Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
3 février 2020

La Bastide-Mende-Le Monastier : le Translozérien sauvé de justesse par la région Occitanie, lancement d'une étude approfondie

 Longue de 77 kilomètres, la ligne à voie unique La Bastide-Mende-Le Monastier traverse de part en part le département de la Lozère d’est en ouest. C’est la seule ligne ferroviaire qui dessert Mende, 12.200 habitants, chef-lieu de ce département le moins peuplé de France avec ses 76.600 habitants. Cette ligne dite « Translozérien » est située tout en bas de l’échelle de trafic établie par l’UIC, ce qui signifie que SNCF Réseau refuse tout financement pour les travaux non pérennes (n’assurant pas une durabilité suffisante) et limite sa participation à 8,5% pour les travaux considérés par elle comme pérennes. On se demande donc bien à quel titre ce type de lignes demeure dans le réseau ferré « national », c’est-à-dire propriété d’un Etat qui a décidé de s’en débarrasser de la façon la plus sournoise.

Un plan de sauvetage d’urgence qui inclut le Translozérien pour 10,5 millions d’euros


 


Extrait de la carte officielle du réseau ferré national. Le Translozérien s'inscrit dans une transversale depuis Rodez jusqu'à Langogne et au-delà.

 La région Occitanie a décidé de ne pas abandonner ses services ferroviaires voyageurs de desserte fine. Dans ce cas précis l’infrastructure, privée de travaux de régénération depuis le renouvellement en 2010 de la voie sur 15km au départ de La Bastide jusqu’à Belvezet, est menacée par des ralentissements et une fermeture prochaine, ce qui peut, à court terme entraîner le report sur route des circulations TER, avec tous les risques que cela comporte dans un environnement difficile l’hiver sur la traversée de la Margeride. Le Conseil régional d’Occitanie, se substituant à l’Etat-SNCF Réseau propriétaire de ces lignes de desserte fine, vient de voter un plan de sauvetage d’urgence qui inclut le Translozérien.

Dans le cadre de ce plan, la ligne La Bastide-Le Monastier va recevoir 10,5 millions d’euros financés à 95% par la région. Ce programme d’urgence ne permettra toutefois d’assurer le maintien des circulations que jusqu’à fin 2022. Les travaux s’étaleront sur les trois années qui viennent.

Au cours de l’année 2020 seront remplacées 2.000 traverses sur la section Mende-La Bastide, opération poursuivie en 2021 par le remplacement de 6.000 autres traverses sur la même section. Les traverses de la section occidentale, Mende-Le Monastier, seront traitées en 2023, avec remplacement de 3.000 d’entre elles. Trois tunnels (2021) et trois tranchées (2020 et 2021) seront régénérés.

La ligne La Bastide-Le Monastier culmine à 1.215m à Larzalier

 Huit galeries pare-neige seront régénérées en 2021 et 2022, opération importante dans cette région d’altitude : la ligne culmine à 1.215m au-dessus du niveau de la mer à Larzalier, dans le paysage somptueux offert par le massif granitique de la Margeride. C’est le point ferroviaire le plus élevé en France du réseau national à voie normale après la ligne Toulouse-Latour de Carol au Puymorens. Les déclivités sont importantes, puisque le point bas de la ligne se situe à 611m, au Monastier. Entre Larzalier et Badaroux, la ligne perd 457m en 19,6km, soit une déclivité moyenne de 23,2‰. Elle affiche par ailleurs des rayons de courbure parmi les plus court du réseau principal français.

 Plus encourageant encore, le Conseil régional d’Occitanie a voté le financement d’une étude  pour définir les opérations de régénération et de pérennisation nécessaires sur le quinquennat 2023-2028 concernant l’ensemble de l’axe cévenol, soit un faisceau réunissant la section La Bastide-Mende (47km) et la longue section Nîmes-La Bastide-Langogne (133km) de la ligne bi-régionale Nîmes-Clermont-Ferrand (303km). Notons qu’entre Langogne et Chapeauroux (19km), la ligne alterne entre la région Occitanie (Lozère) et la région Auvergne-Rhône-Alpes (Haute-Loire) avant d’entrer dans cette dernière.

DSCN1402Un AGC assurant une liaison Clermont-Ferrand-Nîmes entre en gare de La Bastide-Saint-Laurent-les-Bains, côté nord (2018). On note à gauche l'aiguillage et l'amorce de la troisème voie à quai destinés à la ligne du Translozérien vers Mende et Le Monastier. ©RDS

De l’autre côté du Translozérien, la section Mende-Le Monastier (30km) est incluse dans une étude lancée pour la pérennisation de la ligne de l’Aubrac Béziers-Neussargues (283km) majoritairement située en Occitanie (240km) au sud de Laubaresse (Cantal).

Un renouvellement complet de la voie entre Belvezet et Le Monastier d’imposera

 Pour le seul Translozérien, un renouvellement complet de la voie sur 60km entre Belvezet et Le Monastier paraît incontournable au-delà des travaux de confortement de ces trois prochaines années. La vitesse maximale actuellement admise est de 70km/h mais sur seulement 17km à l’est de Larzalier. La ligne subit un ralentissement à 40km/h entre Mende et Bagnols-Chadenet (14km) dans la vallée du Lot.

