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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
13 avril 2021

Les transports en commun ne sont pas des lieux de contamination au Covid-19 contrairement à l’automobile, selon l'étude ComCor

Confirmant plusieurs études menées à l'étranger, un nouvelle étude française vient de montrer que les transports en commun ne sont pas associés à un risque de surinfection par le SARS-CoV-2, le coronavirus à l’origine de l’épidémie dite Covid-19. En revanche, circuler en automobile à plus d'une personne représente un sur-risque, démontrant que la voiture individuelle, par son exigüité et la difficulté à la désinfecter, représente un lieu à risques.

Cette nouvelle analyse qui innocente les transports en commun est patronnée par l’Institut Pasteur, la Cnam, l’Inserm…

 Cette nouvelle analyse intermédiaire qui confirme que l’emprunt des transports publics ne constitue pas un facteur de risque a été réalisée dans le cadre du projet ComCor qui réunit l’Institut Pasteur, la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), l’institut de sondages Ipsos, l’Institut Pierre Louis d'Epidémiologie et de Santé Publique (IPLESP, affilié à l’Inserm et à la Sorbonne). ComCor vise à « décrire les lieux et les circonstances de contamination ».

DSCN2173

Vue de l'intérieur d'une rame Alstom Citadis X05 courte du tramway d'Avignon. Malgré leur longueur de seulement 24 mètres, ces véhicules ferroviaires offrent un volume important, gage d'une faible concentration de passagers. Ils pourront être allongés si nécessaire. ©RDS

 L’analyse couvre la période du 1er octobre 2020 au 31 janvier 2021, soit quatre mois. Elle inclut 77 208 participants avec infection aiguë par le SARS-CoV-2, hors personnels soignants (8,2 % des personnes contactées par mail par la CNAM).  Elle permet de décrire les lieux et les circonstances de contamination. Elle compare également les comportements de 8.702 de ces cas avec ceux de 4.351 témoins identifiés par Ipsos et appariés sur l’âge, le sexe, le lieu, et la date.

 Ses résultats confirment une tendance déjà relevée précédemment : « Les transports en commun ne sont pas associés à un sur-risque d’infection. » ComCor estime que s’il n’y a pas de sur-risque documenté dans les transports en commun, c’est « probablement parce que les gestes barrières peuvent y être respectés. » Mais d'autres raisons sont avancées par ailleurs.

Si les transports en communs ne sont pas associés à un sur-risque, l’usage d’une voiture à plusieurs (covoiturage) l’est à… + 58 %

Si les transports en commun n’ont pas été associés à un sur-risque d’infection, le covoiturage l’a été à hauteur de + 58 %... Ce terme désigne, dans le cadre de l’étude, tout partage d’un trajet en véhicule entre amis ou entre proches ainsi que les déplacements organisés via des plateformes ou opérateurs de covoiturage. Dans les prochaines versions de l'étude ComCor, une différenciation sera réalisée entre les usages en véhicule partagé entre proches d’une part et les usages organisés via des plateformes et opérateurs de covoiturage d’autre part.  « Attention au covoiturage qui reste une circonstance importante et stable de transmission au cours de la période d’étude », préviennent les auteurs.

Covid Etude Infections TPTableau récapitulatif des statistiques sur les orgines des infections au coronavirus chinois de l'épidémie SARS-CoV-2 publié par l'enquête ComCor sur les quatre mois automne-hiver. La colonne de droite montre que l'usage de l'automobile (hors autosolisme) dépasse nettement la moyenne des cas, comme les voyages à l'étranger, au contraire de l'usage des transports en commun ou des déplacements inter-régionaux, tous items inférieurs à 1. (Doc. ComCor - cliquer sur l'image pour voir les détails)

 Quelque 45 % des personnes infectées interrogées par ComCor connaissent la personne source qui les a infectées, 18  % suspectent un évènement particulier sans connaître la personne source de l’infection, et 37 % ne savent pas comment elles se sont infectées. « Quand la personne source est connue, il s’agit avant tout d’une source intra-domiciliaire (42 %), puis d’une source extra-domiciliaire qui relève de la famille élargie (21 %), d’une source professionnelle (15 %), d’amis (11 %) ou autre (11 %) », précisent les auteurs (1).

 Les réunions privées, avec famille élargie et amis, et le travail en bureaux partagés constituent les circonstances de transmission du virus les mieux identifiées.  Les repas, aussi bien en milieu privé que professionnel, sont les circonstances les plus fréquemment rapportées à l’origine de ces transmissions. « On note que le sur-risque associé aux réunions privées diminue entre octobre et janvier, témoignant sans doute d’une meilleure gestion des risques par les participants lors de ces réunions », poursuit la conclusion.

L’origine d’une infection n’est que pour 5 % à l'extérieur ; commerces, culture et lieux de culte ne présentent pas de sur-risque

L’analyse de plus de 10.000 contacts uniques extra-domiciliaires à l’origine d’une infection montre que ce contact a eu lieu à l’intérieur fenêtres fermées dans 80 % des cas, à l’intérieur fenêtres ouvertes dans 15 % des cas, et à l’extérieur dans seulement 5 % des cas, peut-on lire.

Les cours en amphithéâtre ou en salle pour la formation continue, le sport en extérieur, et la fréquentation des lieux de culte, des commerces, et des salons de coiffure, n’ont pas été associés à un sur-risque d’infection. La fréquentation des lieux culturels n’a pas été associée à un sur-risque d’infection pendant la période où ils étaient ouverts (octobre). Le risque n’a pas pu être réévalué depuis leur fermeture en novembre, cela va de soi.

