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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
22 octobre 2020

Toutes les études convergent : trains, métros, tramways ne sont pas des foyers de transmission du coronavirus

 Les études se suivent et se ressemblent. Elles montrent que les transports publics, urbains ou à longue distance, ne sont pas des vecteurs de contagion au coronavirus. Contrairement aux idées reçues qui incitent à une individualisation encore plus forcenée des déplacements, elle-même source d’accidents, de pollution, de gaspillage d’espace et d’appauvrissement, le nombre de foyers infectieux de coronavirus (« clusters » en globish) identifiés dans les transports publics est extrêmement minoritaire par rapport aux autres types de milieux, familiaux, récréatifs, professionnels…

L’APTA montre l’absence de corrélation entre le nombre de cas et l’augmentation de la fréquentation du métro de New York

 L’American Public Tranportation Association (APTA) a publié en septembre un rapport qui constitue une recension des recherches sur le sujet de la transmission du coronavirus et des transports publics urbains, tant aux Etats-Unis que dans d’autres nations. Cette étude conclut qu’aucune corrélation directe n'a été trouvée entre l'utilisation des transports urbains et la transmission du virus des voies respiratoires. Une analyse de la fréquentation des transports publics dans plusieurs villes au cours des trois derniers mois ne montre aucune corrélation avec l'augmentation ou la baisse des cas locaux de coronavirus.

 Prenant à contrepied l’idée reçue d’un bénéfice apporté par le transport individuel motorisé, elle souligne que des conséquences sanitaires de long terme sont à craindre si un grand nombre de personnes passent des transports publics à la voiture privée. L’étude souligne une absence de corrélation entre l’augmentation de la fréquentation des transports en commun et le nombre de cas de coronavirus.  

CoroCourbe du nombre de cas détectés positifs au coronavirus (en mauve) et de fréquentation des métros et autobus urbains de la MTA à New York (en bleu). Une évolution de raison inverse...

L’étude reprise par l’APTA, expose le cas de New York, ville durement frappée par le coronavirus. Un spécialiste  explique que l’absence de corrélation entre le nombre de cas et l’augmentation de la fréquentation, en particulier du métro, pourrait en partie être liée principalement au fait que les passagers des transports urbains ne parlent pas entre eux, contrairement aux bars ou restaurants. Par ailleurs, leur durée de séjour dans les véhicules, dont l’hygiène a été particulièrement poussée, « est généralement courte » et « les trains présentent souvent de hauts niveaux de ventilation, effectuent de nombreux arrêtes et, dans certains cas peuvent avoir des fenêtres ouvertes ».

En France, seulement 1,2 % des 2.830 foyers infectieux recensés se situaient dans des transports

 Un long article publié par Sky News fin septembre allait dans le même sens (1). Il citait une étude effectuée du 9 mai au 28 septembre en France, qui démontrait que seulement 1,2 % des foyers infectieux au coronavirus (trois cas ou plus provenant d’un seul endroit ou d’un événement unique en sept jours) avait pour localisation un véhicule de transport public, qu’il s’agisse de trains, d’avions ou de bateaux. Les deux-tiers de ces foyers infectieux avaient été localisés dans des entreprises, des écoles, des universités, dans des réunions publiques ou privées et dans des centres de soins.

CoroRecension de l'origine des foyers infectieux au coronavirus en France début octobre. Le secteur des transports est extrêmement marginal, malgré la hausse importante de la fréquentation des trains, métros, tramways, autobus, avions...

 Sky News citait aussi Hong Kong, l’une des villes les plus densément peuplées au monde et dans laquelle le transport public (tramways, métros type RER, trains de banlieue, autobus à étages…) détient une part dominante du marché des déplacements, qui affichait un taux de cas détectés de 68/100.000, soit bien moins que les pays occidentaux tels que l’Espagne (1.602/100.000) ou les Etats-Unis (2.198/100.000).

