L’association « Letrain634269 », soutenue par de nombreux élus, qui milite pour la réouverture de la section centrale de la ligne ferroviaire Saint-Etienne-Clermont-Ferrand lance une nouvelle campagne de mobilisation alors que se poursuivent les deux études préalables à d’éventuels travaux, financées par la région Auvergne-Rhône-Alpes à hauteur de 300.000 euros.
Il reste 48 km de ligne de montagne à restaurer
En juin 2016, le trafic fut suspendu entre Montbrison et Thiers, soit 65 km en raison de la dégradation de la voie, laissée en déshérence depuis des années. En 2018, grâce à la mobilisation des élus et à la participation financière de la communauté d’agglomération Loire Forez Agglomération, fut rouverte la section Montbrison-Boën, longue de 17,5 km, dont la voie avait été rénovée. Demeure donc un hiatus inexploité de 48 km, partie la plus montagneuse de la ligne qui suit la vallée du Lignon depuis Boën jusqu’au faîte du parcours, à Noirétable (722 m d’altitude), puis rejoint la vallée de la Durolle jusqu’à Thiers. Sur cette section occidentale Noirétable-Thiers, longue de 22 km, la ligne présente neuf tunnels et sept ponts ou viaducs.
Rails rouillés et envahis par les herbes en gare de Noirétable, au sommet de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. Dans les années 1970, cet établissement voyait passer, outre des trains amorcés à Saint-Etienne, trois autorails directs quotidiens Lyon-Clermont-Ferrand, complétant la trame via Roanne. ©RDS
Dans l’attente des résultats de l’étude technique et de l’étude commerciale, lancées sous l’égide du conseil régional, l’association Letrain634269 avait lancé un premier événement ce printemps. Les 26 et 27 mars avaient été organisées deux grandes marches sur la voie ferrée neutralisée, l’une depuis Thiers, l’autre depuis Boën, avec rencontre le dimanche en gare de Noirétable, où avaient été prononcés les discours des responsables associatifs et des élus mobilisés. Les habitants de chaque commune traversée étaient invités à rejoindre la randonnée ferroviaire au fur et à mesure de son avancée.
Un dépliant distribué sur les marchés présente un argumentaire complet
Cet été, l’association va au-devant des habitants concernée en distribuant une documentation sur les marchés. Un dépliant présente un argumentaire complet en faveur de la rénovation et de la réouverture de la ligne, ainsi que des informations sur l’association Letrain634269, ses buts, ses soutiens (élus, associations…). Il sera distribué dans de nombreuses localités intéressées par le service ferroviaire. « Il s'agit d'aller à la rencontre des habitants et des touristes cet été sur les marchés de la région entre Clermont-Ferrand et Saint-Étienne et de distribuer les nouveaux dépliants de l'association », expliquent les responsables de l’association.
Le lancement de l'opération est fixé samedi 23 juillet à partir de 9 h 00 lors du marché de Noirétable. Une deuxième date est prévue le jeudi 28 juillet sur le marché de Thiers. D’autres suivront.
Reproduction de l'une des deux pages du document d'information qui va être distribué sur les marchés des communes jalonnant la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand, en commençant par celui de Noirétable, le 23 juillet. Sont visés les habitants mais aussi les touristes amateurs de cette partie des monts du Forez, réputés pour leur tranquillité, leurs paysages, la richesse de leur histoire.
Par ces opérations, l’association compte populariser son combat pour la réouverture d’une liaison ferroviaire entre deux métropoles de la même région Auvergne-Rhône-Alpes, qui dessert de surcroît des localités intermédiaires actives. Le service routier qui remplace les trains disparus est hétérogène et dissuasif. Les dessertes fines, aux temps de parcours interminables, sont dissociées des trois dessertes directes entre les deux métropoles, qui empruntent l’autoroute sans arrêt intermédiaire.
