Farandou et Djebbari devant les sénateurs : lente reprise du trafic après le 11 mai, révision du calendrier des travaux
La sortie de crise du coronavirus est dans toutes les têtes. Dans le secteur ferroviaire, l’impact financier est déjà considérable et tout le monde s’interroge sur le paiement de la note. Au Sénat, Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, et Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, ont été interrogés courant avril par la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable, présidée par Hervé Maurey (Union centriste). Quelques jours auparavant, toujours devant les sénateurs, c’est le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari qui avait fait le point de la situation en anticipant des mesures pour assurer « la trajectoire financière ». La Fnaut, fédération d'usagers, exige quant à elle une aide puissante au secteur ferroviaire dans l'intérêt général.
TGV à Antibes, au départ en direction de Nice. Le taux de circulation des trains à grande vitesse au coeur de la période de confinement est de l'ordre de 1 sur 14... ©RDS
A l’heure d’édition de ce texte, au plus fort du confinement, l’offre voyageurs de la SNCF est réduite à 7% des flux TGV (1 TGV sur 14 environ) et à quelque 15% des flux TER (1 TER sur 6). Des lignes régionales entières, les moins fréquentées, ne sont plus du tout desservies. La SNCF s’achemine vers une reprise progressive à partir du 11 mai avec pour premier objectif 50% de l’offre voyageurs, la montée en puissance des TER ayant la priorité sur celle des TGV. L’entreprise publique vise un trafic normal à l’été.
Outre un nettoyage approfondi du matériel Farandou plaide pour le port du masque
Jean-Pierre Farandou a expliqué aux sénateurs que cette montée en puissance sera accompagnée d’un nettoyage approfondi du matériel et du respect des gestes barrière. Le PDG de a SNCF a plaidé pour une obligation du port du masque dans les trains. Mais il faudrait pour cela que l’Etat français soit en mesure d’en fournir à la population. Les sénateurs lui ont demandé d’ajouter la mise à disposition de gel hydroalcoolique.
Au plan financier, Jean-Pierre Farandou ne se risque pour l’instant pas à chiffrer précisément les « lourdes pertes » de son groupe mais a estimé que la SNCF « tiendra » sur le plan financier. En avocat des régions et départements, le président de la commission sénatoriale Hervé Maurey a jugé que « la révision de la trajectoire financière de la SNCF et de SNCF Réseau ne devra pas conduire à remettre en cause la régénération des lignes ferroviaires, et notamment des plus petites ».
Djebbari annonce un rephasage des travaux mais affirme vouloir sanctuariser ceux des petites lignes
Plus inquiétant, la semaine précédente devant les députés, le secrétaire d’Etat aux Transports avait à ce sujet estimé que « quand cette crise sera à son terme, nous devrons tirer toutes les conséquences sur le plan financier pour le groupe et sur le plan de l'investissement ». Concernant SNCF Réseau il avait précisé, dans une belle envolée de langage technocratique, qu’il y aurait « certainement un sujet calendrier, un sujet priorisation, un sujet de rephasage des différents travaux ».
Rame AGC en gare de La Bastide-Saint-Laurent-les-Bains, au faîte de la ligne des Cévennes, en partance pour Clermont-Ferrand. Cet axe a été menacé de fermeture dès 2021 sur sa section Langogne-Saint-Georges-d'Aurac, en aval côté nord. Des mesures de sauvegarde ont été financées in extremis, principalement par Auvergne-Rhône-Alpes. La question du maintien des travaux de rénovation des lignes de desserte fine a été posée comme un impératif par les sénateurs tant devant Jean-Baptiste Djebbari que devant Jean-Pierre Farandou et Christophe Fanichet. (2019) ©RDS
De quoi accélérer, sous prétexte de virus, une énième vague de liquidation de lignes de desserte fine ? Pour éviter d’affronter une bronca des élus de « province », M. Djebbari avait affirmé dans la foulée qu’il faudrait selon lui « maintenir la priorité » sur les investissements de sécurité et les « petites lignes », ou du moins ce qu’il en reste. Plaidant pour des transports non polluants, fret ferroviaire en tête, il en avait appelé à l’Europe et à son Green Deal (plan vert), ainsi qu’à un plan de relance national.
Insuffisant pour la Fnaut, la fédération d'associations d'usagers des transports : « S’il est normal, en période de crise, que l’Etat aide les secteurs en difficulté, par exemple le transport aérien ou l’industrie automobile, il est incompréhensible que le transport ferroviaire soit exclu de son intervention. Pourquoi cette inégalité de traitement contraire à toute logique ? ». Pour elle, « les critères de choix des investissements doivent être revus en intégrant plus fortement les contraintes environnementales, par ailleurs sources d’emplois nouveaux ». Pour elle, le transport ferroviaire doit être une priorité.