Les trains à grande vitesse français voient leur air renouvelé toutes les deux minutes et demi

 L’expert en transports publics Mohamed Mezghani, secrétaire général de l’Union internationale des transports publics (UITP) relevait que « les réseaux de transport ont augmenté leur ventilation, ce qui les rend aujourd’hui bien plus sûrs que d’autres lieux clos ». « La ventilation n’est pas assurée par les fenêtres, ce qui fait que l’on ne la ressent pas nécessairement, puisqu’elle est effectuée mécaniquement », ajoutait-il. Il précisait enfin que « les trains à grands parcours offrent très réellement parmi les meilleures ventilations, tels les trains à grande vitesse français dans lesquels l’air est renouvelé toutes les deux minutes et demi tandis que d’autres affichent un cycle de renouvellement de cinq minutes ».

DSCN3146TGV Ouigo à Lyon-Part-Dieu. Dans les trains à grande vitesse de la SNCF, l'air est entièrement renouvelé toutes les deux minutes et demi. ©RDS

 Le docteur Julian Tang, professeur de Pneumologie à l’Université de Leicester, au Royaume-Uni, estime pour sa part que « les mesures de sécurité imposées aux transports publics du monde entier » depuis le début de la pandémie de coronavirus en ont fait « les endroits les plus sûrs du monde ». Il ajoutait : « Si les gens prenaient les mêmes précautions dans d'autres zones à haut risque telles que les rues bondées et les pubs, le nombre de cas y diminuerait. »

The New York Times : « Les métros ne peuvent pas être source de transmission » ; El Independiente : « La contagion dans les transports plus faible que prévu »

 Plusieurs grands journaux étrangers ont diffusé d’autres études qui vont dans le même sens. Aux Etats-Unis, un article du New York Times qui avait mené une enquête auprès des entreprises de transport public, rapportait le 26 août « qu’il n'y a pas eu de phénomène pandémique de grande ampleur lié aux transports en commun ». « Ces résultats pourraient être la preuve que les métros, les trains de banlieue et les bus peuvent ne pas être une source de transmission », concluait-il.

RenfeRame du réseau de banlieue de Madrid de la Renfe (Cercanias). Pour le ministère des Transports de l'Autonomie madrilène, le risque de contagion par coronavirus est compris entre 1 et 0,005%. (Doc. Wikipedia)

 En Espagne, El Independiente estimait que « pour l'instant, certaines villes suggèrent que le risque de contagion dans les transports publics pourrait être plus faible que prévu ». Il notait : « Sur la base d'une étude internationale, le ministère des Transports de Madrid assure que le risque de contagion est compris entre 1 et 0,005 %. Ce rapport prend en compte l'utilisation obligatoire d'un masque, la désinfection intensive, le renouvellement de l'air dans les véhicules et la faible interaction sociale ». Il concluait : « A Paris, aucun des 386 clusters détectés entre mai et mi-juillet n'est lié aux transports en commun. Ni à New York, ni à Tokyo, ni à Madrid. »

Au Japon, la détection des foyers infectieux n’a incriminé aucun train de banlieue, pourtant bondés

Le site Sciencemag.org rapporte pour sa part qu’au Japon, la stratégie des autorités sanitaires a été d'identifier les foyers infectieux et de déterminer leurs caractéristiques communes : « Sans surprise, ils ont constaté que la plupart des clusters provenaient des gymnases, des pubs, des salles de concert, des salles de karaoké et des établissements similaires où les gens se rassemblent, mangent et boivent, discutent, chantent et s'entraînent ou dansent, se côtoyant pendant des périodes relativement longues. Ils n'ont pas retracé de clusters dans les trains de banlieue notoirement bondés du Japon. »

UKRame class 745 de la franchise GreaterAnglia, qui dessert l'Essex, le Suffolk, le Norfolk et d'autres comtés de l'Est de l'Angleterre au départ de Londres Liverpool Street. Selon le RSSB, le risque d'être contaminé par le coronavirus dans un train est de 1 pour 11.000. (Doc. Wikipedia, SavageKieran)