 Les horaires 2020 du Translozérien sont un exemple de pénurie doublée de confusion. Deux fiches horaires régionales le concernent, une "Mende-Montpellier" et une "Nîmes-Alès-Clermont-Ferrand-Marvejols". En jour ouvrable de base on distingue, parmi une forêt d'exceptions de circulations pour partie peut-être liés aux travaux, et hors spécificités de fins de semaines, 2 allers-retours TER Mende-Nîmes et 1AR Mende-La Bastide côté est, complétés par 2AR par cars. On relève côté ouest 3AR trains Mende-Le Monastier-Marvejols dont un remplacé par car le vendredi, et trois cars quotidiens. L'horaire contient des spécificités les vendredis et surtout les dimanches et fêtes (avec des exceptions en périodes de vacances, véritable chapitre en fin de fiche). Ces deux documents sont des contre-exemples en matière d'offre et de communication commerciale (ci-dessous).

 Fiche horaire 2020 TER incluant la ligne du Translozérien. Sur La Bastide-Le Monastier les fréquences sont limitées, les missions hétérogènes, les dessertes varient entre jours ouvrables, vendredis, samedis, dimanches et fêtes, périodes de vacances ou de travaux. L'offre est, de plus, complexifiée entre trains (subissant des ralentissements) et autocars, ces derniers promis à rouler dans une région régulièrement enneigée.

 Le site bien informé « actuteroccitanie.wordpress.com » (lien ci-dessous) imagine « une liaison cadencée toutes les 2h » reliant les principales villes de Lozère soit Langogne-Mende-Marvejols-St-Chély-d’Apcher, « ce à quoi on pourrait rajouter des prolongements vers Clermont-Ferrand ou Aurillac avec la participation de la région Auvergne-Rhône-Alpes », écrit-il. Et, pourrions-nous ajouter, vers Millau. Il serait heureux que des liaisons directes Mende-Nîmes-Montpellier soient rétablies grâce aux AGC bimodes (il exista des liaisons sans changement depuis Béziers via Nîmes).

 Cette ligne pourrait aussi s’inscrire à nouveau dans l’itinéraire du Toulouse-Lyon par le Massif Central, jadis assuré par autorail quotidien l’été entre les deux métropoles via Rodez, Séverac-le-Château, Le Monastier, Mende, La Bastide, Saint-Georges d’Aurac, Le Puy et Saint-Etienne. Ce service fut offert entre 1952 et 1988, soit pendant 36 ans. Outre sa valeur touristique, son intérêt principal était de permettre une multiplicité de combinaisons de liaisons intermédiaires au cœur de ces régions isolées (son histoire est détaillée via le lien ci-dessous). Son rétablissement nécessiterait la remise en service (promise) de la section Rodez-Séverac-le-Château.

 Reste qu’avant que ne soit décidés de grands travaux, le renouvellement des conseils régionaux aura eu lieu en 2021. Or c’est de la prochaine assemblée que dépendront, à la lumière des études qui vont être lancées, les décisions de rénovations lourdes pour la période 2023-2025. Les électeurs devront être attentifs aux programmes des listes candidates.

Travaux d’urgence au cœur de la Lozère

Dans le cadre du contrat de performance (sic) qui limite l'investissement de SNCF Réseau sur les lignes UIC 7 à 9 à 8,5% pour les travaux pérennes (et 0% pour les travaux non-pérennes), la ligne La Bastide - Mende - Le Monastier se retrouve menacée par des ralentissements et une fermeture imminente à cause de...

http://actuteroccitanie.wordpress.com

 

Toulouse-Lyon, en autorail par le Massif Central - De gare en ligne

A l'heure du tout TGV et de la désertification ferroviaire, on oublie souvent le passé ferroviaire de certaines lignes, ouvertes seulement au trafic TER pour certaines, ou fermées pour d'autres. Par les lignes mythiques du Massif Central, sinueuses et traversant de magnifiques paysages, retour sur la transversale Lyon-Toulouse et le "TL/LT".

http://degareenligne.canalblog.com




Publicité
Publicité
Commentaires
P
Le plus haut point du réseau ferré national se trouve en gare de Bolquère-Eyne,à 1592m, sur la ligne du train jaune(Villefranche Vernet les bains à LaTour de Carol,ligne à voie métrique exploitée par la SNCF). Quant au point le plus haut d'une voie ferrée en France,il est situé au terminus supérieur du tramway du mont blanc(le nid d'aigle);à 2400m environ. Cette ligne est à voie métrique et à crémaillère;exploitée par la compagnie du mont blanc(si c'est toujours elle).
Répondre
M
Merci ! Nous venons de corriger grâce à vous. Bien cordialement, ML
Répondre
M
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Je me permets de relever une petite inexactitude qui n'affecte en rien la qualité de l'article :<br /> <br /> <br /> <br /> "C’est le point ferroviaire le plus élevé en France."<br /> <br /> <br /> <br /> Deuxième seulement, après la ligne Toulouse - Foix - Latour-de-Carol, qui dépasse les 1550 mètres d'altitude au sud du tunnel de Puymorens !
Répondre
Raildusud : l'observateur ferroviaire du grand Sud-Est
  • Le chemin de fer est indispensable à toutes nos villes et ne doit pas être l'apanage de la seule région-capitale. Les lignes transversales, régionales et interrégionales doivent contribuer à une France multipolaire, équitable au plan social et territorial.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité