Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
24 janvier 2021

Saint-Etienne-Clermont-Ferrand : manifestation le 31 janvier à Boën pour refuser la fermeture définitive de Boën-Thiers

 L’interruption de tout trafic sur la section centrale (48 km) de la ligne  Saint-Etienne-Clermont-Ferrand (145 km) en juin 2016 restera l’un des gros points noirs de la mandature régionale qui s’achève en Auvergne-Rhône-Alpes. A ce jour, plus aucun train ne circule entre Boën et Thiers. Une forte mobilisation s’est manifestée depuis, avec une série d’actions (1) qui se poursuivent en ce début d’année. Le dimanche 31 janvier, le Collectif Clermont-Ferrand-Thiers-Boën-Saint-Etienne-Lyon organise un important rassemblement en gare de Boën pour exiger la réouverture au trafic de cette ligne qui relie deux métropoles de la même région, Clermont-Ferrand et Saint-Etienne, et au-delà entre l’Auvergne à l’ouest et la vaste métropole lyonnaise à l’est.

« Si d’ici juillet 2021 rien ne bouge, la section sera fermée »

 Ce rassemblement est d’autant plus important, estiment les organisateurs, que « si d'ici Juillet 2021 rien ne bouge, la section sera fermée », confie Pierre-Olivier Messner, l’un des responsables du Collectif. Il s’agirait alors d’un véritable coup de poignard pour cette région active qui perdrait ainsi un axe structurant essentiel. Retirée du catalogue du Réseau ferré national où elle figure sous le numéro 784.000, la section formellement « fermée » ne serait plus entretenue que pour assurer la sécurité des tiers et sa réouverture impliquerait une longue et coûteuse procédure, très peu probable.

 Les conseils départementaux de la Loire et du Puy-de-Dôme soutiennent cette manifestation, de même que les intercommunalités du Pays d'Urfé (Saint-Just-en-Chevalet) et de Thiers-Dore-Montagne (Thiers), qui comptent respectivement 5.200 et 37.500 habitants. La municipalité de Boën soutient depuis le début l'action pour la réouverture de la section neutralisée.

Affiche mobilisation du 31 janvier pour la réouverture Thiers-Boën_page-0001-min

Affiche appelant à la manifestation du 31 janvier 2021 en gare de Boën, contre la fermeture définitive de la section Boën-Thiers, qui condamnerait tout retour des trains. 

 Officiellement fermée, Boën-Thiers rejoindrait, dans le vaste cimetière français des infrastructures ferroviaires régionales abandonnées, la section Commentry-Moulins, autre ligne structurante de la même région officiellement « fermée » voici un an et demi.

 Raildusud a plusieurs fois évoqué le scandale que constitue, pour ces territoires, la liquidation cynique de cette ligne transversale qui, il est vrai, n’a jamais connu de circulations voyageurs de et vers Paris, un défaut apparemment rédhibitoire pour les « gestionnaires » du réseau le plus centralisé d’Europe. Pourtant, la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand concerne directement 860.500 habitants, si l’on additionne les populations des intercommunalités et métropoles desservies. (2)

Le « très grand Lyon » cumule trois millions d’habitants, le Puy-de-Dôme 655.000 habitants

 Le potentiel est encore bien plus élevé si l’on estime que le très grand Lyon (métropole de Lyon, Nouveau Rhône, ouest Ain, nord-Isère et métropole de Saint-Etienne) compte près de trois millions d’habitants. De l’autre côté, le département du Puy-de-Dôme seul en compte 655.000. La ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand permet de relier Lyon et la préfecture du Puy-de-Dôme en 204 km contre 229 km via Roanne et Saint-Germain-des-Fossés, soit un raccourcissement de la distance de 25 km ou 11%. Quant aux relations Saint-Etienne-Clermont-Ferrand, elles sont actuellement éclatées entre trois services de bus TER directs, de rares services de bus omnibus et quelques trains sur les deux moignons de ligne Thiers-Clermont-Ferrand et Boën-Saint-Etienne.

 Les chiffres des populations desservies donnent une idée de la dimension considérable de la zone de chalandise de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. Ces données semblent avoir échappé aux comptables parisiens des ministères des Finances, des Transports et de SNCF Réseau. Ensemble, ils préfèrent depuis 80 ans la liquidation à l’investissement productif et, pour les régions « périphériques », la route et ses accidents, au rail et sa sécurité.

DSCN2614Panneaux indicateurs de direction sur le quai de la gare de Boën. Plus aucun train ne continue vers Clermont-Ferrand, Boën étant le terminus des circulations en provenance de Saint-Etienne, depuis la remise en service du tronçon Montbrison-Boën fin 2018, deux ans et demi après la neutralisation de Montbrison-Thiers. Il aura fallu que l'intercommunalité cofinance le quart des 8,3 millions d'euros nécessaires à la rénovation de ces 18,4km de voie unique pour rétablir ce service ferroviaire... qui ne circule ni les samedis, ni les dimanches, le relais étant pris par des cars bien plus lents et inconfortables. ©RDS

 Le sort de la section Boën-Thiers constituera un thème porteur pour la campagne des élections régionales qui auront lieu en juin prochain. Avec la suppression de tout trafic sur la section bi-régionale Oyonnax (Ain)-Saint-Claude (Jura), elle constitue l’un des gros points noirs de la mandature qui s’achève. La Fnaut-AuRA, qui fédère des associations d’usagers de la région Auvergne-Rhône-Alpes dénonce, dans le bulletin Fnaut-Infos de janvier 2021, ces « deux fermetures de petites lignes qui coupent le réseau » mais aussi la « suppression des comités de lignes ».

