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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
27 juillet 2020

La SNCF mène une campagne de promotion de quelques lignes et destinations TER avec de magnifiques vidéos

 La SNCF vient de lancer une campagne destinée à valoriser tant les destinations que les itinéraires de quelques services régionaux de TER emblématiques. Ces publicités sous forme de vidéos disponibles sur YouTube sont envoyées à l’adresse internet des clients identifiés par des cartes commerciales, de fidélité ou des abonnements. Elle s'inscrivent dans un plan de relance des TER consécutif au récent confinement sanitaire.

 Ces « escapades en TER » sont présentées sous formes de vidéos remarquablement conçues malgré leur brièveté. Des images prises pour certaines par des drones ou autres engins volants mettent en valeur l’itinéraire parcouru, qui souvent peut constituer en soi un but de voyage.

 Sur une vidéo consacrée à la liaison Grenoble-Gap, les images de viaducs sont particulièrement saisissantes. Le fond sonore est judicieusement choisi.

 On peut regretter qu’elles ne présentent pas plus longuement les points de vue époustouflants que permet le parcours entre Grenoble et Veynes particulièrement : tracé quasi-hélicoïdal entre Vif et Saint-Martin de la Cluse permettant de découvrir les magnifiques barres rocheuses du Vercors au-dessus de la vallée du Gua ; au-delà de Monestier-de-Clermont, sur le parcours en balcon au-dessus du bassin du Trièves au pied du célèbre Mont Aiguille, la vue panoramique sur le massif des Ecrins et, au sud, sur l’Obiou.

 Mais la curiosité étant aiguisée, peut-être les réalisateurs développeront-ils leur sujet ultérieurement.

Vidéo promotionnelle publiée début juillet par la SNCF pour la ligne des Alpes Grenoble-Veynes et sa prolongation jusqu'à Gap. La mention suggérant une étape dans les champs de lavande paraît oublier que la fréquence de desserte rend l'exercice pour le moins aléatoire.

 Cette vidéo souligne le hiatus entre ses ressources potentielles et la négligence avec laquelle la puissance publique a traité cette ligne – comme tant d’autres – au point de menacer de la fermer voici encore six mois avant qu’un plan de sauvetage ne soit financé in extremis. Les services SNCF de la promotion des lignes à vocation touristique ont probablement voulu marquer le coup.

 Peut-être aussi sont-ils allés parcourir les lignes suisses qui, régulièrement modernisées, électrifiées et dotées de matériels d’avant-garde, allient parfaitement la fonction de transporteur local et d’attraction touristique de renommée mondiale. On pense au Montreux-Oberland Bernois (MOB), aux chemins de fer rhétiques (RhB) et à tant d’autres. Le train du quotidien peut aussi, souvent, devenir le train de l’exceptionnel.

Pour le grand Sud-Est, une belle vidéo sur la ligne de la Côte Bleue… mais qui est pour partie en travaux

 En la matière la SNCF nouvelle formule semble avoir fait un premier pas. Parmi les autres vidéos livrées récemment et concernant le grand Sud-Est, notons celle sur la ligne de la Côte Bleue qui se déploie au nord de Marseille vers Martigues et Miramas le long du massif de l’Estaque avant de franchir le célèbre viaduc de Caronte au-dessus de la passe qui relie l’étang de Berre à la Méditerranée.

 Il est toutefois regrettable que cette vidéo, qui célèbre Marseille mais aussi les ressources touristiques de la Côte Bleue, soit livrée alors que la ligne en question est partiellement fermée cet été pour travaux massifiés, seule une navette étant maintenue côté Marseille. A l’évidence, la coordination entre l’exploitant et le gestionnaire d’infrastructure laisse à désirer : limites d’une dissociation imposée par l’Europe.

Vidéo promotionnelle publiée courant juin par la SNCF pour la ligne de la Côte Bleue Marseille-Martigues (Miramas).

 La SNCF entend aussi, probablement, renouveler son image auprès des régions, autorités organisatrices des TER et probablement bientôt gestionnaires d’infrastructures pour certaines lignes qu’elles auront préemptées. Il était temps.

 A ses débuts, la SNCF avait pourtant su promouvoir ses destinations, en particulier par de célèbres affiches. Celles signées par Salvador Dali dans les années 1970 semblaient avoir clôturé la série. reste qu'il s'agissait agissait de quelques destinations touristiques connues destinées à promouvoir les trains du réseau « grandes lignes ».