 Au Royaume-Uni, une étude du RSSB (Rail safety and standards board), qui regroupe tous les intervenants du secteur ferroviaire, indique que le risque d'infection au coronavirus lors d'un voyage en train est de 1 pour 11 000, soit moins de 0,01 % (3). Son étude montre aussi que le risque est encore diminué de moitié sur les voyageurs portent un masque facial, devenu obligatoire depuis juin dans les trains britanniques, sauf exemption. Concernant la sécurité dans son ensemble (accidents, santé…), l’étude montre que, par voyageur-kilomètre, l’automobile est 25 fois moins sûre que le rail, le vélo 403 fois plus, la marche à pied 456 fois plus et les déplacements en deux roues potorisés 1.620 fois plus.

 Si l’on considère la seule transmission du coronavirus lors d’un voyage en train et qu’on la compare au risque moyen lors d’un déplacement par la route, on obtient un coefficient de risque sur route de 1,14 fois celui du rail, soit légèrement supérieur mais « certainement acceptable ». « Quel que soit le mode de transport, le risque d’attraper le virus « est très bas ».

En Allemagne, les cheminots exposés aux voyageurs sont moins contaminés que les autres

 En Allemagne, la Charité Research Organisation a mené pour la Deutsche Bahn une étude dont la première phase révèle que les agents de bord, très exposés aux passagers, sont moins affectés par le coronavirus que des agents de maintenance, sans contact avec le public. Le taux de contrôleurs ou autres agents voyageant à bord, par nature en contact étroit avec les voyageurs, testés positifs s’élève à 1,3 %. Le taux d’agents de maintenance testés positifs s’élève à 2,7 %. Rappelons que la positivité n’augure en rien une maladie déclarée.

 Selon une étude sino-britannique publiée par Oxford Academic le 29 juillet, la probabilité d'être contaminé par le coronavirus dans un train n’est que de 0,32 %, soit 3,2 pour mille. Celle de contracter le virus en s'asseyant sur un siège occupé immédiatement avant par une personne contaminée tombe même à… 0,075 %, soit 7,5 pour dix-mille cas.

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(1) Lien vers l'article de Sky News (en anglais) :

Coronavirus: Why public transport could be safer than we thought

The risk of coronavirus spreading on public transport has remained substantially low through the pandemic, several international studies have shown. Safety measures imposed on public transport around the world since COVID-19 hit have made them "the safest places on earth", Dr Julian Tang, a professor of respiratory sciences at Leicester University, told Sky News.

https://news.sky.com

(2) Lien vers l'étude du RSSB (en anglais) :

Rail still safer than road during Covid-19

Rail safety experts worry that people may be assuming the roads offer a less risky alternative during the pandemic, when in fact trains are safer and greener. Analysis by the rail safety body has shown the risk of contracting Covid-19 while travelling by train is about 1 in 11,000 journeys.

https://www.rssb.co.uk

 

 

 

 

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Commentaires
M
Merci! Crédit photo complété comme recommandé. Merci pour votre lecture. Nous accueillons avec plaisir toute suggestion et information. Cordialement, la rédaction.
Répondre
K
Bonjour ! Article très intéressant que je vais partager.<br /> <br /> <br /> <br /> Petite note importante, vous créditez les photos, déjà c'est super (même si c'est censé être normal, peu de gens le font) mais par contre, il ne faut pas créditer Wikipedia qui n'est que l'utilisateur des photos. Il faut cliquer sur la photo pour tomber sur la page donnant le pseudo ou nom de l'auteur.<br /> <br /> Pour la photo du matériel de Greater Anglia, il s'agit donc de "SavageKieran" :)<br /> <br /> C'est un détail mais important vu que Wikipedia n'est pas l'auteur des photos.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne continuation !
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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
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