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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
11 août 2020

Railcoop multiplie ses sociétaires et travaille sur d'autres projets que Lyon-Bordeaux : Toulouse-Rennes, Lyon-Thionville…*

(* mis à jour le 25 août, avec montant du capital libéré à mi-août, soit 600.000 euros, 4e paragraphe, et parcours Toulouse-Rennes via Tours et non La Rochelle ; le 26 août avec choix du parcours Lyon-Bordeaux via Aurillac, 2e et 11e paragraphes.)

 Railcoop, société coopérative d’intérêt collectif basée à Cambes dans le Lot, dévoile petit à petit sa stratégie. Porteuse du projet de rétablissement en 2022 de trains inter-régionaux entre Lyon et Bordeaux via Montluçon et Limoges (1), elle étudie l’exploitation d’autres relations voyageurs de ce type brisant la contrainte de passer par Paris et revivifiant le maillage ferroviaire du territoire. Des relations fret sont aussi dans ses cartons.

 Railcoop envisage ainsi de lancer, sous forme de services librement organisés, des trains sur d’autres relations désertées par une SNCF plus centralisatrice que jamais. La coopérative a déjà adjoint à sa notification auprès de l’ART (Autorité de régulation des transports) une liaison Toulouse-Rennes via Poitiers et Tours, Lyon-Thionville via Dijon, Culmont-Chalindrey, Toul, Nancy et Metz, et Lyon-Bordeaux via Clermont-Ferrand, Aurillac et Brive. Le choix de passer par Clermont-Ferrand plutôt que par Saint-Etienne allonge le parcours de 57km et laisse malheureusement de côté Saint-Etienne et Le Puy, dont les liaisons TER avec l'Auvergne sont pourtant calamiteuses.

  Toulouse-Rennes via Tours évitera  la section Bordeaux-Nantes qui après de longs travaux de régénération sera mise à voie  unique entre La Rochelle et La Roche-sur-Yon. Lyon-Thionville revitaliserait un service voyageurs réduit à sa plus simple expression sur la ligne la plus directe entre Lorraine et Bourgogne. Lyon-Bordeaux via Aurillac permettrait de créer une transversale est-ouest par le centre du Massif central alors que la relation via Ussel est impossible depuis la fermeture de la section Laqueuille-Ussel (et la menace sur le reliquat fret Laqueuille-Volvic).

Il faudra 5 millions d’euros pour finaliser le projet ; 500.000 euros étaient réunis mi-août

 Début août, Railcoop affichait environ 1.700 sociétaires. A la mi-août, le capital libéré s'élevait déjà à plus de 500.000 euros. Il faudrait 1,5 million d’euros en fin d’année pour financer l’obtention de la licence d’exploitation sur le réseau ferré national, et un total de 5 millions pour concrétiser la première relation voyageurs. Notons que dès 50.000 euros Railcoop peut tracter du fret sans dépasser 50 millions de tonnes/km. Il faut 200.000 euros jusqu'à 200 M.tKm et 500.000 euros au-delà.

 Pour finaliser son projet de trains de voyageurs, Railcoop devra recruter une centaine de collaborateurs et trouver le matériel roulant sur le marché de la location, en tenant compte de la contrainte des quatre rebroussements sur Lyon-Bordeaux via Montluçon.

DSCN3082Lyon-Part-Dieu : au premier plan, rame TER Corail réversible en attente de départ pour Grenoble. Outre son projet Lyon-Bordeaux via Montluçon, Railcoop travaille sur deux autres relations au départ de Lyon : vers Dijon, Nancy, Metz et Thionville ; et vers Bordeaux par Saint-Etienne, Le Puy et Aurillac. ©RDS

 Le projet Lyon-Bordeaux a été largement médiatisé, créant un fort intérêt dans le public. Les médias régionaux sont désormais relayés par des médias nationaux. France Info a récemment publié un reportage sur le sujet, comprenant un entretien avec Nicolas Debaisieux, ingénieur et directeur général de la SCIC Railcoop, et sa sœur Alexandra Debaisieux, directrice générale déléguée. Le conseil d’administration compte huit membres.

