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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
24 septembre 2022

Saint-Etienne-Clermont-Ferrand : le collectif « letrain634269 » a mené un été d'actions pour la réouverture de Boën-Thiers

Les actions du collectif « letrain634269 » pour la rénovation et la remise en service intégrale de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand se sont poursuivies cet été sur les marchés de la région concernée. Les défenseurs de la réouverture des 48 km neutralisés depuis juin 2016 entre Boën et Thiers étaient en particulier en juillet à Noirétable. Ce 25 septembre, ils investissent le marché de Saint-Rémy-sur-Durolle, à 8 km de Thiers. Il s’agit pour les élus, habitants et associations membres de cette organisation de maintenir la pression tandis que se poursuivent les deux études, entièrement financées par la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’une sur les potentialités commerciales, l’autre sur la nature des travaux à mener et leur coût.

 Cette ligne numérotée 784.000 au catalogue du Réseau ferré national relie exactement Clermont-Ferrand à Saint-Just-sur-Loire (132 km), où elle se raccorde à la radiale Roanne-Saint-Etienne actuellement exploitée en simples navettes TER. La longueur totale du parcours ferroviaire entre la métropole auvergnate et son homologue stéphanoise s’établit exactement à 145 km.

 Seules sont actuellement exploitées en navettes TER trains les sections extrêmes Saint-Etienne-Boën à l’est et Clermont-Ferrand-Thiers à l’ouest. Ces sections sont privées du trafic de transit entre les deux extrémités, reportées sur route avec une forte perte de clientèle. Par ailleurs, les navettes TER trains maintenues de part et d’autres sont complétées par des navettes autocars dont les temps de parcours sont nettement supérieurs à ceux du train.

La gare de Noirétable, rénovée et équipée d’un écran dynamique, ne voit passer aucun trafic

 Le 23 juillet, les militants de « letrain634269 » étaient sur le marché de Noirétable, cité située au faîte de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. La manifestation a été largement couverte par les médias, en particulier France3. La gare de Noirétable, actuellement sans aucun trafic, située au-dessus du bourg, à 722 m d’altitude, a été rénovée et dotée d’un écran dynamique d’annonces digitales partiellement financé par l’Union européenne, et son bâtiment ravalé, peu de temps avant la suspension du trafic. Même les autocars de substitution de la desservent plus.

Jean-Marcel Ferret, médecin du sport qui traita l'équipe de France de football pendant une décennie et familier de la région, est un ardent soutien de la réouverture de la totalité de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. Ici à Noirétable courant juillet. (Doc. "Letrain634269")N

 Noirétable est connue à la fois pour son marché, pour ses industries du bois, pour son casino et pour son établissement religieux, objet de pèlerinages, à quelques kilomètres dans les abondantes forêts voisines. Sa gare est dotée d’un vaste espace occupé par l’ancien faisceau marchandises, signe de l’activité passée au service de l’industrie et de l’élevage de la région.

 « La distribution des nouveaux dépliants a reçu un accueil très favorable de la part de la population qui dans sa très large majorité s’est montrée enthousiaste et concernée par la nécessité de rouvrir la section Thiers-Boën suspendue depuis 2016 », rapportent les responsables du collectif « letrain634269 ». Ils ont souligné auprès de la population que la suspension de l’offre ferroviaire entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, en juin 2016, est un cas unique en France : « Il faut que soit réparée en urgence la plus consternante et absurde suspension ferroviaire française de ce début de XXIe siècle entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne, les deux seules métropoles françaises qui ne soient pas reliées entre elles. »

 Le 23 juillet était présent au marché de Noirétable Jean-Marcel Ferret, chevalier de l’Ordre national du Mérite, né à Lyon et qui a des attaches dans la région, médecin du sport français particulièrement connu pour avoir notamment suivi l’équipe de France de football entre 1993 et 2004. Il a tenu à affirmer son soutien en faveur de la réouverture du tronçon Boën-Thiers.

L’avantage de la relation Lyon-Thiers par Noirétable est d’être plus courte et de desservir trois métropoles

 Notons que la relation Lyon-Clermont-Ferrand  par Saint-Etienne et Noirétable s’établit à 201,6 km contre 220,8 km par l’itinéraire via Roanne et Saint-Germain-des-Fossés. L’itinéraire par Saint-Etienne a l’avantage de desservir trois métropoles – à supposer que soient rétablis des trains directs Lyon-Clermont-Ferrand par Noirétable comme s’était le cas à la fin du siècle passé, les relations étant alors équilibrées en (faibles) fréquence entre les deux itinéraires.

