Lyon : réseau unifié à l’échelle du Rhône, métro renforcé mais non étendu, réseau de tramway fortement développé
Grandes manœuvres à Lyon à un an et demi avant la fin du mandat municipal et métropolitain. Si l’extension du réseau de métro est désormais bloquée elle va bénéficier d’un plan d’augmentation de sa capacité. La priorité est par ailleurs donnée à l’extension du réseau de tramway avec trois lignes en cours de construction : T6 nord, T9 et T10, et à celle du réseau d’autobus avec en particulier l’inclusion de Brignais dans le réseau d'autobus de la métropole. Enfin, alors que l’autorité organisatrice, le Sytral, a vu sa compétence élargie à l’ensemble du département du Rhône (au sens de circonscription administrative de l’Etat) l’exploitant va être à son tour unifié en septembre 2025 avec réunion des trois entités actuelles sous la marque et la tarification TCL.
La marque TCL étendue à tout le département
La marque TCL et sa tarification seront désormais le seul référent pour le transport public, hors TER, dans les 262 communes des collectivités territoriales métropole du Grand Lyon, département du Nouveau Rhône et communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Saône. Il s’agit donc de la nouvelle étape de « unification complète du réseau Sytral Mobiliés sous une seule marque emblématique : TCL », s’est félicité Bruno Bernard, président du conseil métropolitain du Grand Lyon et président du Sytral.
Cette unification concerne près de deux millions d’habitants. Contrairement à son voisin de Grenoble, le Sytral a tenu à maintenir le capital marque des TCL, qui existe depuis 1974. Cette décision contraste avec celle du SMMAG de la région voisine de Grenoble, qui, en fusionnant les réseaux de la métropole et celui de l’intercommunalité Le Grésivaudan, a changé la marque commerciale, désormais RESO. Lyon et le Rhône ont préféré maintenir la référence géographique (Transports en commun de Lyon) contrairement à Grenoble (or tous les réseaux de transport peuvent se dénommer « Reso »).
Autocar Cars du Rhône de la ligne 2Ex (Chazelles-sur-Lyon - Gorge-de-Loup) à Saint-Symphorien-sur-Coise. Désormais ce service, déjà accessible avec titre de transport TCL sur la partie de son parcours incluse dans la métropole du Grand Lyon (de Gorge-de-Loup à Thurins), sera entièrement inclus dans la tarification et sous la marque TCL. ©RDS
Désormais sur la circonscription départementale de l’Etat du Rhône, existera un seul réseau, un seul abonnement et une tarification unique. Le Sytral décide d’accorder la gratuité « aux publics les plus vulnérables » et aux enfants jusqu’à 10 ans, contrairement à Montpellier qui l’a étendue à tous ses résidents moyennant une perte de recettes évaluée à plus de 40 millions d’euros par ans par la chambre régionale des comptes. Un abonnement à 10,5 € par mois sera proposés « aux personnes en situation de précarité ».
Le nouveau réseau fusionnera donc les lignes des TCL actuels, celles des Cars du Rhône (interurbain départemental) et celles du réseau Libellule, de l’agglomération de Villefranche-sur-Saône. Il comptera 5.000 agents, quelque 1.500 autobus et autocars, 130 rames de tramway et 108 rames de métro. Le nombre de services routiers scolaires s’élèvera au total à 550, conséquence en particulier de la fusion des petits collèges dans de grands ensembles scolaires éloignés des bourgs et des villages.
Pas d’extension du métro, mais son renforcement
Retour dans la métropole du Grand Lyon avec ses quatre lignes de métro, trois sur roulement mixte pneu-fer (A, B, D), une sur roulement fer et partiellement à crémaillère (C). La mandature actuelle a abandonné toute idée d’extension du réseau, en particulier celle de la création d’une ligne E vers le 5e arrondissement et Tassin, à l’ouest, portée par la précédente équipe. La dernière extension, de deux stations et 2,4 km au sud de la ligne B jusqu’à Hôpitaux sud, remonte à octobre 2023. Le Grand Lyon se distingue ainsi de Toulouse, qui a lancé le chantier de sa 3e ligne de métro, cette fois à roulement fer et grand gabarit.
Le choix du Sytral relève d’une posture stratégique qui vise à privilégier le réseau de tramways, principalement à l’est de l’agglomération qui connaît le plus de problèmes sociaux. A l’ouest, la substitution du projet de métro E par une ligne de tramway largement souterraine, reste à l’état d’étude.
Rame de la ligne T1 franchissant le Rhône par le pont Raymond Barre, peu avant son terminus à la station Debourg. Cette dernière est commune aux lignes T1 et T6, laquelle va être poursuivie en rocade vers le nord. ©RDS
En revanche, le Sytral a lancé un vaste plan de modernisation du réseau de métro actuel, long de 34,55 km, à l’horizon 2035. Ce plan est doté d’une enveloppe de 1,7 milliard d’euros. La ligne A, la plus fréquentée avec quelque 250.000 voyageurs par jour en moyenne, sera automatisée comme vient de l’être la ligne B (205.000 voyageurs par jour en moyenne) et comme l’est depuis sa mise en service en septembre 1991 la ligne D (290.000 voyageurs par jour en moyenne).
Outre le gain de fréquence théoriquement permis par l’automatisation, les lignes A, B et D verront la composition de leurs rames portées à quatre caisses, gagnant en capacité d’emport. La conversion de la ligne B à quatre voitures contre deux actuellement sera effective courant 2025. Au total, la capacité du réseau de métro devrait croître de 65 %.
