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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
18 février 2020

Le patron de Keolis France vent debout contre les propositions de gratuité, « principale menace » sur les transports urbains

 L’un des principaux exploitants de réseaux de transports publics de France monte au créneau contre les projets de gratuité qui fleurissent avant les élections municipales et intercommunales de mars prochain. Frédéric Baverez, directeur exécutif de Keolis France, filiale à 70% du groupe SNCF, dénonce dans la gratuité « la principale menace qui pèse actuellement sur le   transport publics urbain », étranglé par les restrictions budgétaires.

 Un grand nombre de candidats ont fait de ce thème de la gratuité un de leurs principaux arguments de campagne, en particulier la tête de liste socialiste à Montpellier, Michaël Delafosse. Frédéric Baverez  intervenait devant le Club Ville, Rail et Transports et ses propos sont rapportés dans la livraison de mars de La Vie du Rail Magazine.

DSCN1141Rame Alstom Citadis 401 de la ligne 1 du tramway de Montpellier, place de la Comédie. Le réseau TaM de Montpellier est visé par une proposition de gratuité portée par le candidat socialiste aux élections municipales. ©RDS

La participation de l’Etat en fort recul financier, la TVA a augmenté

 Alors que la fréquentation des transports publics est en forte croissance, les appels à projet de l’Etat pour cofinancer des transports collectifs en site propre sont en fort recul financier. « L’argent investi par l’Etat dans les transports urbains diminue alors qu’il a augmenté la TVA de 5,5% à 10% », rappelle Frédéric Baverez, par ailleurs président de la commission Economie et mobilité de l'Union des Transports publics (UTP). Il relève en outre que l’Etat a « raboté une partie de la compensation du Versement transport (VT)».

  Ce « VT » est dû par les entreprises aux collectivités locales pour cofinancer les réseaux de transport public. Le seuil de déclenchement de ce versement, qui rapporte 8,5 milliards d’euros par an dont 50% pour les réseaux de « province », a été porté de 9 à 11 salariés, moyennant un engagement de compensation par l’Etat. Or,  selon le Groupement des autorités responsables des transports (GART), la loi de finances 2020 a fixé cette compensation à quelque trente millions d’euros alors qu’elle devrait se monter à 91 millions d’euros.

 Alors qu'existent de nombreux et légitimes tarifs sociaux, les propositions de gratuité surviennent donc dans un contexte très défavorable. D’autant que le taux de couverture des dépenses par les recettes commerciales « a perdu vingt points en 25 ans pour se situer à 32% en 2017,, avec une légère reprise depuis 2012 », explique Frédéric Baverez, alors que « en France, la part payée par le voyageur est loin derrière la moyenne européenne qui est de 50% ». Or les besoins de développement des réseaux, en particulier ceux en site propre, et de la fréquence, sont immenses dans les agglomérations françaises.

« Une manifestation de démagogie », « la principale menace qui pèse sur le transport public »

 Pour le directeur exécutif de Keolis France, « la gratuité constitue la principale menace qui pèse actuellement sur le transport public urbain, c’est une manifestation de démagogie qui nie la valeur de l’argent public ». D’autant qu’à offre constante, « la gratuité ne conduit pas à une baisse de l’utilisation de la voiture mais plutôt à celle du vélo et de la marche ». Selon lui, elle menace indirectement le versement transport, le patronat risquant d’en demander la suppression ou la baisse face au « populisme électoral » que constitue la revendication de gratuité.

 Les leviers principaux permettant un transfert de l'automobile vers le transport publics sont la fréquence, la capacité, l'amplitude horaire, le maillage territorial, la vitesse et la robustesse. Toutes qualités qui nécessitent de l'investissement et des ressources pérennes.

DSCN2634Rame de la ligne D Gare de Vénissieux-Gare de Vaise du réseau de Lyon TCL, second réseau français par son importance après celui de Paris, exploité par Keolis France. ©RDS 

Concernant enfin le cas de Dunkerque, plus important réseau urbain à avoir  instauré la montée sans paiement, en 2018, régulièrement invoqué par les partisans de la gratuité, Frédéric Baverez  rappelle que la hausse de fréquentation qui en est résulté (+60% en semaine) vient principalement de la marche et du vélo. Il souligne que cette mesure coûte 15 millions d’euros par an à la communauté d’agglomération, entraînant le gel du développement de l’offre, comme l’a relevé la Fnaut (fédération des usagers). On compte 29 réseaux qui pratiquent la gratuité aujourd’hui. Le directeur de Keolis France redoute qu’une vingtaine supplémentaire ne suivent, après les élections municipales.

Keolis France exploite en délégation de service public, outre de nombreux réseaux locaux,  les réseaux des métropoles de Lyon (2e de France), Lille, Strasbourg, Bordeaux et Rennes.

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Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
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