 De plus, l’itinéraire par Noirétable dessert l’ouest de la plaine du Forez, avec en particulier les agglomérations actives de Montbrison (qui fut préfecture de la Loire) et de Boën. Donc, outre sa fonction inter-métropolitaine, elle revêt une fonction de desserte fine au bénéfice de deux territoires – est du Puy-de-Dôme et ouest de la Loire – dont les habitants doivent désormais utiliser des autocars aux horaires et aux missions difficilement déchiffrables, et aux temps de parcours allongés.

DSC04927La gare de Boën (au fond) est actuellement le terminus de six navettes quotidiennes de et vers Saint-Etienne... sauf les samedis et dimanches, les habitants de Boën étant  ces jours-là reportés sur des autocars dont les temps de parcours sont au moins 20 minutes supérieurs à ceux du train. Elle fut pourtant gare d'arrêt de trains Lyon-Clermont-Ferrand mais aussi gare de correspondance avec le réseau à voie métrique des Chemins de fer du Centre vers Saint-Germain-Laval, Roanne et Vichy, qui franchissait le Lignon par le viaduc métallique au premier plan. A d., les bâtiments d'une importante usine de roulements à billes, qui fut cliente du rail avec embranchement particulier aujourd'hui à l'abandon. ©RDS

Le collectif « letrain634269 » entend « accompagner la dynamique et le renouveau en faveur du train » et dénonce « cette fracture territoriale et sociale à l’heure où l’urgence climatique et la complémentarité des bassins de vie sont au cœur des préoccupations de chacun ». Pour lui, « cette véritable colonne vertébrale des mobilités bas carbone doit être au service d’une équité territoriale digne et durable au cœur de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour un million d’habitants ». Selon les calculs de Raildusud, 850.000 habitants sont concernés entre Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, les deux métropoles incluses, mais quelque 2,2 millions d’habitants si l’on y inclut la métropole voisine de Lyon.

Les deux études sont entièrement financées par le Conseil régional

 A ce jour, la section Boën-Thiers, longue de 48 km, est l’objet de deux études. L’étude technique vise à  identifier les travaux à entreprendre et à en chiffrer le coût. Menée par le gestionnaire d’infrastructure pour le compte de la région Auvergne-Rhône-Alpes, elle implique une reconnaissance à pied, par des agents de SNCF Réseau, de la plateforme et des ouvrages d’art.

 Aux dernières informations,  seul un pont-rail métallique sur le Durolle poserait problème. La section Boën-Thiers compte 16 tunnels et huit ponts ou viaducs, ainsi que de nombreuses sections en déblai. Entamée en avril 2022, cette étude devrait être publiée à la fin de l’année en cours.

DSCN2625Halle marchandises de la gare de Sail-sous-Couzan, depuis des années en ruine après incendie. Cette gare, à quelques kilomètres de Boën côté Thiers, connaissait une activité fret importante grâce aux expéditions d'eaux minérales. La disparition de leur exploitation a privé le rail d'un client important. ©RDS

 L’autre étude, dite d’opportunité, est menée par le Cerema (Centre d’études sur les réseaux,  les transports, l’urbanisme et les constructions publiques), établissement public national basé à Bron (Rhône). Elle vise à évaluer le potentiel de fréquentation de la ligne – qui dépendra largement de la fréquence de sa desserte et de la qualité de ses correspondances – et des besoins de mobilité des territoires qu’elle dessert. Entamée elle aussi en avril dernier, elle devrait être publié en fin d’année.

 Sécurisation des passages à niveau en faveur des automobilistes

 Par ailleurs, SNCF Réseau a effectué des travaux de sécurisation  de neuf passages à niveaux sur la section neutralisée, afin d’offrir aux automobilistes un surface de roulement plane. Les sections de rails ont été déposées et un revêtement neuf appliqué. Cette opération ne présume en rien de l’avenir : les rails existants, les traverses et le ballast ont vocation à être enlevés si une restauration de la ligne est décidée… et financée.

 Enfin, depuis septembre, SNCF Réseau a entrepris de dégager la végétation qui a envahi la voie, sur les sections les plus humides, en particulier aux abords des passages à niveau, sur les ponts et aux entrées des nombreux tunnels.

Thiersl-2021-10-16-133552_001Aperçu d'une ligne intermétropolitaine de 145 km concernant 2,2 millions d'habitants (Lyon, Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et intercommunalités intermédiaires) dans une France supposée être l'une des premières puissances économiques mondiales. Ici, signal de fin de voie exploitée à proximité de Thiers. ©RDS/POM

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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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