Quatre lignes de tramway vont ouvrir, toutes côté Est
Côté tramway, le Sytral poursuit l’extension du réseau à grand pas. Il rejoint ainsi Nice, qui étend son réseau loin vers l’ouest par une ligne de littoral qui rejoindra Cagnes-sur-Mer, ou Marseille qui étend ses lignes, mais se distingue de Montpellier, qui ne compte pas aller au-delà de la mise en service de sa ligne 5 dont le projet initial a été par deux fois réduit. Il se distingue aussi de Grenoble qui ne parvient pas à décider l’extension de son réseau, pourtant urgente, vers ses périphéries en plein développement.
A Lyon, plusieurs lignes sont en cours de construction avec annonce d’une mise en service de trois d’entre elles en 2026, soit à la fin de la mandature municipale et métropolitaine en cours. Soulignons qu’aucune perspective précise n’est annoncée pour la ligne de tramway vers Tassin. L’Ouest de Lyon reste à la traîne dans la politique du Sytral.
Ligne T6 nord, en 2026.- Une ligne T6 nord est annoncée pour fin 2026, entre Hôpitaux Est et La Doua, bouclant ainsi, avec 11 nouvelles stations, la première rocade de tramway intérieure au périphérique Est. Prolongeant la ligne T6 existante, elle desservira quatre des plus importants pôles urbains de la métropole : les Hôpitaux Est (plus de 5.000 emplois), la place Grandclément, le quartier des Gratte-Ciel et le domaine universitaire Lyon Tech La Doua – Insa Lyon (25.000 étudiants). Cette ligne T6 complétée sera en correspondance avec les métros A, B, D, les tramways T1, T3, T4, RX (Rhônexpress) et le futur T9.
Ligne T9 en 2026.- La ligne T9, précisément, annoncée pour 2026, reliera Vaulx-en-Velin La Soie et son pôle d’échange à Charpennes par un coude via le nord. Cette ligne interne à cette banlieue desservira en particulier le nord de Vaulx-en-Velin « Grande Île » et sera en correspondance avec les métros A et B, les tramways T1, T4, T3, T7, RX ainsi que le futur prolongement de la T6 sus-mentionné. Il est prévu qu’elle atteigne quelque 38.000 voyages par jour.
Ligne de semi-rocade interne à la banlieue nord-est de Lyon, la T9 aura une fonction de valorisation et de désenclavement pour une commune - Vaulx-en-Velin - dont les difficultés sociales sont manifestes. (Doc. Sytral)
Ligne T10 en 2026.- La ligne T10, enfin reliera la gare de Vénissieux au secteur Gerland (Lyon 7e) au sud-est de la métropole. Elle aussi est annoncée pour 2026. Elle sera en correspondance avec les métros B et D et avec les tramways T1 et T4. Elle accompagnera les opérations de requalification de coeur de ville des communes de Vénissieux et Saint-Fons, les transformations des quartiers prioritaires Arsenal et Carnot Parmentier inscrits au « Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain » (NPNRU) et le développement de zones d’activités économiques et industrielles. Elle desservira les bassins d’emploi de la ZAC de l’Arsenal, de la vallée de la Chimie, du Biodistrict de Gerland avec la ZAC Techsud, ainsi que le port Edouard Herriot.
Schéma de la future ligne T10, en semi-rocade interne au sud-est de l'agglomération lyonnaise. Le concept est proche de celui de la T9 : valoriser et désenclaver des zones à forte activité et marquées par de notables difficultés sociales. ©RDS
Ligne T8 en 2030.- En 2030 devrait être mise en service une ligne T8 qui reliera Vaulx-en-Velin la Soie et la gare de Vénissieux. Longue de 8,1 km et dotée d’une douzaine de stations, cette ligne permettra de mailler l’ouest du territoire métropolitain avec des correspondances multiples : T2, T5, T9, T10, Métro D et Composée d’une douzaine de stations, sur un tracé de 8,1 km, la future ligne de tramway T8 offrirait une fréquence d’environ 10 min en heure de pointe avec un temps de parcours entre les deux terminus d’environ 21 min. Cette ligne va permettre de mailler ce territoire avec une liaison avec les tramways T2 + T5 + T9 et T10, ainsi que le métros D et A.
Avec une fréquence aux 10 mn en heures de pointe et un parcours de 21 mn de bout en bout, elle devrait participer au développement des zones économiques de Bron, Saint-Priest et Vénissieux. Son coût est annoncé à 245 millions d’euros.
Bus C10 à Brignais mais extension du TTOL à Givors au point mort
Notons enfin que de nombreux projets de lignes d’autobus sont en cours d’exécution, tant BHNS que classiques. En grande banlieue, on notera en particulier l’extension de la ligne C10 de Saint-Genis-Laval à Brignais. Cette ligne permet de rejoindre Bellecour par Oullins Centre et la rive droite du Rhône, offrant une alternative au Train-Tram de l’Ouest Lyonnais (TTOL) qui relie Lyon Saint-Paul à Brignais en passant par Gorge-de-Loup, Tassin et Francheville.
On soulignera que l’extension du TTOL jusqu’à Givors permettrait une alternative ferroviaire aux flux Saint-Etienne-Lyon, facilitant l’accès à l’ouest lyonnais aux habitants de la Loire et inversement. Elle est actuellement au point mort malgré la présence d’une plateforme intacte.
Reste que le réseau du TTOL relève de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec exploitation par SNCF Voyageurs sous le régime TER. Son intégration dans le système Sytral, pourtant logique, reste en suspens.