Les compagnies d’avant 1938 fournissaient un énorme effort d’information et de valorisation : guides, agendas…

 Il faut remonter aux compagnies d’avant la nationalisation de 1938 pour trouver un travail de valorisation de l’ensemble des réseaux, jusque dans leurs moindres détails.

 Qu’il se fût agi de guides à la fois promotionnels et commerciaux, d’agendas accompagnés d’illustrations et de textes dignes de guides touristiques, ou encore de livrets-guides officiels du niveau des guides Hachette ou Baedeker de l’époque, le travail de mise en valeur était impressionnant. Ces ouvrages, mis à jour régulièrement, apportaient à la fois une information de fond sur les villes et paysages traversés, et une information formelle sur la façon de s’y rendre, les prix, les types de relations ferroviaires.

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Ci-dessus: reproduction des premières pages de l'agenda PLM pour l'année 1925. Un bel ouvrage relié de 304 pages alliant dans une première partie littérature touristique signée d'auteurs connus (on note les noms de Colette et Gaston Leroux), photographies et aquarelles. Dans une deuxième moitié est présenté un agenda personnel, illustré d'aquarelles et accompagné de renseignements commerciaux. (Doc. RDS)

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Ci-dessus : à g., couverture d'un livret-guide de 200 pages édité pour l'année 1914 par la librairie Chaix pour la compagnie des chemins de fer de l'Est, avec descriptifs de toutes les localités desservies, au local comme à l'international - développés et illustrés pour les principales -, suivis d'une partie commerciale. A d., sommaire  du livret-guide officiel des chemins de fer du Midi pour l'année 1932, 210 pages chez Baudelot, de conception similaire aux précédents. (Documents RDS)

 Au cours des années 1980, la SNCF a tenté de répliquer cet effort sur le terrain en organisant des trains « accompagnés » à vocation touristique (sur des circulations commerciales normales), avec guides férus d’histoire et de géographie, voire petits buffets valorisant les productions locales – la mode actuelle du « circuit court » n’a rien inventé. Une signalétique touristique avait parfois été installée dans certaines gares.

 Les lignes des Cévennes Nîmes-Clermont-Ferrand et la ligne des Alpes Grenoble-Veynes en ont profité quelques (rares) saisons. Sur la ligne des Cévennes, des circuits avaient été fléchés depuis la gare de Prévenchères (Lozère)… avant que celle-ci ne soit abandonnée : les trains ne la desservent plus depuis une trentaine d’années malgré la beauté exceptionnelle des paysages, la présence d’une église romane du XIIe siècle, d’un prieuré et la proximité du village fortifié de La Garde-Guérin.

Il reste beaucoup à faire pour valoriser le patrimoine : le contre-exemple de Roquefort

 Il reste beaucoup à faire pour valoriser le patrimoine touristique français desservi par les réseaux TER. On pense à la malheureuse gare de Tournemire-Roquefort sur la ligne Béziers-Neussargues, située à environ 2,5 kilomètres des caves historiques de Roquefort, desservie par trois allers-retours par jour de et vers Béziers ou Millau (deux jusqu’à Saint-Chély, un jusqu’à Neussargues).

 Sur place, des quais déserts sans abris, un bâtiment condamné et aucun fléchage ni itinéraire protégé pour se rendre à pied – une vingtaine de minutes – jusqu’au célèbre village encastré dans la falaise…

DSCN0868Un TER AGC provenant de Millau et à destination de Béziers entre en gare de Tournemire-Roquefort (2016). Bâtiment voyageurs condamné, pas d'abri de quai convenable ni distributeur de billets, aucune signalétique indiquant la direction du magnifique village de Roquefort, à environ 2,5 km, absence de balisage protégeant les piétons sur l'itinéraire. ©RDS

 La valorisation ferroviaire des territoires pourrait fournir du travail – et de la ressource – à beaucoup de monde. Il faudrait aussi que les régions pensent leurs services ferroviaires TER en dépassant le cadre des relations domicile-travail et en maintenant une fréquence correcte les samedis et dimanches matin.

 Enfin, si le support vidéo est convaincant, un support papier alliant quantité d’informations touristiques et données commerciales reste à concevoir.

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Commentaires
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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