A Fnaut-AuRA dénonce « la priorité donnée à la route » par le conseil régional

 Tout en reconnaissant l’action positive de la vice-présidente du conseil régional chargée des Transports depuis 2018 Marie Guibert (UDI, élue du Cantal), qui a repris langue avec les associations et constitué des comités de bassins, la Fnaut-AuRA dénonce la priorité donnée à la route par le conseil régional en place. « Certes le président de région (Laurent Wauquiez, NDLR) a pris acte de l’abandon de l’A45 entre Saint-Etienne et Lyon mais la route est toujours prioritaire : aménagement à 2x2 voies de la RN 88 (Lyon-Toulouse) pour 235 millions d’euros, large subventions aux aéroports régionaux, soutien à la gare ex-urbanisée d’Allan-Montélimar (sur la LGV Méditerranée, NDLR) ».

 Certes, les régions ne sont pas (encore) propriétaires de lignes du réseau ferré national dont le financement revient théoriquement à l’Etat. La sélectivité négative du bras ferroviaire de l’Etat qu’est SNCF Réseau aux dépens de l’investissement dans les « petites » lignes (UIC 7 à 9) paraît révoltante pour des populations privées désormais de la plupart des services publics qui jadis les desservaient : postes, banques, trésor public, gares ferroviaires…

DSCN2613

Affiche installée en gare de Boên, vantant l'investissement régional pour le confortement du viaduc d'Andrézieux-Bouthéon sur la Loire, long de 159 mètres. Si la région Auvergne-Rhône-Alpes s'affirme ici comme "le premier financeur du plan de sauvetage des petites lignes TER", elle n'est pas allé jusqu'à investir dans le sauvetage des 48 km séparant Boën de Thiers, il est vrai délibérément sacrifiés par l'Etat et un gestionnaire d'infrastructure, SNCF Réseau, en manque criant de financements. ©RDS

 Reste que l’investissement compensatoire des conseils régionaux dans ce réseau ferroviaire permet, dans plusieurs régions, de palier la démission délibérée de l’Etat. Ce n’est plus le cas en Auvergne-Rhône-Alpes pour les deux sections de lignes précitées, bien que durant les mandatures précédentes cette région ait assez largement investi pour les infrastructures ferroviaires, en particulier pour cette autre ligne transversale qu’est celle du Sillon alpin, Chambéry-Grenoble-Valence.

- - - - -

(1) Sur les manifestations de l'automne pour la réouverture de la section Boën-Thiers :

L'affaire Boën-Thiers prend un tour politique : manifestations pour la réouverture, indignation contre les déposes de voie - Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est

Le chemin de fer, voie royale du réveil des territoires abandonnés par l'Etat et ses " services publics " ? Avec la forte mobilisation en faveur de la réouverture de la section Boën-Thiers de la ligne régionale structurante Saint-Etienne-Clermont-Ferrand, après celle du Haut-Allier qui a permis de sauver la partie centrale de la ligne Nîmes-Clermont-Ferrand, plusieurs signes démontrent une prise de conscience nouvelle.

http://raildusud.canalblog.com

(2) Notre étude sur l'interruption de la relation ferrée Saint-Etienne-Clermont-Ferrand et ses conséquences :

Saint-Etienne-Clermont-Ferrand : le transfert sur route le plus inique de ce début du XXIe siècle - Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est

Le transfert sur route de la liaison ferroviaire la plus courte entre les deux métropoles de Saint-Etienne et Clermont-Ferrand est sans doute la décision la plus inique de la hiérarchie ferroviaire française en ce début d'un XXIe siècle qui pourtant en a vu d'autres.

http://raildusud.canalblog.com


 

Publicité
Publicité
Commentaires
J
les régionales ne changeront rien, Laurent Wauquiez n'a jamais fait du train sa priorité (il préfère dépenser des dizaines de millions pour gagner 10 minutes sur la n88). Paradoxalement, il était au lioran pour soutenir les exploitants de ski pendant la manifestation (autre ligne sncf bien délaissée, pourtant un bijou du PO construite à la sueur par les ouvriers de Wilhelm Nördling) .<br /> <br /> Contrairement à la région occitanie, nouvelle aquitaine qui se bougent un peu, on en est encore au tout bagnole ou des cars escargots au fond du cantal et à l'ouest de clermont...Les politiques régionaux et nationaux ont depuis longtemps fait une croix sur cette région, a part quelques résistants comme Mr Chassaigne.
Répondre
F
Les régionales sont une occasion très favorable pour obliger les élus et candidats à se mouiller très concrétement.Secouez les, votre combat est magnifique et surtout plus que légitime et justifié, tenez bon.Merci de prendre notre relève.<br /> <br /> François Jeannin, 81 ans permanent syndical cheminot Cfdt dans les années 70/75, militant national Fnaut de 1994 à 2018.
Répondre
D
C'est une très bonne nouvelle qu'il y ait enfin une défense structurée de cette ligne mais elle arrive bien tard. Quand on voit qu'il faut 2 ans pour rouvrir Epinal Saint Dié alors que les travaux ont été boostés sur injonction présidentielle, et qu'on voit les délais nécessaires aux projets de réouverture portés par la région Occitanie (presque 10 ans pour Montréjeau Luchon alors que la décision de lancer le processus de réouverture a été pris presque immédiatement par la région à la suspension de la ligne fin 2014) qu'est-ce qu'on peut bien faire en 6 mois?<br /> <br /> Est-ce que le fait de lancer les études nécessaires à la réouverture peut geler le processus de fermeture administrative?
Répondre
M
Bonjour, <br /> <br /> <br /> <br /> Dans la série des lignes ferroviaire coupées, et purement honteuses, il y a aussi Clermont-Ferrand à Ussel entre Laqueille et Eygurande Merlines. <br /> <br /> Qui coupe tous débouchés sur Limoges , Brive.......
Répondre
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité