Interruption de l’axe languedocien : colère de la Fnaut régionale sur le retard de la LNMP et son absence de mixité côté sud

 Les profonds éboulements de remblais causés par les orages d’octobre à Villeneuve-les-Béziers interrompent la ligne Montpellier-Narbonne jusqu’au 25 novembre selon les prévisions de SNCF réseau (notre article du 23 octobre 2019). En ce début du mois de novembre, les associations réunies dans la Fnaut régionale (Fédération nationale des associations d’usagers des transports), et en particulier TGV Sud Territoires-Environnement (TSTE), protestent contre le retard pris par le projet de Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), qui aurait constitué un itinéraire alternatif s’il avait été réalisé à ce jour. Pour autant, elles critiquent la conception de ce projet tel qu’il est actuellement présenté, limitant la mixité au  nord-est de Béziers et donc son rôle de futur itinéraire de substitution pour le fret.

 Louis Grandjacquet, responsable de TSTE explique : « Si le premier tronçon de la Ligne nouvelle, Montpellier-Béziers, avait été réalisé tel qu'il est prévu dans le dossier officiel, il n'aurait pas permis d'éviter l'interruption totale des circulations due aux intempéries, car ce tronçon serait raccordé à la ligne existante avant - en venant de Montpellier - la partie endommagée ». De plus, ajoute-t-il, « la mixité voyageurs-fret n'est prévue que jusqu'à cette jonction, contrairement à ce que nous préconisons : mixité de bout en bout ». Les trains de fret « n'auraient donc pas de solution de secours avec la Ligne Nouvelle entre Rivesaltes et Béziers (côté est, NDLR), ce qui est incompréhensible ».

 Les associations soulignent par ailleurs l'importance de la ligne Béziers-Neussargues. Dans ces cas de figure, elle constitue un itinéraire de secours pour le trafic en provenance du sud Languedoc vers le nord, Clermont-Ferrand, Paris, Lyon..., alternatif à la vallée du Rhône.

Un sinistre causé par le lâchage d'un bassin de rétention et une "bétonisation outrancière"

 Concernant l’origine du sinistre, l’association TSTE précise dans son communiqué précisément documenté que la ligne ferroviaire « n’a pas résisté à la puissance des masses d’eau provenant du ruisseau de l’Ariège surchargé par ses affluents et du lâchage du bassin de rétention de 8 hectares Saint-Victor, son écoulement normal étant rendu impossible en raison de la formation d’embâcles ».  L’étude de l’association poursuit : « C’est bien le phénomène de ruissellement des eaux provenant du tènement Bastit mais aussi des zones d’activités environnantes et de l’autoroute A9 qui, conjugué à une bétonisation outrancière, est à l’origine de la constitution d’une masse d’eau qui a raviné le remblai de la voie ferrée avant de submerger en partie le village puis de charger le canal du Midi. L’absence d’entretien des cours d’eau dont celui de l’Ariège et des bassins de rétention dont celui de Saint-Victor, ce dernier n’ayant plus la capacité de recevoir, a amplifié le phénomène ».

 La gestion des risques par l’agglomération de Béziers-Méditerranée est pointée du doigt par le communiqué des associations d’usagers qui estiment sur le ton de l’ironie que « l’initiative prise par l’agglomération de lancer hâtivement un programme d’entretien des cours d’eau en réaction à ce douloureux épisode, s’il faut s’en féliciter, témoigne néanmoins de l’importance qu’elle a donnée jusqu’ici à la compétence qui est la sienne en matière d’entretien des cours d’eau et des bassins de rétention ». L’agglomération de Béziers-Méditerranée, actuellement présidée par Frédéric Lacas, regroupe 17 communes, compte 123.000 habitants et s’étend jusqu’à la mer à Valras-Plage. Membre de cette intercommunalité, Villeneuve-les-Béziers, gravement sinistrée lors de cet épisode orageux, compte 4.300 habitants.