cadencement) sur deux branches, vers Sain-Bel et Brignais. La troisième branche, vers Lozanne, reste exploitée par autorails thermiques avec rupture de charge à Tassin. Le statut de l’exploitation et la tarification restent ceux du TER, l’intégration au réseau urbain restant lettre morte.

-  Marseille : un maillage en extension.-  La métropole phocéenne compte trois lignes de tramway totalisant 13 km de lignes physiques et 32 stations, après avoir compté une centaine de lignes dans les années 1930. La ville de Marseille, 850.000 habitants, est la plus étendue des grandes villes françaises avec 240,62 km2, soit 2,3 fois la surface de la ville de Paris.

 L’extension de ce réseau est bien plus modeste qu’à Lyon, mais réelle.  La ligne T3 est en cours de prolongement à ses deux extrémités,  d’Arenc à Capitaine Gèze au nord, soit trois nouvelles stations,  de Place Castellane à  La Gaye au sud, soit huit nouvelles stations. Elle constituera ainsi un véritable axe nord-sud, qui n’atteindra malheureusement toutefois pas encore, au sud, le campus de Luminy.

 Des projets sont actés  par les autorités compétentes, après de nombreux atermoiements.  De Capitaine Gèze à La Castellane au nord (ne pas confondre avec Place Castellane) soit cinq nouvelles stations dont une en correspondance TER (Saint-André) ; une nouvelle ligne de National (T2) à Arenc et Belle-de-Mai par Saint-Charles ; une nouvelle extension de la T3 au sud, de  La Gaye à La Rouvière mais n’atteignant toujours par le campus de Luminy ; enfin, eu centre-est, une extension de la T2 de Place de Rome à Quatre-Septembre. Reste à connaître leur calendrier précis de réalisation.

 D’autres avant-projets, en rien confirmés, sont évoqués,  en particulier le long de la corniche de Quatre-Septembre à La Pointe-Rouge par la plage du Prado, axe routier largement engorgé, de La Blancarde à Général Ferrié pour mailler le centre-sud,  des Caillols à La Valentine pour la T1 à l’est.

Projets d'extensions ou de créations de lignes portés par la métropole de Marseille sur la ville de Marseille. (Doc. Wikipedia)

 En revanche, toujours sous l’autorité de la métropole Aix-Marseille-Provence, la transformation de l’ancienne voie ferrée du RFN d’Aubagne à La Bouilladisse est en cours sur 14 km et 11 nouvelles stations, remarquable initiative qui compètera les 2,8 km de la ligne existante à Aubagne devrait être mise en service en fin d’année. Une liaison entre le réseau d’Aubagne et la ligne T1 de Marseille est vaguement évoquée.

- Nice : le péri-urbain s’impose.-  Réseau de tramway de Nice compte à ce jour quatre lignes sur un réseau physique de 24,2 km et 46 stations. La ligne 2, de Port Lympia à l’Aéroport est souterraine dans sa partie est, donnant un service proche de celui d’un métro.

 L’ouest de Nice, qui compte d’importants quartiers péri-urbains résidentiels sociaux, le centre administratif, l’aéroport et bientôt une gare TGV-TER moderne a vu en début d’année 2025 une restructuration des services de lignes tramway qui le desservent.  La ligne 2, qui se séparait en deux branches à Grand Arenas  pour rejoindre l’Aéroport et le centre administratif Cadam, a perdu sa branche Cadam pour se concentrer sur la desserte Port Lympia-Aéroport. La ligne 3, qui se contentait de relier l’aéroport à la plaine du Var, devient une ligne reliant Port Lympia à Saint-Isidore dans la vallée du Var en tronc commun (en partie souterrain avec la ligne 2. L'ancien terminus de la ligne 2 à la station Cadam est désormais desservie par un nouveau service indicé « B » à partir de l’Aéroport, desservant seulement six stations et en correspondance avec les lignes 2 et 3 à Grand Arenas.

 Avec deux lignes en long tronc commun, l’axe est-ouest en partie souterrain se rapproche de plus en plus d’un service de métro, d’une remarquable efficacité pour cette ville s’allongeant démesurément le long de la côte avec des étroitures topographiques entre collines parfois abruptes et mer, en zone densément urbanisée.

Nouvelle configuration du réseau de tramway de Nice depuis janvier 2025... En attendant l'extension vers Cagnes-sur-Mer dans les années qui viennent, à l'ouest le long de la côté avant remontée vers la ville haute. (Doc. Lignes d'Azur)

Mais outre cette restructuration des services sur le réseau physique existant, une prolongation de ligne et la création d’une quatrième et d’une cinquième sont à l’ordre du jour.