Des services d’autocars hétérogènes et souvent dissuasifs, une autoroute très fréquentée
Les services routiers desservant les localités intermédiaires affichent un temps de parcours de 2 h 40 mn contre 1 h 50 mn (avec six arrêts intermédiaires) par train quand la ligne était encore en service. Les quelques services directs Saint-Etienne-Clermont-Ferrand ignorent les localités du parcours, creusant un peu plus leur relégation en matière de service public.
Letrain634269 souligne dans son document que les statistiques de fréquentation de l’autoroute reliant les deux métropoles prouvent que les flux potentiels du rail sont importants : 24.000 véhicules empruntent chaque jour l’A89 qui les relie. Notons que l’A89 est notoirement difficile d’accès pour les habitants de plusieurs localités intermédiaires.
Voici un aspect du service public de transport régional entre Saint-Etienne et Clermont-Ferrand, ici à Chabreloche, à quelques kilomètres de Noirétable côté Puy-de-Dôme. L'espace d'attente des autocars TER est pour le moins minimaliste. Il convient de noter que la gare n'était plus desservie depuis bien avant la neutralisation de la section Boën-Thiers. L'arrêt terminus des autocars départementaux est situé plus bas dans le village. ©RDS
L’association souligne que la ligne ferroviaire, qui vit circuler des autorails directs Lyon-Clermont-Ferrand par Saint-Etienne, dessert une population importante. Les intercommunalités directement desservies par cette ligne longue de 144 km (Saint-Etienne Métropole, Loire Forez Agglomération, Le Pays d’Urfé, Thiers Dore et Montagne, Dore et Allier, Clermont Auvergne Métropole) présentent une population cumulée de quelque 850.000 habitants. Il convient d’y ajouter des intercommunalités proches, telles Forez-Est, voire Lyon Métropole et ses 1,4 million d’habitants. Par ailleurs, la fréquentation touristique de cette région riche en histoire et en villégiatures de moyenne montagne est notable. La chalandise directe peut donc être évaluée au million d’habitants, à bien plus encore si on y agrège Lyon et sa métropole.
L’importance des soutiens à la réouverture
Par sa documentation distribuée sur les marchés, Letrain634269 fait aussi connaître l’importance des soutiens à la réouverture de la ligne. Toutes les intercommunalités citées plus haut soutiennent l’association, auxquelles il faut ajouter 23 municipalités, les deux départements de Loire et Puy-de-Dôme, 11 autres associations ou services publics parmi lesquels la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), établissement public d’Etat. Outre les élus territoriaux, plusieurs élus nationaux soutiennent publiquement l’action en faveur de la réouverture.
Première manifestation réclamant la réouverture de la section Boën-Thiers, en février 2021, réunissant associations et syndicats. Elle a été suivie par les deux "grandes marches" de mars 2022 qui avaient convergé à Noirétable. Aujourd'hui, l'heure est à la popularisation des objectifs et des moyens. (Doc. PEM)
L’action obstinée de Letrain634269 et des associations solidaires vise à faire cesser l’absurdité que constitue la suppression des services ferroviaires entre deux métropoles aussi proches – et de surcroît appartenant désormais à la même grande région -, situation probablement unique en Europe.
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(1) A ce sujet, on peut se reporter à cet article de Raildusud :
Deux événements marquent l'avancée vers une éventuelle réouverture de la ligne inter-métropolitaine Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. Lundi 21 mars, en l'hôtel de région de Clermont-Ferrand le vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes délégué aux mobilités, Frédéric Aguilera, a présidé une réunion de présentation du cahier des charges d'une réhabilitation de la section Boën-Thiers, fermée à tout trafic depuis juin 2016.
http://raildusud.canalblog.com
http://raildusud.canalblog.com/archives/2022/03/24/39401163.html
Quand je vois le montant des études, je trouve ça super cher et les délais super longs. C'est normal dans le domaine ferroviaire ou ce sont les bureaux d'études qui se font plaisir?
J'ai fait des études de trafic routier et on est toujours très loin de ces montants là.