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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
6 janvier 2021

La station TER de Nîmes Saint-Césaire, améliorée et déplacée, future porte d’entrée des quartiers rénovés de l’ouest nîmois ?

  Située à la jonction de la ligne maîtresse Tarascon-Sète et de l’antenne Nîmes-Le Grau-du-Roi, la station TER de Nîmes Saint-Césaire, située dans les quartiers ouest de la commune de Nîmes, pourrait être promise à un bel avenir. Ainsi que Raildusud l’indiquait dans un article récent consacré à la ligne sous-exploitée Nîmes Saint-Césaire-Le Grau-du-Roi longue de 41 km (1), la station de Saint-Césaire, située à 3,77 km de la gare de Nîmes-Centre, est actuellement mal desservie et son accès est particulièrement complexe. Or, dans le cadre d’un projet de renouvellement urbain qui peine à trouver son financement, cette station devrait jouer un rôle accru et sa configuration, son emplacement et sa desserte devraient être améliorés.

La gare de Nîmes Saint-Césaire, aux abords des quartiers de Pissevin et Valdegour, parmi les plus pauvres de France

 Les quartiers environnant la gare de Nîmes Saint-Césaire sont très hétérogènes. Ils entourent un noyau médiéval appelé Saint-Césaire lès Nîmes. Une Zone à urbaniser en priorité (ZUP) y a été créée en 1961, comprenant quelque 7.500 logements répartis sur les quartiers « difficiles » de Pissevin et Valdegour. Le quartier de Pissevin, un des plus pauvres de France, compte 13.000 habitants dont 70 % vivent sous le seuil de pauvreté. Il affiche un taux de chômage de 46 %. Pissevin est inclus dans un programme de rénovation urbaine cofinancé par l’Etat. Valdegour compte 4.600 habitants. Les deux quartiers sont construits de tours – jusqu’à 20 étages – de barres et reprennent en partie les canons de l’urbanisme de dalle, aux effets négatifs bien documentés.

DSCN3387Bâtiment de la station de Nîmes Saint-Césaire, et son poste d'aiguillages. L'accès depuis la voirie s'effectue sur la droite de la vue. Le quai dédié aux TER de la ligne du Grau-du-Roi est situé à l'arrière de la prise de vue. ©RDS

 Par ailleurs, des établissements industriels et commerciaux, dont un de l’Armée de Terre, sont situés de part et d’autre des voies ferrées sur quelque 130 hectares. Si les grands ensembles d’habitation sont situés côté nord, étagés depuis le niveau de la voie ferrée vers les hauteurs, la partie basse présente un aspect chaotique. On y trouve des installations ferroviaires étendues, entre amorce de l’ancienne ligne de Sommières, voie paire de dépassement sur la ligne principale, faisceau et raccordements ferroviaires fret. L’autoroute A9 passe à proximité côté sud après avoir franchi les voies en estacade.

Le projet de renouvellement urbain « Porte Ouest » inclut une revalorisation de la station ferroviaire

 La ville de Nîmes entend lancer un projet de renouvellement urbain pour cette zone rebaptisée « Porte Ouest », dans le cadre de son plan « Nîmes Métropole 2030 ». Il est prévu de créer 4.700 logements, de favoriser l’installation d’entreprises visant 3.000 emplois nouveaux et de reprendre le maillage viaire. Début novembre, le projet de financement de ce nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) des quartiers Pissevin Valdegour, restait en suspens.

  Cette vaste opération inclut une revalorisation de la station ferroviaire de Nîmes Saint-Césaire avec son déplacement et création d’un Pôle d’échange multimodal. Cet établissement, aujourdh’ui accessible depuis un axe routier reliant le centre de Nîmes et les quartiers ouest, connut ses heures de gloire quand il gérait les circulations de trois lignes : l’axe Tarascon-Sète, la ligne de Sommières et au-delà vers Quissac et Le Vigan, la ligne du Grau-du-Roi et son affluente du Caylar à Arles. Ces lignes assuraient, outre leurs circulations voyageurs, un trafic fret conséquent.

DSCN3347Le Grau-du-Roi, terminus pour l'un des seuls deux TER quotidiens depuis Nîmes (hors saison estivale). La ligne a tout à la fois une fonction péri-urbaine, départementale et touristique. ©RDS

 La station de Nîmes Saint-Césaire a déjà vu ses installations remaniées en 2013 afin de dégager les voies de l’axe principal du stationnement des TER de la ligne du Grau-du-Roi. Une troisième voie à quai fut construite, nettement décalée vers l’ouest par rapport au bâtiment voyageurs, permettant d’amorcer la ligne à voie unique côté Nîmes-Centre avant l’arrêt des TER. Des aiguillages de et vers le Grau-du-Roi furent néanmoins maintenus côté Montpellier, permettant un croisement éventuel des circulations Grau-du-Roi à Saint-Césaire. Cette réorganisation présente le gros inconvénient d’imposer un long parcours d’approche piétonnier depuis l’accès à la gare jusqu’au quai Grau-du-Roi, moyennant un périlleux franchissement des voies de la ligne principale.

Un déplacement de 750 m vers l’ouest de la gare de Saint-Césaire, qui serait aussi l’origine de la ligne T2 de BHNS

 Cette situation acrobatique pourrait être améliorée par une reconstruction et un déplacement de la station de Saint-Césaire, prévues dans le plan masse de réorganisation de la « Porte Ouest ». Le site actuel serait abandonné et la nouvelle station transférée de 750 m vers l’ouest. La ligne forte de transport urbain (BHNS) T2 verrait son origine portée à la nouvelle gare après desserte des quartiers résidentiels et commerciaux rénovés et l’hôpital de Carémeau, qui domine l’ouest de Nîmes et emploie quelque 6.000 agents.