Un premier transport de fret est envisagé dès 2021 entre Figeac et Toulouse

 Le premier contrat que Railcoop envisage de passer concerne une relation fret dès 2021, soit dans la foulée de l’obtention de l’autorisation d’exploitation, « entre Figeac et Toulouse, avec des chargements de gravats ou de matériel métallique », a expliqué Alexandra Debaisieux sur France Info.

 Pour la future relation voyageurs Lyon-Bordeaux,  soit deux allers-retours de jour et un de nuit, Nicolas Debaisieux a confié au même média avoir « potentiellement identifié 690 000 voyageurs à l'année » suite à une étude de marché effectuée en collaboration avec le bureau d’études spécialisé Systra.

 Lors d’un autre entretien, avec France 3, Alexandra Debaisieux avait précisé que les rames seraient dotées d’un espace bagages important pour une clientèle bien différente de celle qui voyage par TGV via Paris, et que le prix d’appel pour la totalité du parcours Lyon-Bordeaux, en 6 h 47 mn, serait de l’ordre de 38 euros, soit environ le tiers du prix SNCF via Paris. Constituée essentiellement de voyageurs en cabotage, la clientèle proviendrait à 85 % de la route, selon l’étude de marché. Une clientèle d’affaire est néanmoins visée elle aussi, avec un espace wifi.

Railcoop veut rallier des collectivités territoriales, des entreprises

 Pour élargir son assise de sociétaires, Railcoop entend démarcher au-delà des particuliers qui pour l’instant forment l’essentiel de sas associés. La coopérative sollicité « des collectivités territoriales, des entreprises de restauration ou de tourisme des régions traversées », a expliqué Alexandra Debaisieux.

 L’exploitant du chemin de fer touristique du Livradois-Forez (Ambert-La Chaise-Dieu, et un reliquat de fret délégué à CombRail) est intéressé. L’un de ses responsables, Guillaume Sournac, a déclaré sur France Info que la future relation ferroviaire serait susceptible de drainer de nouveaux visiteurs vers le train touristique. Mais le choix de passer par Clermont-Ferrand lui est moins favorable que par Le Puy, la section (Le Puy) Darsac-Sembadel étant toute indiquée pour permettre une correspondance, plus aisée que via Vichy.

CarteExtrait d'une carte simplifiée du réseau ferré national sur laquelle on peut reconstituer les deux itinéaires Lyon-Bordeaux envisagés par Railcoop. Via Montluçon pour le projet le plus avancé, ou via Aurillac. (Doc. SNCF-Réseau)

 Ce point de vue demande à être relativisé. Il faudrait en effet pour cela établir une connexion entre le réseau du syndicat ferroviaire du Livradois-Forez (Pont-de-Dore-Ambert-La Chaise-Dieu) et la future relation Railcoop, ce qui est loin d’être acquis : l’ancienne ligne Vichy-Pont-de-Dore et fermée entre Puy-Guillaume, au sud de Vichy, et Pont-de-Dore, cette dernière gare n’étant n’est desservie que par des TER provenant de Clermont-Ferrand. L’accès de voyageurs du futur Lyon-Bordeaux au Livradois-Forez exigerait donc soit un long détour par TER via Clermont-Ferrand et établissement d’une liaison touristique au départ de Pont-de-Dore, soit un transbordement routier, entre Saint-Germain-des-Fossés et Ambert par exemple.

  Plus prosaïquement, Guillaume Sournac résume le défi relevé par la jeune société coopérative, en expliquant tout simplement que « Railcoop va où la SNCF ne va plus ». Mais elle ne pourra pas aller là où SNCF Réseau a fermé des lignes ou les laisse se dégrader. La question centrale pour les territoires marginalisés est désormais bien celle de la consistance du réseau, de son maillage et de son entretien.

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(1) Lire aussi notre précédent article :

Railcoop a déposé auprès de l'Autorité de régulation des transports son projet de trains de voyageurs Lyon-Bordeaux pour 2022 - Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est

Le projet de rétablissement de trains de voyageurs reliant Lyon à Bordeaux par Montluçon avance à pas comptés. La coopérative d'intérêt collectif Railcoop vient de déposer officiellement son projet auprès de l'Autorité de régulation des transports (ART), a-t-elle annoncé le 10 juin (1).

http://raildusud.canalblog.com

 

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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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