  La ligne 3 devrait être prolongée côté nord dans la vallée du Var de Saint-Isidore à Lingostière, station de la ligne des Chemins de fer de Provence à l’horizon 2030.

 Une ligne 4 est annoncée pour mise en service progressive de Cadam à Cagnes-sur-Mer par Grand Arénas et la gare nouvelle de Nice Saint-Augustin,  sur 7,3 km et 18 stations dont quatre sont communes avec les lignes 2 et 3. La mise en service est annoncée entre 2028 et 2030.

 Une ligne 5 est prévue entre Nice Palais des Expositions  et Drap, sur la vallée du Paillon. Longue de 7,6 km, elle comprendrait 16 stations.  Sa mise en service progressive est annoncée de 2026 à 2028 par sections successives : Pont-Michel (ligne T1) à Ariane Nord ; Ariane Nord-La Trinité ; Palais-des-Expositions-Pont-Michel ; La Trinité-Drap (correspondance TER).

On soulignera enfin la densification des missions périurbaines des Chemins de fer de Provence, entre Nice CP et la vallée du Var, avec le grave inconvénient d’une séparation entre la gare de Nice CP et la ligne T1 du tramway urbain en raison de l’abandon de la gare historique monumentale et de la mise en retrait du terminus de la ligne Digne-Nice.

- Bordeaux : optimisation des services sur le vaste réseau existant.- Bien que ne se situant pas dans l’une des trois régions d’étude de Raildusud, Bordeaux (Nouvelle Aquitaine) présente un intérêt particulier en matière de tramway. La capitale aquitaine dispose d’un vaste réseau physique de 79 km et 135 stations desservies par quatre lignes : A, B, C et D. Plus long linéaire des trois villes étudiées, devant Lyon, il atteint d’ores et déjà de grandes banlieues ainsi que l’aéroport.

 Si la récente extension de la ligne A jusqu’à l’aéroport de Mérignac est acquise depuis 2023 (5 km, cinq nouvelles stations) l’évolution du réseau physique laisse désormais place à une restructuration des missions sur le réseau existant. Des lignes E et F sont annoncées pour septembre 2025, nouveaux itinéraires sur les infrastructures existantes moyennant de nouveaux appareils de voie et  un renforcement du Pont de Pierre cette année. Cet ouvrage, achevé sous Louis XVIII en 1820, long de 427 m, a déjà dû être renforcé en raison d’une lente tendance à l’enfoncement.

Plan général du réseau de transport urbain de Bordeaux en ce printemps 2025. Les quatre lignes de tramway figurent en traits épais. Les deux lignes supplémentaires viendront se superposer au réseau existant, créant des services directs qui éviteront des correspondances. L'une d'elle, la ligne F, renforcera les liaisons entre les deux rives de la Garonne. (Doc. TBM)

 La ligne E reliera Floirac Dravemont à la gare de Blanquefort par le Pont de Pierre, soit une liaison magistrale est-nord-ouest renforçant les liaisons entre les deux rives de la Garonne, empruntant les voies des lignes A puis D (brièvement) et C. La ligne F reliera pour sa part la gare Saint-Jean à l'aéroport par le nœud de la Porte de Bourgogne, empruntant les voies des lignes C, D, puis A.

(En vignette : abondance de rames de tramway à Lyon Part-Dieu, côté place de Francfort.)

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Prochain article: "Evolution des réseaux de tramway dans le Sud : 2 - Ces villes entre stagnation et refus"

 

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Commentaires
T
Je pense que vous pouvez retirer Bordeaux de la liste des villes dynamiques…Depuis l’election de mr Humric tous les projets de développement ont été annulés…<br /> -ligne des boulevards<br /> -ligne vers Gradignan<br /> -ligne vers Lacanau<br /> …….<br /> 6 ans d’immobilisme
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M
Cher lecteur,<br /> <br /> En effet, mais la créations de lignes sur l'existant reste un progrès... Quand à l'élu que vous citez, son avenir politique paraît assez incertain.<br /> <br /> Merci pour votre contribution.<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> La rédaction<br />
T
Merci pour cet article intéressant.<br /> A Nice, une électrification de la partie péri-urbaine des CP est-elle envisageable? Gabarit des tunnels en particulier?
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L
Pas d'électrification prévue, en revanche de nouvelles automotrices Stadler équipées de batteries devraient arriver d'ici 2028, justement pour fonctionner en mode électrique dans la partie urbaine
P
A Bordeaux, il manque cruellement des lignes (bus, tramway) circulaires, au-delà des barrières.
Répondre
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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