Gare de Saint-Césaire_LI (2)

Sur cette carte de la partie sud-ouest de Nîmes : en vert la gare de Nîmes Centre, en bleu la station actuelle de Nîmes Saint-Césaire, en rouge la situation projetée de la future station de Nîmes Saint-Césaire déplacée, de laquelle partirait une ligne de BHNS vers le nord et l'hôpital Caremeau, avant de rejoindre le centre de la ville.

 Cette nouvelle gare nîmoise, dotée de trois voies à quai  et d’une passerelle sécurisant les traversées piétonnes, servirait d’entrée pour les voyageurs provenant de Montpellier, de Tarascon, du Grau-du-Roi, leur permettant de rejoindre les quartiers ouest et singulièrement l’hôpital sans avoir à transiter par l’hyper-centre de Nîmes.

 La nouvelle gare de Saint-Césaire prendrait ainsi une place centrale dans un ouest nîmois dont le tissus urbain serait densifié et diversifié, située de plus au cœur d’un nouveau quartier. On peut espérer que son actuelle fréquentation confidentielle – 14.749  voyageurs en 2017 selon le site actuteroccitanie.com, soit une quarantaine par jour en moyenne -, serait fortement dynamisée, comme l’a été la station rénovée de Baillargues à l’est de Montpellier.

DSCN3326Gare de Nîmes Centre, côté avenue Feuchères, à proximité immédiate des arènes et de l'écusson médiéval. Le transit par ce pôle majeur de transports pour les voyageurs provenant de l'extérieur et souhaitant atteindre les quartiers ouest de l'agglomération, en particulier l'hôpital Carémeau et les nouveaux quartiers d'entreprises, ne serait plus nécessaire une fois créé le pôle multimodal de Nîmes Saint-Césaire. ©RDS

D’autant que, comme Baillargues, Saint-Césaire verrait sa desserte accrue par les TER de l’axe Tarascon-Sète et par les TER de la ligne du Grau-du-Roi, dont on espère que la fréquence sera relevée alors qu’ils desservent d’importantes communes de la périphérie nîmoise et, l’été, l’ensemble balnéaire qui court de Port-Camargue à la Grande-Motte.

L’hypothèse d’une réouverture de Saint-Césaire-Sommières reste envisagée par les élus nîmois

 Concernant la ligne de Sommières, la communauté d’agglomération Nîmes-Métropole a voté une dotation de 30.000 euros pour une étude sur l’opportunité du rétablissement d’une desserte de la voyageurs – par train-tram ? - rejoignant Sommières. Cette ligne, longue de 25,06 km, desservait à partir de Saint-Césaire les localités péri-urbaines aujourd’hui résidentielles de Caveirac, Langlade, Saint-Dionisy, Nages, Calvisson, Congéniès et Junas. Ces communes intermédiaires affichent près de 18.000 habitants, outre Sommières qui compte 5.000 habitants (mais 23.100 pour son intercommunalité). La ligne a été fermée aux voyageurs en janvier 1970, déclassée en 1991.

Profils des lignes Nîmes-Sommières-Le Vigan et Montpellier-Sommières-Alès. Ces infrastructures desservaient en particulier les communes devenues péri-urbaines situées entre Montpellier et Nîmes, au nord de la plaine, sur les premiers plateaux calcaires. Pour l'instant, seule la section Saint-Césaire-Sommières et l'objet d'une réflexion, très en amont d'une très éventuelle réouverture...

 Rappelons qu’aux dernières nouvelles, les sections de lignes fermées (Montpellier) Les Mazes-Sommières et Montpellier-Paulhan situées sur le territoire de la métropole de Montpellier ont été versées au domaine de cette dernière. Les élus métropolitains sortants, non renouvelés, envisageaient de les transformer en voies vertes. Il semblerait que la solution ferroviaire reste encore une hypothèse plus plausible dans la tête des élus du côté de Nîmes que du côté de Montpellier.

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Commentaires
D
Rouvrir la ligne de Sommières est une idée séduisante mais il semble difficile d'assurer une exploitation avec une cadence horaire (le minimum pour attirer du monde en périurbain), sans aménager un croisement intermédiaire.La desserte fait 50km AR depuis la bifurcation; sachant qu'il est difficile de faire mieux que du 60km/h de moyenne sur une ligne régionale au profil montagneux, cela ne laisse pas beaucoup de marge pour le demi-tour à Sommières (avec des arrêts intermédiaires en plus). Eventuellement une desserte diamétralisée avec 2 rames, amorcée à Remoulins (ou Vers Pont du Gard) et se croisant entre Nîmes et Saint Césaire pourrait être envisagée.<br /> <br /> Il faut aussi que les sillons entre Nîmes et Saint Césaire existent.
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T
"La ligne [de Sommières] a été fermée aux voyageurs en janvier 1970, déclassée en 1991."<br /> <br /> Existe-t-il des antécédents de lignes déclassées puis reclassées? De quel processus administratif parle-t-on?<br /> <br /> Qu'en est-il de la propriété des emprises?<br /> <br /> J'ai du mal à envisager les ambitions juridiques du projet, qui a un grand intérêt.
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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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