 L’étude ComCor concorde avec la littérature épidémiologique consacrée à la Covid-19 depuis un an. En Autriche, une étude de 297 foyers infectieux suspectés (« clusters » en globish) en avril et mai par des responsables de la santé publique a révélé qu'aucun n'était lié aux transports en commun.

A Tokyo, aucun cas de patient infecté lié aux métros, traditionnellement bondés

 A Tokyo, où les responsables de la santé publique ont agressivement traqué et isolé les contacts des patients infectés, aucun n'était lié aux métros, traditionnellement bondés.
 A Singapour, le coprésident du groupe de travail national Covid-19, a publié une conclusion selon laquelle « le risque de propagation du virus lors de rassemblements et d'interactions sociales est beaucoup plus élevé que dans les transports publics où les gens portent des masques ».

Tokyo MétroEntrée d'une station de la ligne Marunouchi du métro de Tokyo. Cet été, une étude a montré qu'aucune infection n'avait été directement liée à l'usage du transport public dans la mégapole japonaise. (Doc. tokyocheapo.com)

 A New York, l'analyse des données de recherche des contacts par le commissaire à la circulation a révélé que seulement 4% des 1.300 admissions à l'hôpital pour virus au début de mai avaient utilisé les transports en commun récemment. (2)

Dans une étude de Santé Publique France sur Paris publiée en juillet, 1 % des 386 foyers infectieux étaient liés au transport en commun

 L’analyse de 386 foyers infectieux par Santé Publique France, effectuée de mai à juillet à Paris, a révélé que seulement 1 % d’entre eux étaient liés à l’usage des transports en commun, soit quatre au totale. Un lieu ou un événement  est considéré comme foyer infectieux à partir du moment où trois nouveaux cas lui sont liés.

 A New York, la ville la plus frappée par la mortalité liée au coronavirus aux Etats-Unis,  l’analyse par le directeur de la circulation et des transports de la municipalité, Sam Schwartz, de 1.300 hospitalisations pour atteinte au coronavirus début mai, a montré que seulement 4 % des patients avaient utilisé les transports publics récemment (sans que cet usage ait nécessairement été à l'origine de leur infection).

Les études de traçage des contacts des personnes porteuses du virus issues de centaines de foyers infectieux en France, en Autriche et au Japon, concluaient déjà l’année dernière que moins de un pour cent des « événements super-contagieux » renvoyaient aux transports publics. La probabilité de contracter le virus du rhume paraît ainsi infiniment supérieure sur les lieux de travail clos, dans les restaurants ou dans les débits de boissons.

Les personnes parlent peu dans les transports publics, l’air des TGV est renouvelé toutes les 2 minutes 30 secondes

 Les scientifiques expliquent ce différentiel en relevant d’abord que les personnes utilisant les transports publics ne demeurent qu’un temps relativement bref pour les parcours urbains ou péri-urbains, ceux qui affichent les densités d’occupation les plus élevées. Or la durée d’exposition aux micro-organismes (ou aux polluants chimiques, d’ailleurs) est un facteur clé de l’intensité de l’intoxication qu’ils sont susceptibles de provoquer, et donc de l’efficacité de la réponse du système immunitaire pour ce qui est des virus et bactéries. Pour les parcours à longue distance, les entreprises ferroviaires ont maximisé le renouvellement de l’air ambiant, déjà élevé. Dans les TGV de la SNCF, l’air est renouvelé toutes les 2 minutes 30 secondes. Les exploitants ont optimisé l’entretien et la désinfection des véhicules : nettoyage, désinfection par brumisation…

DSCN3814Rame TGV Duplex SNCF à Valence-TGV. La SNCF a poussé le renouvellement de l'air à son maximum, les nettoyages se doublent de désinfection, de nombreuses courses sont dotées d'un agent opérant en cours de route pour l'élimination des déchets. Les bars sont fermés, limitant les interactions entre voyageurs: attroupement au comptoir, passages dans les voitures intermédiaires... ©RDS

 Les spécialistes relèvent par ailleurs que dans les trains, tramways, métros ou bus les utilisateurs parlent peu. Or les conversations constituent un facteur clé de dispersion des micro-organismes dans  l’environnement par les personnes porteuses, et particulièrement par celles affichant une charge. D’autant plus que désormais dans les transports publics les masques sont obligatoires dans la plupart des pays, ce qui réduit encore les taux d’émissions de micro-organismes.

 Se précipiter dans une automobile au lieu de prendre le train, le tramway ou le métro paraît donc sanitairement plus risqué, si l’on est plus d’un. Sans parler du risque d’accident de la route (3.500 morts par an environ), du risque d’intoxication chimique puisque l’habitacle d’une automobile en milieu urbain est l’un des lieux les plus pollués, et du temps perdu dans les embouteillages.

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(1) Lien vers le résumé de l'étude ComCor :

ComCor : Etude des facteurs sociodémographiques, comportements et pratiques associés à l'infection par le SARS-CoV-2

L'étude ComCor est une étude menée par l'Institut Pasteur en partenariat avec la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, l'institut Ipsos et Santé Publique France. Analyse intermédiaire, au 1er mars 2021 L'étude ComCor, qui couvre à ce jour la période du 1 er octobre 2020 au 31 janvier 2021, inclut 77 208 participants avec infection aiguë par le SARS-CoV-2, hors personnels soignants (8,2% des personnes contactées par mail par la CNAM).

https://www.pasteur.fr

(2) Lien vers le précédent article de Raildusud évoquant ces études :

Toutes les études convergent : trains, métros, tramways ne sont pas des foyers de transmission du coronavirus - Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est

Les études se suivent et se ressemblent. Elles montrent que les transports publics, urbains ou à longue distance, ne sont pas des vecteurs de contagion au coronavirus.

http://raildusud.canalblog.com

 

 

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  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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